Aki Otani, projectionniste, femme en surpoids et solitaire, se voit hantée par les apparitions d'un garçonnet. Victime d’un traumatisme, elle éventre des femmes auxquelles elle retire l’utérus. Son amie, Emi, journaliste TV, suit les méfaits du tueur des rues. Elle lui présente Kurahashi, son amant. Une relation étrange s'établit entre eux trois...
Evil Dead Trap de Toshiharu Ikeda (1988) fut une vraie sensation du cinéma d’horreur à sa sortie, dont l’impact résonna même à l’international. Les producteurs envisagent bien sûr une suite et sollicitent Toshiharu Ikeda qui s’attèle à un scénario supposé être dans la continuité directe du premier film. Cependant Ikeda tombe malade et les producteurs impatients préfèrent lancer ce second volet avant son rétablissement. Ils feront donc appel à Izo Hashimoto, impressionnés par Lucky Sky Diamond (1990) récemment réalisés par ce dernier. Hashimoto est un est un talent éclectique qui s’est fait remarquer en coécrivant le scénario du Akira de Katshuhiro Otomo et on le connaît aussi en France pour être le scénariste (jusqu’au tome 25) du manga Coq de combat dessiné par Akio Tanaka. Avec l’arrivée d’une personnalité créative aussi forte, Evil Dead Trap 2 s’écarte grandement de la voie initiée par le premier volet mais, sans pour autant l’égaler, s’avère tout à fait intéressant.
Evil Dead Trap avait un postulat relativement classique de slasher/giallo, mais totalement transcendé par les idées et le brio formel de Toshiharu Ikeda. Ce sera un peu l’inverse dans cette suite où le récit déroute totalement, mais où les sursauts visuels seront plus ponctuels. On troque la désolation, l’unité de temps et de lieu de Evil Dead Trap pour cette fois plonger dans une atmosphère urbaine oppressante où nous suivrons un étrange triangle amoureux. Aki (Shoko Nakajima) est une jeune femme complexée et solitaire exerçant le métier de projectionniste. Elle est amie avec la bien plus exubérante Emi (Rie Kondoh), présentatrice tv qui entretient une liaison avec Kurahashi (Shirô Sano), un homme marié. Au même moment sévit dans la ville un tueur assassinant sauvagement des jeunes femmes, et qui semble avoir un lien avec nos trois protagonistes.Tous semblent hantés par une parentalité espérée (Emi), avortée (Aki) ou endeuillée (Kurahashi) qui va se manifester par des phénomènes étranges que l’on ne saura jamais à quoi associer, troubles psychologiques ou manifestations surnaturelles. Cela s’incarne par la présence spectrale d’un enfant traversant la salle de cinéma où travaille Aki, les images des reportages présentés par Emi (prolongeant la propagation du mal par les écrans du premier film) où le domicile de Kurahashi, porté par ce même doute entre folie et fantastique. Les trois acteurs sont remarquables (en particulier Shoko Nakajima) pour exprimer cette nature torturée qui influent sur le rythme lancinant du film et ces images. Izo Hashimoto excelle dans le filmage de la décadence urbaine où le sort réservé aux marges féminines de la société résulte autant d’une jalousie que d’une frustration du tueur. Les mises à mort oscillent entre la brutalité gore la plus crue, et quelques brillantes idées visuelles. On pense à ce moment stupéfiant où les lueurs des néons font passer un cours d’eau au rouge, amorçant un plan large de la ville où dans un coin de l’image se révèlent les ombres de la victime et son bourreau. La narration flottante (ou bancale selon le ressenti) n’a pas l’efficacité et l’évidence du premier film, mais c’est aussi ce côté incertain et soumis à l’interprétation qui fait le prix de ce second volet. C’est ce qui rend Evil Dead Trap 2 plutôt mal-aimé mais cela reste un film à voir. Tohiharu Ikeda reviendra pour un Evil Dead trap 3 (1993) qui n’en a que le nom mais qui sera davantage une renommage opportuniste qu’une réelle suite.Sorti en bluray français chez Le Chat qui fume en combo avec Evil dead trap