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mardi 13 septembre 2011

Un cerveau d’un milliard de dollars - Billion Dollar Brain, Ken Russell (1967)


Harry Palmer se retrouve mêlé à un complot visant à renverser le communisme avec l'aide d'un superordinateur.

Troisième et ultime aventure de Harry Palmer, Billion Dollar Brain est vraiment à part dans la saga, et clairement plus sous l'influence de son contexte (les productions d’espionnages azimutées pullulent alors). Alors que la série n’avait eu de cesse de se démarquer de l’influence Bondienne, elle plonge ici en plein dedans tout en gardant sa singularité. Si l'on ajoute à cela le curieux choix de cet agité de Ken Russell (Les Diables, Tommy, Gothic) à la réalisation, le cocktail est détonant.

Le film débute comme un Harry Palmer typique pour finir dans la folie pure, caractéristique des œuvres de Ken Russell. Un nouvelle fois, notre héros est contraint et forcé de reprendre du service et est parallèlement contacté par une mystérieuse organisation pour effectuer une livraison inconnue en Finlande.

Même lorsque la narration se fait encore classique, Russell accumule progressivement les éléments abracadabrantesques dans les décors (l'antre de Karaak truffée de toiles érotiques) où les personnages rencontrés (le Front de Libération de Lettonie, véritable nid d’incapables exaltés) avant que le tout parte définitivement en vrille. Ed Begley incarne un méchant extraordinaire avec cet anticommuniste fanatique dont le plan n’est rien de moins que d’envahir l’Union soviétique.

Si le film cède pour le coup à la grandiloquence des James Bond (la forteresse monumentale de Begley, le pitch plus extravagant que les premiers films), le grain de folie de Russell rend l’ensemble inoubliable tel ce final hommage au Alexandre Nevski d'Eisenstein (dont on entend brièvement la musique) où des centaines de tanks traversent un lac gelé mené par un Begley survolté.

Michael Caine, impeccable, est ainsi légèrement plus en retrait et l’esprit de la série avec, dominé par la personnalité de Russell dont la folie s'exprime davantage dans les situations que dans la mise en scène (il se lâchera bien plus dans ses films à venir), Furie étant intouchable sur le premier film. On notera un casting étonnant, typique des productions internationales de l’époque où Françoise Dorléac (en agent double adepte de la pointe acérée) côtoie un Karl Malden retors à souhait.

La série en restera là pour un temps, avant que Michael Caine ne reprenne bien plus tard le rôle de Harry Palmer à deux reprises dans les années 90 avec les téléfilms Bullet to Bejing et Midnight at Saint petersburg (pas vu d'ailleurs si quelqu'un veut en toucher deux mots en commentaires pour savoir ce que ça vaut ça serait intéressant). Quoiqu’il en soit, la trilogie originale, hors normes et paradoxalement dans la pure mouvance de l’époque, aura marqué de son emprunte le cinéma anglais des sixties et consacré Michael Caine superstar.

Disponible en dvd zone 2 anglais ou zone 1 chez MGM et doté de sous-titres français


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