Dans les années 30, pendant la Grande
dépression, Thomas Dickson, banquier, doit faire face à son conseil
d'administration frileux, alors qu'il veut faire circuler l'argent qui
lui est confié. De plus, sa femme le trompe avec le caissier principal,
qui fomente un hold-up.
Après l'amorce progressive vers des sujets plus sérieux entamée dans ses films précédents,
American Madness
est la première œuvre de Frank Capra où il manifeste ouvertement
les velléités sociales contenues dans les grands classiques des années à
venir. C'est également un des premiers films Hollywoodien à aborder
ouvertement le contexte de la Grande Dépression dans laquelle est
plongée l'Amérique en ce début des années 30. Comme toujours Capra
manifeste ici sa foi en l'humain, sa droiture et sa bonté capable de
venir à bout de la rigueur des institutions.
Le début introduit
progressivement ce thème à travers diverses scènes où le cadre austère
d'une banque se fait chaleureux par la découverte de ceux qui y
travaillent, de leur espérance, de leurs qualités et leurs défauts.
L'ouverture matinale d'un coffre détend ainsi par les blagues que
s'échangent employés, on s'amuse des commérages de la standardiste
mâcheuse de chewing-gum et craque pour le joli couple formé par le
caissier et la secrétaire joué par Pat O'Brien et Constance Cummings.
Tous ces éléments préparent l'introduction du personnage de patron de
banque bienveillant joué par Walter Huston, ce Tom Dickson source du
sentiment de bien-être ressenti dans des lieux qui ne s'y prêtent guère
en ces temps difficiles.
Le film est donc à grande échelle un
combat entre le maintien de cette dimension humaine et soucieuse de
l'autre et la froide machine financière uniquement préoccupée par le
profit, les deux n'étant pas forcément incompatible. C'est ce que tente
d'expliquer Tom Dickson à ses administrateurs soucieux des nombreux et
généreux prêts qu'il accorde à ses clients alors qu'eux souhaiteraient
plutôt qu'il garde les liquidités au sein de la banque pour une
spéculation plus rassurant sur le marché. La vision de Dickson est
cependant plus vaste, c'est par les hommes de bonne volonté que le pays
se reconstruira et jusqu'à présent il a toujours su en reconnaître un
valable et travailleur lorsqu'il s'est posé la question de l'aider
financièrement.
Le script de Capra et Robert Riskin va pourtant mettre
ses beaux et nobles principes à rude épreuve. Le mal sera intérieur avec
cet employé véreux favorisant un hold-up pour rembourser ses dettes de
jeu et extérieur avec la panique éveillée chez les clients pensant leur
banque en faillite et s'y ruant pour clôturer leurs comptes. Si c'est en
s'attardant sur l'individu que Capra aura su capter le bien en chacun
d'eux, le mal lui s'incarne à travers le collectif et cette cinglante
démonstration du poids de la rumeur déformée et amplifiée qui peut
briser la réputation d'une entreprise comme un rien.
Notre héros
est ainsi poussé dans ses derniers retranchements avec cette masse
s'apprêtant à détruire l'œuvre de sa vie et également sa vie personnelle
remise en cause avec la supposée infidélité de sa femme. Walter Huston
offre une superbe prestation, exalté par ses idées, attaché àceux
dépendant de lui puis brisé par la tournure des évènements, ce n'est pas
un surhomme mais un être concerné essayant d'agir au mieux. La
récompense intervient à nouveau par l'individu lorsque les clients ayant
bénéficié de son aide vont stopper l'hémorragie à leur tour en
remerciement quant à l'opposé il se heurtera à un refus en s'adressant
aux grands entrepreneurs pour une aide financière.
"L'homme de la rue"
semble plus à même de remercier qu'une grande entité uniquement
soucieuse de son chiffre semble nous dire Capra par ce rebondissement.
On trouve déjà là l'optimisme, la tonalité de fable et d'allégorie dans
la leçon donnée ici qui se développera de manière plus fine encore dans
les films à venir mais déjà superbement menés dans ce manifeste
fondateur.
Sorti en dvd zone 2 français chez Columbia
Extrait
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