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mercredi 19 octobre 2011
Le Défunt récalcitrant - Here comes Mr Jordan, Alexander Hall (1941)
Joe, un boxeur, meurt dans un accident d'avion. Mais dans l'au-delà, sa mort n'était pas prévue. On le réincarne dans la peau d'un banquier véreux. Mais Joe est honnête et voudrait bien continuer sa carrière de boxeur et affronter le champion Murdock...
Une jolie comédie à ranger en bonne place auprès du Ciel peut attendre de Lubitsch et Une Question de Vie ou de Mort de Powell et Pressburger en vision décalée de l'au-delà. Sans être aussi réussi que ces deux œuvres, le film d'Alexander Hall fait même figure de précurseur puisqu'il réalisé avant. Adapté de la pièce d’Harry Segall Heaven can wait, la grande force du film repose sur son script inventif qui nous emmène constamment dans des directions inattendues.
Joe (Robert Montgomery) jeune boxeur prometteur est suite à un accident d'avion amené prématurément aux cieux par un fonctionnaire céleste trop zélé. Problème le temps de réparer l'erreur, le corps de Joe a déjà été incinéré par ses proches. Le sympathique Mr Jordan (Claude Rains) va donc se charger de chercher un corps de substitution viable à notre héros mais ne va rien trouver de mieux que de celui d'un riche homme d'affaire détesté de tous et fraîchement assassiné par son épouse et son amant.
C'est un vrai plaisir que de suivre cette intrigue qui papillonne joyeusement d'une situation et d'un genre à autre. On passe ainsi de la satire décalée avec ce Ciel fonctionnant comme une administration (idée que reprend avec plus de brio encore Powell dans Une Question de Vie ou de Mort, toute comme l'esthétique dépouillée et onirique du Paradis là aussi en plus aboutit et inventif) au récit à la Capra lorsque notre naïf boxeur se mue en milliardaire soudainement préoccupé du bien d'autrui, à la comédie romantique et au film sportif. Robert Montgomery et sa bouille sympathique reste égal à lui-même et très attachant dans ses différents changements de directions, balloté d'un univers et d'un corps à l'autre sans jamais perdre son allant.
Tout n'est pas réussi pour autant, la partie lorgnant sur le policier est un peu laborieuse, l'histoire d'amour plutôt jolie ne convainc pas totalement la faute à une Evelyn Keyes un peu transparente et Alexander Hall n'exploite vraiment pas toute les possibilités visuelle qu'offre le script en allant au plus simple (Joe qui reste toujours sous les traits de Montgomery dans le regard des autres comme le sien lorsqu'il s'observe, dans le miroir les apparitions/disparitions de Mr Jordan sans idées le moindre épisode de Code Quantum est plus inventif sans parler du Powell/Pressbuger et sa féérie visuelle).
Cependant le rythme enlevée, la prestation tout en douceur de Claude Rains en mentor bienveillant, quelques seconds rôles excellents (Jack Gleason en entraîneur farfelu irrésistible et nominé à l'Oscar) et des situations drôllissimes (la réaction des assassins à la réapparition de Montgomery supposé mort assassiné quelques minutes plus tôt) offre un moment des plus agréables. Le film marquera pas mal les esprits à sa sortie avec un Oscar du meilleur scénario adapté et des nominations pour Alexander Hall et Robert Montgomery et connaîtra une suite en 1947, Down to earth toujours filmé par Alexander Hall mais où on retrouve uniquement Jack Gleason et Edward Everett Horton.
Un remake réalisé et joué par Warren Beatty verra le jour en 1978 (avec Julie Christie en fiancée, James Mason reprenant le rôle de Mr Jordan et Jack Warden en entraîneur pas vu mais ça donne très envie !) sous le titre Heaven can wait ce qui par inattention peur laisser croire que c'est une relecture du Lubitsch du même titre. Il y aura même une troisième version plus récente avec Chris Rock vraiment à oublier par contre.
Sorti en dvd zone 2 français chez Sony
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