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mercredi 10 octobre 2012

La Ruée - American Madness, Frank Capra (1932)


Dans les années 30, pendant la Grande dépression, Thomas Dickson, banquier, doit faire face à son conseil d'administration frileux, alors qu'il veut faire circuler l'argent qui lui est confié. De plus, sa femme le trompe avec le caissier principal, qui fomente un hold-up.

Après l'amorce progressive vers des sujets plus sérieux entamée dans ses films précédents, American Madness est la première œuvre de Frank Capra où il manifeste ouvertement les velléités sociales contenues dans les grands classiques des années à venir. C'est également un des premiers films Hollywoodien à aborder ouvertement le contexte de la Grande Dépression dans laquelle est plongée l'Amérique en ce début des années 30. Comme toujours Capra manifeste ici sa foi en l'humain, sa droiture et sa bonté capable de venir à bout de la rigueur des institutions.

Le début introduit progressivement ce thème à travers diverses scènes où le cadre austère d'une banque se fait chaleureux par la découverte de ceux qui y travaillent, de leur espérance, de leurs qualités et leurs défauts. L'ouverture matinale d'un coffre détend ainsi par les blagues que s'échangent employés, on s'amuse des commérages de la standardiste mâcheuse de chewing-gum et craque pour le joli couple formé par le caissier et la secrétaire joué par Pat O'Brien et Constance Cummings. Tous ces éléments préparent l'introduction du personnage de patron de banque bienveillant joué par Walter Huston, ce Tom Dickson source du sentiment de bien-être ressenti dans des lieux qui ne s'y prêtent guère en ces temps difficiles.

Le film est donc à grande échelle un combat entre le maintien de cette dimension humaine et soucieuse de l'autre et la froide machine financière uniquement préoccupée par le profit, les deux n'étant pas forcément incompatible. C'est ce que tente d'expliquer Tom Dickson à ses administrateurs soucieux des nombreux et généreux prêts qu'il accorde à ses clients alors qu'eux souhaiteraient plutôt qu'il garde les liquidités au sein de la banque pour une spéculation plus rassurant sur le marché. La vision de Dickson est cependant plus vaste, c'est par les hommes de bonne volonté que le pays se reconstruira et jusqu'à présent il a toujours su en reconnaître un valable et travailleur lorsqu'il s'est posé la question de l'aider financièrement.

Le script de Capra et Robert Riskin va pourtant mettre ses beaux et nobles principes à rude épreuve. Le mal sera intérieur avec cet employé véreux favorisant un hold-up pour rembourser ses dettes de jeu et extérieur avec la panique éveillée chez les clients pensant leur banque en faillite et s'y ruant pour clôturer leurs comptes. Si c'est en s'attardant sur l'individu que Capra aura su capter le bien en chacun d'eux, le mal lui s'incarne à travers le collectif et cette cinglante démonstration du poids de la rumeur déformée et amplifiée qui peut briser la réputation d'une entreprise comme un rien.

Notre héros est ainsi poussé dans ses derniers retranchements avec cette masse s'apprêtant à détruire l'œuvre de sa vie et également sa vie personnelle remise en cause avec la supposée infidélité de sa femme. Walter Huston offre une superbe prestation, exalté par ses idées, attaché àceux dépendant de lui puis brisé par la tournure des évènements, ce n'est pas un surhomme mais un être concerné essayant d'agir au mieux. La récompense intervient à nouveau par l'individu lorsque les clients ayant bénéficié de son aide vont stopper l'hémorragie à leur tour en remerciement quant à l'opposé il se heurtera à un refus en s'adressant aux grands entrepreneurs pour une aide financière.

"L'homme de la rue" semble plus à même de remercier qu'une grande entité uniquement soucieuse de son chiffre semble nous dire Capra par ce rebondissement. On trouve déjà là l'optimisme, la tonalité de fable et d'allégorie dans la leçon donnée ici qui se développera de manière plus fine encore dans les films à venir mais déjà superbement menés dans ce manifeste fondateur.

Sorti en dvd zone 2 français chez Columbia

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