De retour de vacances,
l'inspecteur Michelle Yip parvient à empêcher un détournement d'avion par deux
criminels Hong-kongais. Elle est aidée par un ancien policier japonais et un
agent de sécurité. Arrivés à Hong-Kong, les trois héros sont fêtés comme il se
doit, mais deux amis des terroristes décédés veulent les venger coûte que
coûte.
Avec son mémorable Police Story (1985), Jackie Chan avait réussi un détonant mélange entre polar d’action
survolté, arts martiaux et comédie. Le film modernisait le film de kung fu en l’inscrivant
dans un genre et environnement urbain contemporain et créait une sorte d’alternative
au polar héroïque tel qu’allait le définir Le
Syndicat du Crime (1986) de John Woo. Jackie Chan n’allait réellement y
revenir qu’avec Police Story 2 (1988)
et surtout dans les années 90 (l’excellent Crime Story (1993), Police Story 3 et 4 (1992, 1996)) mais la vague était lancée et ne demandait qu’à
adopter une nouvelle star. Ce serait la belle Michelle Yeoh qui s’affirmerait
comme l’égal féminin casse-cou de Jackie Chan. Michelle Yeoh n’a à l’origine
aucune compétence martiale mais une formation de danse classique stoppée par
une blessure au dos. Sa beauté lui vaudra de nombreux prix dont celui de Miss
Malaisie qui l’orientera vers une carrière cinéma.
Repérée par le producteur
Dickson Poon (qui deviendra son époux) à Hong Kong, cette sportive accomplie se
passionne pour le milieu des cascadeurs de Hong Kong et va suivre une formation
acharnée dans les meilleures écoles de kung fu de la péninsule. Clairement pas
décidée à jouer les potiches et les demoiselles en détresse, elle décroche son
premier rôle dans Le Flic de Hong Kong 2 (1985) où elle côtoie les autres « lucky
star » Jackie Chan, Yuen Biao et Sammo Hung (également réalisateur) qui l’adoubent.
Elle est donc prête à voler de ses propres ailes avec Royal Warriors (renommé In Line of Duty à l’international) où
elle partage néanmoins la vedette avec le japonais Hiroyuki Sanada et Michael
Wong, autre star montante de Hong Kong.
Le scénario est aussi simple qu’efficace. L’inspecteur
Michelle Yip (Michelle Yeoh) de retour de vacances au Japon empêche un
détournement d’avion destiné à faire évader un criminel extradé, aidé d’un
policier japonais (Hiroyuki Sanada) et d’un agent de sécurité (Michael Wong).
Célébré, pour leur exploit, les trois héros déchantent vite quand les anciens
frères d’armes du criminel décident de le venger et bientôt les morts s’accumulent
autour d’eux. On est loin du simple décalque de Police Story, la « charte »
familiale de Jackie Chan étant balayée dès l’ouverture en avion avec son
festival de balles perdues, de débordements sanglants et de victimes
collatérales parmi les figurants.
On est devant un vrai polar hard-boiled
brutal où les incursions d’humour sont constamment désamorcées par un évènement
tragique, le plus marquant étant la famille d’Hiroyuki Sanada victime d’un
attentat. Les trois personnages sont caractérisés avec justesse (la mélancolie
d’Hiroyuki Sanada tournant à la folie vengeresse, les fanfaronnades de Michael
Wong et l’empathie, la fougue et la compréhension de Michelle Yeoh) et leur
évolution intéressante, mais l’on a réellement d’yeux que pour Michelle Yeoh
qui gagne là ses galons de star.
L’actrice a retenu la leçon de Jackie Chan et
tout comme lui évite de la jouer Bruce Lee au féminin, un être invincible et
distant suscitant peu d’empathie pour au contraire accentuer a facette de
hargne et de dépassement. Elle n’est ni l’égal ni au-dessus des adversaires
masculins qu’elle affronte et (toujours à la manière de Jackie Chan) prends son
lot de coups lors des joutes martiales mais sa rage la rende finalement bien
plus redoutable que ses acolytes.
L’actrice donne de sa personne et fait
admirer ses capacités physiques dans des morceaux de bravoures virtuoses comme l’ouverture en avion, la course poursuite où elle
affronte un adversaire conduisant un bulldozer. L’incroyable carnage dans la séquence
du nightclub montre bien la fusion qu’opère le film entre kung fu pian et polar
avec un établissement littéralement rasé, autant par les coups que par la pluie
de balles tirées.
Cette simple histoire de vengeance aurait pu être très
répétitive mais le script à l’intelligence de varier les compétences des
adversaires. Tout d’abord, ceux-ci ne sont que trois donc les traditionnels
combats à un contre dix façon chair à canon sont évacué pour un nombre d’ennemis
plus restreint mais vraiment redoutable. L’ouverture en avion sert à présenter
leur nature impitoyable, l’attentat et la scène du nightclub leur compétences
meurtrières, les deux scènes mettant justement en valeur les aptitudes
martiales de Michelle Yeoh (Hiroyuki Sanada étant très impressionnant aussi). Le ton change radicalement avec le dernier acolyte
joué par Yin Bai, pas un combattant de premier ordre mais d’une intelligence et
d’un sadisme qui vont vraiment mettre à mal nos héros.
Le ton se fait d’un coup
réellement sombre et désespéré et Michelle Yeoh peut se délester définitivement
de la réserve de son personnage pour devenir un ange de la vengeance tout de
noir vêtu dans la dernière scène. Pyrotechnie (l’explosion de décor finale),
prise de risque bluffante (l’affrontement à la tronçonneuse) et coups qui font
mal constituent l’excellent morceau de bravoure final où Michelle Yeoh s’avère
plus iconique que jamais. Une belle réussite marquée par son époque (les tenues
et brushing 80’s, la bande son assez ringarde mais l’amateur de cinéma de Hong
Kong est habitué) mais diablement efficace. La carrière de Michelle Yeoh était
lancée et elle remettrait bientôt le couvert dans la suite Le Sensdu devoir 2/ Yes Madam dans une série qui compterait sept épisodes.
Sorti en dvd zone 2 français chez Metropolitan et la saga entière est également disponible en coffret