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mercredi 9 novembre 2011

L'Âge de cristal - Logan's Run, Michael Anderson (1976)


Dans la société de 2274, si les sujets vivent essentiellement de plaisirs, ils sont contraints de mourir à 30 ans pour éviter la surpopulation. Mais Logan 5 et Jessica 6 se rebellent et s'enfuient... 

Logan's Run fait partie de ces malheureux films de science-fiction sortis à la fin des 70's (on peut y ajouter Le Trou Noir produit par Disney en 79) qui furent soudainement marqués du sceau de la ringardise la plus totale par le succès de Star Wars. George Lucas en mêlant récit d'initiation, inspiration serial et en ranimant le souffle de l'aventure avait redonné ses lettres de noblesse (avec Spielberg) au divertissement populaire dans une décennie moins fertile dans le genre. La SF n'avait pas disparue mais donnait plutôt dans l'héritage des fables alarmiste des 50's revue au goût du jour (Soleil Vert de Fleischer) ou de la rigueur réaliste du 2001 de Kubrick. Logan's Run s'avère donc une tentative intéressante dans le sens où il ose une esthétique plus fantaisiste qu'il plaque à des thèmes intéressant sur le papier. Malheureusement le résultat n'est pas loin de laisser à désirer et mérite amplement d'être tombé dans l'oubli.

L'histoire (adapté d'une série de roman de William F. Nolan et George Clayton Johnson) nous plonge dans un futur lointain où les hommes vivent enfermés dans une cité vouées au plaisir et où ils sont condamnés à mourir lorsqu’ils atteignent 30 ans. Une échéance que peu craignent car ils sont supposés renaître lors d'une grande cérémonie sacrificielle festive. Les plus récalcitrants tentant d'échapper à l'échéance sont traqués et éliminés par des "Limiers", unité dont fait partie notre héros Logan 5 (Michael York).

Condamné prématurément suite à une découverte sur l'un des fugitifs, il tente à son tour de s'enfuir avec la belle Jessica 6 (Jenny Agutter) vers le Sanctuaire, terre promise à l'extérieur de la cité. Culte de la jeunesse, abêtissement des masses dans le plaisir et l'oisiveté, libre arbitre, il y avait une foule de questionnements judicieux à tirer du film mais on sera loin du compte. Premier soucis et de taille l'esthétique souvent hideuse de l'ensemble.

Raccord avec cette époque de libération sexuelle que sont les 70's, Michael Anderson décrit un univers hippie décomplexé où les hommes s'habille en justaucorps moulant de couleur et les femmes en toges bouffante ultracourte et des coiffures bien de leur temps (la future drôle de dame Farrah Fawcett dans un petit rôle arbore un brushing flamboyant). On sélectionne via téléportation l'amant(e) du soir et le temps d'une scène surréaliste digne d'un porno on traversera une étrange salle psychédélique vouée aux orgies.

C'est tout aussi catastrophique niveau décors malgré quelques trouvailles (la fameuse séquence de renouveau très étrange) avec des maquettes bien visibles et un design soit daté (la ville future évoque celle de Things to come (1939) de William Cameron Menzies), soit cheap (on pense plus à un grand centre commercial kitsch qu'à une cité futuriste avec néon disco en bonus). Les passages en extérieurs avec leur matte painting sur une Terre abandonnées sont plus convaincants mais on aura eu notre lot de moments embarrassant entre temps comme l'attaque d'un robot boite de conserve du plus bel effet.

Michael York est bien fade en héros et le script ne parvient même pas à rendre son évolution intéressante. Il passe du tueur oisif au fugitif en un clin d'œil sans qu'on ait eu le sentiment d'une prise de conscience autre que de sauver sa peau. Jenny Agutter à moitié nue l'essentiel du film est bien belle mais on l'a connue plus impliquée dans d'autre films ici Anderson en fait plus une sorte de quota sexy. Peter Ustinov en vieil homme sénile après des années de solitude surnage un peu dans ce marasme avec humour devant l'air benêt du duo qui découvre la vraie vie.

Jerry Goldsmith conscient du spectacle qu'il doit mettre en valeur délivre un score en roue libre aussi, le meilleur côtoie des passages sous acides (la fameuse scène érotique) où il expérimente toutes les sonorités qu'il peut tiré de son synthé. Un beau gâchis auquel on pourra préférer son remake officieux récent, The Island de Michael Bay qui sans être plus intelligent a le mérite d'être divertissant. Dans le genre mieux vaut revoir le passionnant Zardoz de John Boorman à l'esthétique discutable mais pas dénué de grands moments et au fond bien plus intéressant.

Pour les malheureux qui veulent néanmmoins tenter la chose, c'est disponible en zone 2 français chez Warner.

8 commentaires:

  1. Oui, quel nanard !!! Et la série était bien pire... Ceci dit Michael York a eu sa petite heure de gloire grâce à ce film.

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  2. Et pourtant c'est un bien piètre acteur à la même péériode Wilder n'a pas réussi à en tirer grand chose dans son Fedora et il faisait un piètre D'Artagnan dans la mauvaise adaptation de Lester...

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  3. Oui, mais dans "Fedora", il était parfait dans le rôle du jeune premier de type "Sissi face à son destin"... et le fait que "Fedora" s'en éprenne est aussi un jeu de miroir ironique sur l'apparence et le faux-semblant. J'adore ce film, l'un des rares vraiment d'esprit baroque. Wilder est vraiment un génie...
    Pas vu le d'Artagnan. Je ne rate rien, apparemment...

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  4. Oui très beau film Fedora le jumeau tardif et désabusé de Sunset Boulevard j'aimerais beaucoup le revoir mais toujours inédit en dvd sauf cette édition espagnole hors de prix

    http://www.amazon.co.uk/Fedora-DVD-William-Holden/dp/B000G8NZRG/ref=sr_1_1?s=dvd&ie=UTF8&qid=1321021698&sr=1-1

    Et effectivement le côté transparent/naïf de York se prête plutôt bien malgré tout au rôle c'est vrai.

    Et pour le D'Artagnan de Lester il n'y a bien que la version actuellement en salle qui soit pire ^^

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  5. En désespoir de cause, nous avons fini par acheter "l'édition espagnole hors de prix" !!! (Oui, cela s'appelle un coup de folie !!)
    Ce film sur le double et la gémellité est assez fascinant quand on le met en miroir de l'oeuvre de Wilder et d'une critique féroce du système hollywoodien. C'est aussi une réponse assez ambigüe à "A Star is Born" 2e mouture...

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  6. Ah oui vous avez cédé à la tentation ! De me côté je ne désespère d'une édition un jour sinon je vais craquer aussi, d'ailleurs le dernier et plus oubliable Wilder "Buddy Buddy" est introuvable aussi depuis des lustres... Ce que j'aime aussi avec Fedora c'est un même thème revisité une première fois par le regard d'un cinéaste jeune qui regarde la déchéance du vieil Hollywood et lorsqu'il y revient trente ans plus tard le ton est plus désabusé vu que cette fois Wilder s'identifie plus à Gloria Swanson/Marthe Keller, c'est lui le fossile.

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  7. Tu répètes de nombreuses fois à quel point le film t'a déçu... A ce moment-là pourquoi ne pas faire l'inverse ?

    D'autre part ce culte n'a pas besoin de toi et quand on voit tes goûts (= The Island) je crois que les cinéphiles se passeront de toi amplement !! Pauvre crétin.

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  8. Et bien c'est dire si le film est mauvais si on doit sauter l'étape discussion et argumentation pour passer directement à l'insulte pour le défendre, la magie d'internet.

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