Alors que Tony Stark
tente de relancer un programme de maintien de la paix jusque-là suspendu, les
choses tournent mal et les super-héros Iron Man, Captain America, Thor, Hulk,
Black Widow et Hawkeye vont devoir à nouveau unir leurs forces pour combattre le
plus puissant de leurs adversaires : le terrible Ultron, un être technologique
terrifiant qui s’est juré d’éradiquer l’espèce humaine.
Le triomphe commercial d’Avengers
(2012) avait constitué une apothéose de l’ambitieux et inédit défi du studio
Marvel : la transposition au cinéma d’un univers étendu reprenant celui
des comics où les super héros s’entrecroisent, s’entraident et s’affrontent. Avengers avait su concilier cette
continuité tout en proposant un vrai bon film, ce que les aventures
individuelles des personnages n’avaient pas toujours réussies - pour des bons Iron Man (2007) et Captain America (2011), de nettement plus oubliables Iron Man 2 et Thor (2012). Avengers :
l’ère d’Ultron vient donc réunir de nouveau notre équipe de super héros
après une phase 2 nettement plus réussie. Les moins bons films - Iron Man 3 (2013) et Thor 2 : le monde des ténèbres –
demeuraient des divertissements honorables tandis que les vraies réussites
donnaient des résultats surprenant et audacieux avec l’étonnamment politisé Captain America : le soldat de l’hiver
et le space opera bariolé Les Gardiens de
la Galaxie. Plus Marvel lâchait du lest sur sa continuité et le plan
d’ensemble de cet univers étendu, meilleur était les films. La
« formule » Marvel aura permis de mettre en route une sacrée
machinerie à succès mais risque aussi constamment le pilotage automatique,
écueil où tombe en partie Avengers :
l’ère d’Ultron.
Le propos est intéressant avec une vraie continuité des
évènements d’Avengers, Iron Man 3 et Captain America : le soldat de l’hiver. Ces films auront
révélés à la fois la menace extérieure cosmique pesant sur la Terre mais aussi
le démantèlement de l’organisation viciée du SHIELD qui avait réunis nos
surhommes. Le film s’ouvre par une victoire définitive sur l’Hydra et cet
apaisement temporaire va placer nos héros face à leurs doutes. La peur pour
Tony Stark à jamais traumatisé par sa découverte d’une galaxie plus vaste et truffée
de danger innommables, la peur face à sa propre nature monstrueuse pour Bruce
Banner/ Hulk.
Nos demi-dieux se trouvent ainsi sans repère dans ce monde réel,
thèmes déjà évoqués avec brio à travers le man
out a time Captain America et la tueuse de la Guerre Froide la Veuve Noire
(Scarlett Johansson). Les ennemis constitueront donc ici un miroir de ces
peurs, façonnés bien malgré eux par nos héros. L’androïde sanguinaire Ultron
est ainsi une extension extrême des préceptes sécuritaires de Stark où l’humain
n’a plus sa place et la Sorcière Rouge (Elizabeth Olsen) par ses pouvoirs
psychiques réveille les traumas de nos héros qui vont perde pied. Dès lors,
c’est Hawkeye (Jeremy Renner bien plus mis en valeur dans ce film) le plus
humain, le plus « faible » de ces héros qui va s’avérer le plus
équilibré et apte à remettre sur pied ses acolytes.
Ces thématiques passionnantes vont être un peu sacrifiées
sur l’autel de l’efficacité après une première partie de film intéressante.
Face à un bagage narratif de plus en plus conséquent, on perd grandement d’un vrai
rendu cinéma. Tous les précédents films malgré la continuité faisaient le
minimum d’effort pour rendre l’aventure unique et de resituer suffisamment
d’informations afin que le spectacle demeure captivant pour qui n’avait vu
toutes les productions Marvel, voir aucune. Plus de cela ici où l’on semble
entré dans une logique de série TV sur grand écran supposant que le spectateur
est au fait de toutes les références délivrées. Cela joue sur une narration au
montage chaotique (la géographie est particulièrement malmenée dans la dernière
partie où l’on ne sait plus dans quel pays on se trouve) où les personnages
apparaissent/disparaissent pour des actions pas toujours claires. Mais après tout
c’est le projet qui veut cela et même si l’on peut s’interroger sur comment
vieilliront ces films, le succès actuel semble donner raison à Marvel. Le
problème serait plutôt quand cette logique télévisuelle finit par empiéter sur
l’esthétique du film.
On le sait depuis la série Buffy contre les vampires, Joss Whedon est plus doué pour l’étude
de caractère que pour mettre en scène l’action. Le final épique d’Avengers avait constitué un vrai progrès
qui rachetait les précédentes productions Marvel anémique en morceaux de
bravoures. Si les moyens sont là, le réalisateur n’a malheureusement pas
progressé dans l’illustration du sense of
wonder typique des Comics. Hormis un combat réellement haletant entre Iron
Man et Hulk en pleine ville, le reste demeure terriblement timoré. Entre
tentative malheureuse de composition de plan comics (l’attaque collective très
bancale d’ouverture), combats confus et poursuite standards, il n’y a pas
grand-chose de marquant pour la rétine. Le métro lâché en pleine ville fait peine
à voir face une séquence voisine du Spider-Man
2 (2004) de Sam Raimi et le climax nous ressert une fois de plus le McGuffin
à protéger ainsi que l’objet massif que l’on doit s’empêcher de s’écraser au
sol (péripéties concluant presque tous les Marvel avec un étonnant manque de
renouvellement).
Tout est fait pour retrouver la dynamique du premier Avengers, y compris le plan séquence les
montrant héroïque et soudés alors qu’ils sont poussés dans leurs derniers
retranchements. Le manque d’ampleur et l’effet de redite tue un peu la force de
cette conclusion, gâchées par les trop nombreux bons mots et des personnages au
pouvoirs inexploités – Vif-Argent (Aaron Johnson) qui se contente d’aller vite
et rien de plus quand il s’offrait une séquence d’anthologie dans X-Men : Day of futur past (2014)
récemment. Le manque de maîtrise de Whedon fait tâche face à la concurrence (Man of Steel (2013) de Zack Snyder) mais
aussi des propres productions Marvel puisque les frères Russo avait proposé un
fort dynamique Captain America : le
soldat de l’hiver.
Avengers : l’ère
d’Ultron est donc paradoxalement plus captivant dans ces moments
introspectifs que spectaculaires. Les premiers auraient dû renforcer
l’implication lors des seconds mais faute d’une mise en scène inventive, cela
ne fonctionne pas. Heureusement l’intérêt pour les personnages (et la dimension
feuilletonesque chère à Marvel) demeure à travers plusieurs pistes lancées
comme la romance Hulk/Veuve Noire et le conflit idéologique Iron Man/Captain
America qui fera tout le sel de Captain
America : Civil War l’an prochain. Tête de gondole du projet Marvel,
les films réunissant les Avengers se
devront en tout cas à l’avenir d’être (comme pu l’être le premier) les pinacles
de cet univers et pas un produit standard.
En salle
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