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lundi 21 novembre 2011
The Railway Children - Lionel Jeffries (1970)
Roberta (Bobbie), Peter et Phyllis (Phil) vivent à Londres, dans une grande et belle villa avec domestiques, jusqu'à ce que, suite à la visite que font deux hommes à leur père, celui-ci disparaisse et que Mère et les trois enfants déménagent pour une petite maison à la campagne. Après une première soirée d'angoisse et de désespoir, les trois enfants découvrent que la maison surplombe une ligne de chemin de fer.
The Railway Children est l'adaptation d'un grand classique de la littérature enfantine anglaise de Edith Nesbit, pionnière du genre dont l'influence s'étend de C.S. Lewis à JK Rowling en passant par Diane Wynn. Le livre a connu pas moins de six adaptations dont une radiophonique et trois télévisuelles produites par la BBC en 1951, 1968 et plus récemment en 2000. Le film de Lionel Jeffries est la seule version cinématographique et demeure la version plus célèbre. On comprend pourquoi tant on a rarement vu plus belle description du monde de l'enfance.
Roberta (Jenny Agutter), ses frères et sœur cadets Peter (Gary Warren) et Phyllis (Sally Thomsett) voit leur existence confortable et protégée voler en éclat lorsque deux hommes emmènent leur père pour d'obscures raisons le jour de noël. Bien que leur mère essaie tant bien que mal de leur dissimuler la vérité, les enfants voient le quotidien se détériorer avec le départ de plusieurs domestiques et l'angoisse autour du sort de leur père. La famille réduite est bientôt contrainte de déménager dans une demeure modeste à la campagne. L'abattement initial cède bientôt la place à la folle aventure lorsque les enfants découvrent qu'une ligne de chemin de fer passe à côté de leur maison.
Par un équilibre miraculeux, le film parvient à faire preuve d'une sensibilité extrême sans jamais tomber dans la niaiserie ou les bons sentiments. Lionel Jeffries à l'origine comédien réalise là son premier film et dirige magnifiquement son jeune casting. Le rôle de l'aîné Bobbie n'a plus de secret pour Jenny Agutter qui l'a déjà interprété dans la version TV de 1968 et elle est ici merveilleuse de maturité et de douceur naturelle. Sally Thomsett est-elle la craintive et espiègle Phyllis et sa performance est d'autant plus impressionnante qu'elle avait 20 ans alors qu'elle jouait une fillette de 11 sans que le spectateur ne le distingue et pour l'anecdote son contrat lui interdisait durant le tournage d'apparaître cigarette à la main ou en compagnie de son petit ami pour ne pas éventer l'astuce. Gary Warren complète le trio en fougueux et intrépide Peter, benjamin de la bande.
L'évasion amenée par les passages quotidiens du train amène les enfants à oublier momentanément leur problème et de manière inattendue à se faire de nouveau amis. Cela sera le cas avec un passager bienveillant surnommé le "Old-Gentleman" (William Mervyn) qui va s'habituer à leur facéties lors de ses voyages et faire office d'ange gardien, le loufoque chef de gare Perks (Bernard Cribbins) ou le très sollicité Docteur Forrest (Peter Bromilow).
Après avoir suscité la bienveillance et la gentillesse de chacun, le trio use du cadre de la gare et des chemins de fers pour aider les autres à leur tour. Cet aspect est amené avec une infinie délicatesse, toujours touchante et jamais trop forcées dans le statut de bienfaiteurs de la communauté acquise par le trio qui entre autre exploits évite la traversée d'un éboulement à un train ou aide un réfugié russe à trouver sa famille (rebondissement qui permettait à Nesbit de glisser quelques-unes de ses idées socialistes). L'interprétation des adultes est au diapason notamment Bernard Cribbins en Perks qui offre un des plus beaux moments du film lorsque croyant à de la charité il rejette le cadeau d'anniversaire des enfants avant de se raviser. Dinah Sheridan en mère courage et compréhensive est tout aussi attachante.
Lionel Jeffries confère l'esthétique idéale avec un début bourré d'idées visuelles ludiques pour savourer ce bonheur éphémère où toute la famille est réunie avant de donner dans un ton plus posé et contemplatif quand on arrive à la campagne. Là on a véritablement le sentiment de voir se tourner les pages des livres d'images de notre enfance avec ces couleurs chatoyante, cette nature chaleureuse où tout est une constante découverte. Jeffries n'abandonne jamais le point de vue enfantin (et même si on devine où est le père on n'en connaîtra la raison que quand Bobbie la découvrira également) donnant ainsi un sentiment d'émerveillement permanent avec les éléments les plus anodins, que ce soit les multiples passages du train toujours inventifs, l'utilisation du décor de la gare ou l'apparition de personnages notamment le Old-Gentleman ou la féérique réapparition finale de l'être tant attendu.
On sent beaucoup l'influence du Whistle down the wind de Bryan Forbes (qui est joliment remercié lors du générique de fin où on entend une voix crier "Thank you Mr Forbes" car il contribua à boucler le financement du film). Vraiment une merveille pour qui a gardé son âme d'enfant et qui se conclu par un sublime générique final où le casting franchi le quatrième mur pour nous dire au revoir. Immense succès public et critique à sa sortie, The Railway Children a depuis bercé les souvenirs de plusieurs générations de jeunes spectateurs et fait aujourd'hui figure de grand classique du cinéma anglais, classé dans les 100 plus grands films anglais par la BFI notamment. Témoin de cette longévité, Jenny Agutter aura effectué une troisième incursion dans l'univers de Edith Nesbit en jouant cette fois la mère lors de l'adaptation télévisée de 2000.
Sorti en dvd zone 2 français chez Tamasa
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