Séparés à leur
naissance dans les années 60, des jumeaux grandissent dans deux contextes
totalement différents. Le premier est élevé aux Etats Unis par ses riches
parents et va devenir un musicien réputé, tandis que le second, recueilli par
une prostituée, passe son temps à se bagarrer. De nos jours, Boomer commence à
avoir des ennuis à force de vouloir aider son meilleur ami à sauver sa petite
amie… qui ne sait pas encore qu’elle est sa petite amie. Au même moment, John
Ma, son jumeau, arrive à Hong Kong pour un concert…
Twin Dragons
constitue une réunion de talents aussi prestigieuse qu’improbable vu leurs
registres opposés. A la réalisation Tsui Hark, réalisateur/producteur alors au
sommet de l’industrie hongkongaise, Ringo Lam réalisateur de polar âpres,
Jackie Chan roi de la comédie d’action et une Maggie Cheung (après avoir
longtemps été la faire valoir féminine de Jackie Chan à ses débuts) vedette
montante et prestigieuse depuis ses collaborations avec Wong Kar Wai (As tears go by (1988), Nos années sauvages (1991)) et Stanley
Kwan (Center Stage (1990)). Malgré
cette association Twin Dragons ne
brille pas par son ambition et ne se démarque pas de la production habituelle
de Jackie Chan. Cela s’explique par le fait que cette production est un film de
charité où les différents talents s’effaceront devant un script taillé pour
Jackie Chan.
Ce dernier après les dépassements de budget d’Opération Condor (1991) était interdit de réalisation par les
producteurs mais occupait officieusement la fonction en s’entourant de faiseurs
serviles comme Stanley Tong. Les tentatives avec des réalisateurs plus
ambitieux seraient houleuses comme sur le polar Crime Story de Kirk Wong ou le film martial Drunken Master 2 ou le grand Liu Chia Liang sera carrément limogé.
Twin Dragons vu son caractère caritatif et son script basique ne semble pas
avoir généré ce type de tension et même si les pattes de Tsui Hark et Ringo Lam
sont invisibles, le film constitue un divertissement très agréable.
Jackie Chan se dédouble ici en incarnant des jumeaux
tragiquement séparés à la naissance. D’un côté Ma Yu, musicien érudit et
virtuose ayant été éduqué aux Etats-Unis et de l’autre Casse-cou élevé à la
dure loi de la rue de Hong Kong. Le premier vient donner un concert à Hong Kong
tandis que le second se retrouve aux prises avec de dangereux malfrats locaux.
L’humour naîtra des retrouvailles improbables des jumeaux et des conséquences
pour leur entourage. La comédie romantique la plus déjantée peut se déployer
avec nombre de quiproquo où chacune des petites amies sera attirée par les
traits de caractères du jumeau de leur homme dont elles ignorent l’existence. L’aspirante
chanteuse Barbara (Maggie Cheung) est ainsi plus sensible à la douceur de Ma Yu
tandis que la plantureuse Tammy (Nina Li Chi) préfère la rudesse de Casse-cou.
Tout ce petit monde s’entrecroise dans un joyeux vaudeville, Jackie Chan
alternant le grotesque en Casse-cou et une plus grande sobriété en Ma Yu. Maggie
Cheung parvient d’ailleurs à tirer son épingle du jeu avec le peu qu’on lui
donne, son personnage étant plutôt attachant notamment lors d’une scène où elle
s’exerce au piano. Hormis cette dimension romantique, le film use à fond de la
supposée télépathie associée aux jumeaux pour pousser bien loin les gags
outranciers, les situations mouvementées de casse-cou se répercutant dans le
quotidien plus paisible de Ma Yu.
Tout cela se déroule à un rythme trépidant et déploie toute
son efficacité quand l’action se manifeste. On sera servi ici avec une
poursuite en hors-bord digne des meilleurs James Bond, une course-poursuite en
pleine ville totalement destructrice. C’est cependant le final qui sera le plus
époustouflant avec cette longue bagarre dans un garage de test de voitures. L’action
inventive (l’arsenal d’outil de l’atelier, les salles surchauffée ou glacial
testant la résistance des véhicules) usant dans le mouvement des quiproquos qui
ont précédés dans la pure comédie.
Nos deux jumeaux alterne ainsi dans les
différents environnements du garage, parfois face à des même adversaires
troublés par la rudesse ou la couardise de leur adversaire dont il ignore la
nature double. C’est très drôle tout en s’avérant sacrément spectaculaire (un
plan sans coupe où une voiture crash test manque de s’empaler sur Jackie Chan
qui l’évite à la dernière seconde) puis notre funambule prend tous les risques
une fois de plus. Sympathique donc (et multipliant les caméos puisqu’on
reconnaître entre autre Liu Chia Liang, John Woo, Chu Yuan, David Chiang, Tsui
Hark) si l’on oublie les talents engagés au vu du résultat.
Sorti en dvd zone 2 chez Metropolitan