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mercredi 7 mars 2012

Panic Room - David Fincher (2002)

Meg Altman, la trentaine, a très mal vécu la séparation avec son mari et angoisse à l'idée de devoir élever seule sa fille Sarah. Afin de commencer une nouvelle vie loin de ses craintes, Meg achète une immense et splendide maison située dans un quartier huppé à l'ouest de New York. Son ancien propriétaire y a fait construire au dernier étage une pièce de sûreté dans laquelle on peut se réfugier en cas de menace extérieure et rester enfermé de nombreux jours grâce aux provisions qu'elle contient.
Cependant, Meg n'aurait jamais pensé s'en servir dès le premier soir. En effet, trois cambrioleurs, Burnham, Raoul et Junior, ont pénétré dans la maison avec la ferme intention de dérober une somme de quatorze millions de dollars cachée par l'ancien maître des lieux. Tout porte à croire que ce butin est dissimulé dans la pièce de sûreté, là où se sont réfugiées Meg et Sarah.


Le pitch de thriller basique de ce Panic Room laissait croire que Fincher revenait à une veine plus accessible et à plus de sobriété que dans son cultissime et furieux Fight Club, il n’en fut rien. Suite à la défection de dernière minute de Nicole Kidman (blessée à la cheville sur le tournage de Moulin Rouge et remplacée par Jodie Foster), le réalisateur sombre dans une folie du contrôle lors de la préproduction prolongée du film et pré visualise informatiquement une bonne partie du film (décor et une grande partie de sa réalisation) tandis qu'il reconstruit le décor de la maison quasiment à l'échelle.

Poursuivant les expérimentations de Fight Club mais aussi du raté mais intéressant Apparences de Robert Zemeckis, Fincher expérimente une caméra omnisciente libérée de tout point de vue hormis celui du réalisateur qui se faufile et s'engouffre dans tous les recoins possible et imaginable. Le procédé rend donc la maison perméable, poreuse et accessible de toutes part et en fin de compte dangereuse. Un choix d’une ironie brillante quant au thème du film où une pièce de sûreté devient un piège mortel pour son héroïne, cette mise en scène virtuose appuyant cette insécurité latente.

Parmi les moments où la prouesse est poussée à l'extrême on note le long plan séquence partant de la chambre de Jodie Foster pour suivre de l'intérieur le trajet des intrus voulant pénétrer dans la maison où Fincher se permet les plans les plus impossible (camera pénétrant dans la serrure, traversant une anse de cafetière) ou encore celui où on suit le trajet du gaz destiné à étouffer les occupantes de la panic room dans les conduits. Les évènements se déroulant dans des pièces voisines où d'un étage à l'autre voient leurs suspense amplifié et sert parfaitement le côté "temps réel" voulu par le film.

Heureusement Fincher évite de tomber dans la virtuosité vaine et la seconde partie du film fait preuve de plus de sobriété, la maison n'ayant alors presque plus de secret pour nous. Les bonnes vieilles recettes du thriller sont magnifiées avec une séquence au ralenti où Jodie Foster quitte la panic room pour aller chercher son portable tandis que les intrus se trouvent à l’étage inférieur, Fincher étirant la chose jusqu’à l’insoutenable dans une grande science du suspense.

Il prolonge finalement avec des outils modernes les tentatives les plus virtuoses d’un Brian De Palma coutumier de ce genre d’excès (le seau sanglant tombant sur Carrie, la séquence de la poussette des Incorruptibles et bien d’autres…). Le final bien brutal et rentre dedans offre un contrepoint intense à de l'élégance et la recherche visuelle ayant précédées (dont un générique de début assez somptueux) qui conserve tout son effet de surprise à ce suspense domestique.

Le casting est parfait notamment les trois méchant bien dissociables, Forrest Whitaker embarqué là à ses dépens, Jared Leto en chien fou pas très futé et Dwight Yoakam sacrément inquiétant en brute sadique longtemps dont le visage sera longtemps dissimulé par une cagoule. Jodie Foster fait preuve de l'intensité qu'on lui connaît et la toute jeune Kristen Stewart révèle ici son talent en devenir. Bref, une commande pas du tout traitée par-dessus la jambe qui offre un joyeux terrain d'exploration pour Fincher. Le film signe en effet la fin des artifices pour le réalisateur, du moins leur facette trop voyantes puisque les remarquables Zodiac et The Social Network (plus réservé sur Benjamin Button) sous une apparente sobriété dissimuleront leurs lot d’innovations visuelles et narratives.

Sorti en dvd zone 2 français, l'édition 3 dvd détaillant le processus créatif est vraiment conseillée pour qui apprécie le travail de Fincher.


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