Le docteur Jivago est enrôlé de force dans l'armée au début de la révolution d'Octobre. Commence un long exode qui le sépare de la femme qu'il aime. Ce médecin russe idéaliste sera ballotté dans les remous de l'histoire, entre une vie conformiste auprès de son épouse et une passion aventureuse avec sa maîtresse.
Docteur Jivago est probablement la plus belle épopée romanesque hollywoodienne depuis Autant en Emporte le Vent. La matière du roman de Boris Pasternak offre à David Lean l'occasion de renouer avec l'esprit romantique de ses premières oeuvres comme Brève Rencontre qu'il va pouvoir mêler à son nouveau statut de maître du grand spectacle acquise avec ses précédents films, les multi récompensés Le Pont de La Rivière Kwai et Lawrence D'Arabie. On va donc naturellement retrouver des facettes de ces différentes oeuvres condensées dans Jivago : l'histoire d'amour impossible, le couple adultère coupable, la toile de fond historique, le souffle épique... Pourtant qu'on ne s'y trompe pas, loin d'être une redite, Docteur Jivago est au contraire un accomplissement, la quintessence de la verve romanesque de David Lean.
Passé l'introduction entre Yevgraf (Alec Guiness) et la supposée fille de Yuri et Lara où des éléments clé du récit nous sont dévoilés, le flashback s'amorce et dès la première séquence de l'enterrement de la mère de Yuri, Lean exprime le lyrisme qui animera le film . Presque indifférent au cercueil de sa mère qu'on met sous terre, Yuri est distrait par la musique du vent frappant les arbres, du mouvement de leurs branches lorsque s'amorce délicatement et pour la première fois le thème de Maurice Jarre, illustrant parfaitement l'esprit rêveur de son héros. Tout l'art de Lean est dans cette scène pas forcément utile narrativement mais tellement parlante sur la nature profonde de Yuri.
La petite et la grande histoire s'entrecroisent à travers les destinées personnelles de Yuri (Omar Sharif) et Lara (Julie Christie) dans une Russie où bien qu'encore étouffée la révolte gronde. Le parcours des héros se mêle ainsi admirablement aux grands évènements en cours lorsque Yuri assiste révulsé à la violente répression d'une manifestation pacifique lors du "Dimanche Rouge" (que le scénariste Robert Bolt avance volontairement dans le temps par rapport à l'Histoire à des fin dramatique) tandis que parallèlement Lara tombe dans les filets de Komarovski (Rod Steiger) opportuniste sans scrupule. De même le futur et impitoyable dissident Strelnikov n'est encore qu'un jeune idéaliste amoureux de Lara.
L'ouverture sur Yevgraf aura servi à nous l'introduire comme guide dans les soubresauts historique et idéologique de l'époque, mais c'est surtout pour nous montrer le fossé entre l'esprit libertaire de Yuri et la rigueur s'instaurant alors qu'il intervient en voix off. Lean parvient en effet par une suite de tableau saisissants à montrer quasiment sans dialogues l'enchaînement d'évènements conduisant à la révolution. C'est d'abord l'enfer des tranchées du conflit 14-18 qui prolonge leur privations du quotidien puis le moment où sonne le vent de la révolte lorsque des officiers tirés à quatre épingle défiles parmi un régiments en guenilles. C'en est trop de cette arrogance et la rancoeur et la frustration engendre un foudroyant massacre. En arrière plan de ces hauts faits, Yuri et Lara respectivement médecin et infirmière de guerre vont enfin se faire face et irrémédiablement se rapprocher.
Omar Sharif peut sembler un curieux choix pour un poète russe et l'intéressé sera le premier surpris lorsqu'il se verra proposer le rôle titre (après le refus de Peter O' Toole échaudé par le tournage éprouvant de Lawrence D'Arabie) alors que lui visait celui de Pacha Antipov/Strelnikov finalement tenu par Tom Courtenay. Julie Christie en pleine ascension après Darling obtiendra elle son plus fameux rôle à ce jour avec Lara (le producteur Carlo Ponti tentera vainement de proposer sa femme Sophia Loren). L'alchimie entre eux est palpable, Sharif offrant le parfait mélange de douceur et de détermination de Yuri Jivago tandis que Julie Chrisitie (qui n'a jamais été plus belle qu'ici) est poignante en amoureuse résignée à être le jouet des évènements. Dans une moindre mesure, Geraldine Chaplin dans son premier grand rôle cinéma est idéalement lumineuse en épouse dévouée de Yuri.
Lean conserva la scène en coupant le moment fatidique au montage (qu'en connaissance de cause on devine malgré l'enchaînement habile tourné plus tard pour la transition) à l'indignation de son équipe. D'un point de vue plus psychologique, l'esprit de dénonciation et calomnie permanente, l'idéologie prenant le pas sur l'humanité et l'esprit revanchard des anciens opprimés devenu tyrans à leur tours met à mal l'utopie communiste et le film sera même interdit en Russie jusqu'en 1994.
Dans cette époque chaotique, le seul refuge pour les héros est l'amour, et Lean atteint là des sommets de romantisme filmé. Le moment le plus frappant est bien évidemment la scène du champ de jonquilles (symbole récurrent de la romance un bouquet occupant constamment le décor lors de leurs rencontres et qui là illustre donc l'épanouissement absolu de leur passion pour leur retrouvailles) pour laquelle 4000 fleurs fut importées des Pays-Bas pour être replantés sur le lieu de tournage. C'est pourtant vers la fin du film qu'on atteint le sublime lorsque Yuri et Lara conscient que leur histoire est en sursis se réfugient à Varykyno.
Jusqu'ici on avait pas entendu les poèmes tant célébrées de Yuri. Pourtant, lorsqu'il reprend la plume pour son ode à Lara, l'exaltation du jeu d'Omar Sharif, l'émotion de Julie Christie qui n'imagine pas que ses belles lignes parle réellement d'elle et la musique majestueuse de Maurice Jarre forme un tout par la grâce de la mise en scène de Lean et nous font réellement ressentir la beauté des vers de Yuri. Ce sont ceux de la passion absolue d'un homme pour la femme de sa vie.
Dès lors peu importe la cruelle conclusion de cette ultime rencontre qui nous arrachera une dernière larme, à l'instar des poèmes désormais réhabilités de Yuri, leur histoire est immortelle. Même s'il s'en rapprochera grandement avec La Fille de Ryan à venir, jamais Lean ne retrouvera totalement une telle grâce l'accueil critique hostile (malgré un triomphe commercial et 5 Oscars) le rendant de plus en plus rare derrière la caméra.
Sorti dans une magnifique édition chez Warner (et bientôt annoncé en bluray je crois) mais vous l'avez tous déjà comment ça non ?
Pas grand chose à dire sur ce film dont je pourrais parler pendant des heures. Génial de bout en bout, Lean est mon maître. Un classique, un chef d'œuvre.
RépondreSupprimerEh bien non, je ne l'ai pas. Jamais lu le livre, jamais vu le film... De honte, je cours me cacher.^^
RépondreSupprimervous ecrivez "Julie Christie plus belle que jamais" dans certaines scènes de "Loin de la foule…" elle est éblouissante, non pas "moderne" comme l'a dit un fidèle de vos colonnes, mais trop
RépondreSupprimer"urbaine" pour diriger une ferme.
je suis une fan des premiers
David Lean (il a fait des "Grandes Espérances" de Dickens un "Dickens inégalé à l'écran", ce sont pour Alec Guiness et Jean Simmons des tout premiers rôles.
Miss Havisham vit dans un décor
qu'évoquera Billy Wilder dans
Sunset Boulevard. Ce serait dommage de passer à côté.
Pour ma part, je regarde demain
le Dr Jhivago que je conservais pour l'hiver sibérien annoncé, mais qui viendra encore. Qui sait ce que mijote Poutine …
Ah si vous n'avez jamais vu Docteur Jivago je pense qu'un grand enchantement vous attends, une sorte d'idéal d'épopée romanesque, n'hésitez pas à venir partager vos impression ici ;-). Pour "Loin de la foule déchaînée" on va dire qu'elle dénote effectivement avec l'environnement rural, moderne dans son attitude féministe pour l'époque (une femme qui dirige un grand domaine fermier) mais certainement urbaine aussi comme vous le dite concernant l'allure générale de l'actrice qui dénote par ses attitudes avec ceux qui l'entoure. Une de mes actrices favorites en tout cas (filmographie pa mal évoquée sur le blog d'ailleurs !).
RépondreSupprimerGrand amateur des premiers David Lean aussi, pas encore évoqué De grandes espérances ici (très beau film effectivement) à réparer très bientôt certainement !
voilà où j'en suis : je découvre Julie Christie et n'ai pu résister au désir de voir IMMEDIATEMENT Darling de Schlesinger avec Dirk Bogarde (aussi effacé et merveilleux que dans un très, très beau Dickens : A Tale of two Cities avec Paul Guers dont on apprend qu'il était "pensionnaire du Français". J'ai dit "effacé" parce que j'ai la connaissance de cet acteur dans des rôles pervers qui lui vont comme un gant : The Servant, Portier de Nuit, et un ou deux autres Losey). Ce "Darling" est un chef d'oeuvre sous estimé et j'apprends avec émoi que l'auteur du script sera plus tard celui de Eyes wide Shut de Kubrick). Il y a comme un fil rouge, ou plutôt un fil d'Ariane qui vous conduit à un moment donné de chef d'oeuvre en chef d'oeuvre. On passe une fois au vert, on a ensuite tous les feux verts. Ce que vous disiez hier de Jhivago est ancré dans ma mémoire. et j'ai hâte de le voir, hâte aussi de revoir Géraldine Chaplin dont je découvre le talent dans un un film espagnol : je ne saurais dire à l'instant si c'est Cria Cuervos ou le merveilleux Esprit de la Ruche).
RépondreSupprimerOui, il faut parler des Grandes Espérances : la lecture de ce roman d'une si belle écriture et d'un lyrisme assez rare chez Dickens vous réservera des surprises (je dois avouer que la restranscription du cockney dans L'Ami commun ou les Pickwick Papers m'a découragée) Mais David Lean : c'est de lui qu'il s'agit ici m'a bouleversée dans La Fille de Ryan, il dote ses personnages (Trevor Howard, Robert Mitchum) d'une grandeur d'âme sans emphase, discrète, intériorisée, merveilleuse. Il décrit une tempête qui se déchaine sur de hautes falaises et dont les embruns, longs à se disperser, nous laissent pendant de longues secondes devant un écran blanc, Puis lorsque cette
brume se déchire, des lambeaux de ciel apparaissent d'un bleu insolent. L’éternité est toujours là, insolente.
Ce coup de maître s'est traduit par un échec sans pareil, auprès du public comme de la critique. Et pendant quatorze ans, de chagrin, Lean a tourné le dos au cinéma. Il faut rendre justice à ce film. Mais connaissant la pudeur de Lean à parler d'amour, je devine à travers vos lignes, ce que je peux attendre de Zhivago. Je reviendrai ici vous le dire.
J'aime beaucoup "Darling"également, si vous aimer Julie Christie chez John Schlesinger il faut voir aussi Billy Le menteur qui est son premier grand rôle au cinéma son apparition illumine vraiment le film. Il faut voir aussi si vous ne connaissez pas "Le Messager" de Losey justement où elle retrouve Alan Bates après "Loin de la foule déchaînée" superbe mélo feutré. J'en parlais ici
RépondreSupprimerhttp://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr/2010/07/le-messager-go-between-jospeh-losey.html
Je revois le Messager, je lis votre chronique et vous en parle. Jhivago sera l'apothéose finale. M'attendent encore ces deux films vus en salle (chez moi réunis dans un coffret) et McCabe and Mrs Miller (Robert Altman, avec Warren Beatty et la musique (sirupeuse mais agréable) de Leonard Cohen :
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=gt-r3QcegnU
Avez-vous écrit sur Max Ophüls, sur Profession Reporter d'Antonioni (The Passenger en anglais).
Savez vous que le BFI a déplacé Citizen Cane du 1er rang de ses top ten —ce n'est pas dommage—
le film a bénéficié d'une erreur de jugement pendant
74 ans. Mais ce qui est plus dommage encore c'est qu'on a place Vertigo (Hitchcock) à sa place. Stewart vieillissant est très bon dans Anatomie d'un meurtre ou Wincester 73, mais "man in love" d'une femme à tous égards fabtôme m'a laissée indifférente. Mais j'abuse, excuse-moi et la nuit avance. A bientôt.
Excusez-moi ces coqs à l'âne déplacés ici.
Effectivement j'ai évoqué quelques Ophuls ici comme "Les Désemparés" ou "Caught" n'hésitez pas à cliquez sur les libellés pour retrouver les réalisateurs évoqués, pas vu le Antonioni une lacune à combler certainement ! Sinon pour ma part très heureux que Vertigo ai ravit lapremière place même si Citizen Kane est un chef oeuvre le Hitchcok c'est vraiment dans mon petit panthéon personnel donc changement bienvenu Welles a bien eu le temps de savourer sa première place. Deuxième fois en quelques jours que je dois défendre "Vertigo" ici ^^
RépondreSupprimerje vous parle ici DU MESSAGER, car là mon commentaire refuse de partir :
RépondreSupprimerEH BIEN C'EST CHOSE FAITE !
j'ai vu le messager et rien ne m' a impressionné,
pas même Julie Chritie qu'on voit si peu et si mal.Il ne faut pas faire si grand cas de cette perte d'innocence,
Sans doute sommes-nous enfants plus dégourdis que ceux-là, issus d’Eton où il s'en passe de belles (ils sortent tous pédés de ces institutions collets montés). Nous on a vu les chiens s'accoupler dans la rue et dans nos ballades à la campagnes, sous la pluie, la fornication des escargots. Ce sont moins des aristocrates que des grands bourgois fortunés. La mère a un visage de laitière bougonne ¬— aucune classe : ce n’est pas Vanessa Redgrave —, on ne voit jamais ce qui fait le charme de Julie Christie : ses yeux et son sourire enfantin. Je ne me suis pas vraiment ennuyée, mais j’ai trouvé ça mal foutu. Le retour du vieux Léo qui prononce un inénarable cliché :" les choses étaient différentes avant" n'a aucun intérêt.
Je vous parle de films dont vous ne me donnez pas d'écho, vous avez d'autres choses en route. Cela vaut pour moi : je veux revoir tous mes films pour donner ou vendre ceux dont je n'ai plus besoin. J'ai un coffret de Max Ophuls qui m'a ennuyée à mort (avec Le Plaisir, La ronde, Madame De … et Lola Montès que je déteste. le coffret est très demandé et je peux en tirer 35 €. Mais avant de faire le pas, je veux m'assurer que je ne fais pas une bêtise.
Le meilleur Losey, pour moi, c'est Don Giovanni, la villa de Palladio pour décor (La Villa Rotunda) et des chanteurs d’exception, sans compter qu'on accède à ces villas par la Brenta, rivière qui se jette dans la lagune de Venise
Des aristocrates bon teint et convaincant on en trouve
dans ce petit chef d'oeuvre que sont "Les vestiges du jour" (the remains of the day). le livre de poche très court est disponible en français. Il est écrit par un jeune japonais qui a suivi son père ingénieur en Angleterre. Il a fait des petits boulots pour payer ses études
et a travaillé dans la résidence écossaise de la reine : Balmoral. Le ballet des Rolls Royce, le cérémoniel à table sont la perfection même. Là dessus se greffent divers épisodes, les jeunes servantes parfaites renvoyées par ce qu’elles sont juives, et une`histoire d’amour qui ne prendra jamais racine entre Emma Thomson et…(le
bonhomme de Howards End)
Pourqoi n'écrivez-vous pas un script à partir d'un roman d'Irène Némirovski ?
Vous partez un peu dans tous les sens dans vos posts dur de suivre parfois (c'est un peu le problème qu'on avait eu par mail vu que j'ai l'impression qu'on a déjà discuté ensemble) bon dommage que "Le Messager" ne vous ai pas séduite (sinon la remarque sur les grandes écoles hum...)
RépondreSupprimerLe film et le livre sont en attente pour "Les Vestiges du jour", j'aime beaucoup Kazuo Ishiguro aussi "Auprès de moi toujours" et son adaptation récente (chroniquée sur le blog il y a peu) sont vraiment des oeuvres de chevet.
J'ai lu et vu "Auprès de moi toujours" : c'est magnifique et bouleversant. Quand j'ai commencé le livre anglais, je suis tombée sur le mot "carer" à la première page, quand je l'ai compris
RépondreSupprimergrâce au contexte, j'ai souffert : c'est celui qui durera le plus longtemps avant de « donner » .
on dit de ce livre que c'est une "dystopie", le contraire
d'utopie. Le mot est cruellement illustré si l'on songe à
l'éducation complète et parfaite donnée à ces futurs
donneurs qui ignorent qui sont leurs parents (il y a cette quête d’une mère en particulier qui devient très angoissante).
Passionnée par Kazuo Ishiguro, j'ai acheté tous ses livres…qui sont allés rejoindre tous les "non-lus".
Les vestiges du jour (the remains of the day) est un
chef d'oeuvre. Ishiguro écrit un anglais simple et superbe,
comme souvent le peuvent les natifs d'une autre langue, et qui ont approché l'anglais non dans la vie
quotidienne ou à l'école, mais par la littérature. Nabokov
est un autre exemple : sa "Défense Loujine" — il s'agit du jeu d'échecs — est un pur chef d'oeuvre (une histoire palpitante qu'on ne saurait mieux raconter). Joseph Konrad illustre aussi le phénomène (le cinéma a du reste pompé dans son œuvre : Lord Jim et tant d’autres).
Excusez-moi pour ce "dans tous les sens". Je fonctionne comme ça pour les choses qui me touchent à moitié.
Quand c'est merveilleux ou épouvantable : il n'y a pas de retour. La vérité est que je n'étais pas du tout prête
à revoir "the go-between", c'est parce que vous avez dit que c'était le meilleur film de Losey que je me suis laissée tenter. Ce n'est pas un film qui rend justice à
Julie Christie et là vous ne me contredirez pas. Ce qui m'a intéressée, la partie de cricket, un portrait de la société anglaise (chez les aristocrates, il y a généralement des chasses à courre). Mais je propose que nous laissions tomber tout ce qui, de près ou de loin, peut ressembler à une pomme de discorde entre nous. Ces échanges sont
positifs et je suis heureuse d'apprendre par hasard le
prix que vous attachez à "Auprès de moi toujours".
je vois en bleu, à droite Carmelo Gomez que je ne connais mais Carmelo Bene n'est pas là (il a fait un chef d'oeuvre : Notre-Dame des Turcs. En avez-vous entendu parler ?).
J'ai pour le cinéma une petite bible de poche que j'ai payée 3 sous d'occasion chez Amazon : ce petit livre
de Malcolm Derek, critique de cinéma du Guardian pendant 30 ans,
reprend les critiques des films qu'il a le plus aimés.
C'est comme ça que je suis venue à Profession Reporter (The Passenger) d'Antonioni, et aux deux films espagnols avec la petite Anna Torrent, au visage dévoré par de grands yeux noirs (Cria Cuervos de Carlos Saura et l’Esprit de la Ruche de …). J'aime la façon dont il en parle de ceux que j’ai vus (comme du Voyage à Tokyo d'Ozu).
Pour rester à "The Go-Between" le film a quand même obtenu la Palme d'or à Cannes donc je ne suis pas si seul à lui vouer une passion ^^ et vraiment un des plus beaux rôle de Julie Christie même si plus en retrait, au contraire elle est d'autant plus poignante et plus secrète ainsi vue à travers les yeux de l'enfant. Allez "Les Vestiges du jour" devrait être ma prochaine lecture j'en causerai par ici après avoir vu le vfilm d'Ivory.
RépondreSupprimerA popos de "la palme d'or à cannes",
RépondreSupprimerje vous dirai comme le vieux Léo :
"C'était différent autrefois"
De nos jours ce sont des Lars von Trier, des David Lynch qui vous filent des frissons : le fenêtre est encore ouverte … voilà, c'est chose faite. Est-ce que super cerveau électronique ou physiologique, ne peut pas regrouper nos dialogues ?
Je crois que c'est impossible pour moi de lire vos réactions à mes
"bribes de mots" lancées au hasard
comme un cheveu sur la soupe...
RépondreSupprimerMon intérêt pour Ealing m'a conduite à lire votre essai superbe à tous égards sur La vie privée de Don Juan, et j'ai pris des notes, relevé quelques titres. J'ai son Rembrandt, j'ai vu et adoré la vie privée d'Henri VIII.
Il y a 2 heures que j'essaie de m'
endormir, dans le noir avec de la musique. Internet est encore la meilleure solution : c'est un peu comme un coup de fil à un copain.
Sans gêne, hein ?
Jivago enfin, un an plus tard.
RépondreSupprimerVous écriviez "un grand enchantement vous attend".
Cette chose grande qui m'attendait était une inconcevable dose d'ennui.
Avant de vous écrire j'ai pris la
précaution de lire 5 critiques et
journalistes sur IMDB : nous abondons dans le même sens.
voici quelques formules relevées à gauche et à droite chez OZUS, EBERT du Chicago Tribune et d'autres :
"soap-opera" revient souvent sous la plume de ces professionnels.
"The massive novel is eviscerated into pulp, as it focuses entirely on a vacuous romantic story--trying without success to be another Gone With The Wind.
…/…
tedium soon sets in and never leaves.
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And the final pathetic scene, with Zhivago staggering after the woman on the Moscow street, is unforgivable"
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"a picture-postcard view of révolution"
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Personnellement, il m'a semblé que Lean était mal à l'aise avec un matériau authentique très lourd.
Bref le film ne rend justice ni à
Pasternak ni à Lean.
Et dire que ce film a été un succès au box office (une raison de se méfier en général de la voc populi) et LA FILLE DE RYAN une catastrophe ! Je crois avoir un goût certain pour les catastrophes.
Vous ne reculez, il me semble devant aucun cliché de midinette
(un peu dur ! Pardon)
Alors vous n'avez pas aimez le film et c'est votre droit (le film a toujours été plus populaire au sein du public que de la critique qui n'a reconnu ses mérites qu'avec le temps malgré les 5 Oscars) mais honnêtement argumenter en citant de critiques allant dans votre sens (sachant que l'inverse est facile à faire aussi sur ce film) plutôt qu'étayez une vraie opinion personnelle c'est quand même dommage et pas très constructif. Vous y voyez du soap j'y vois un grand film romanesque et j'ai beau adorer La Fille de Ryan ce dernier souffre de petits défauts (récit intimiste hypertrophié, interprétations très inégales) rattrapés par la puissance formelle et le talent de narrateur de Lean. Docteur Jivago me parait plus complet à tout point de vu même si on peut préférer le suivant.
RépondreSupprimerJ'assume largement le côté midinette et donc honnêtement arrêtez le name dropping (on avait eu le même problème quand nous avions discuté d'un Tramway nommé désir) pour vraiment exprimer ce que vous pensez du film, vu comme la critique peut aller et venir avec le temps ce n'est pas l'argument le plus pertinent à sortir pour descendre le film.
Et un dernier point il faut absolument arrêtez ce snobisme sur le supposé mauvais gout du grand public. Docteur Jivago et La Fille de Ryan ont eu des critiques mitigées voir mauvaises mais le premier a été un succès et est un film culte aujourd'hui. La différence d'accueil tient juste au contexte La Fille de Ryan sort en plein avènement du nouvel Hollywood ou ce genre de superproduction parait dépassée face à Easy Rider et compagnie mais avec le temps a trouvé ses admirateurs. Donc le temps fait son oeuvre et inutile de mépriser les gouts du public la sortie d'un film tient bien d'autres facteurs et le temps fait son oeuvre.
je viens de perdre par une maladresse ma réponse (écrite pendant plus d'une demi heure) à
Supprimervotre commentaire. C'est dommage ! Je vous approuvais sur bien des points, mon snobisme, entre autres …
Désolé pour ma réponse peut être un peu virulente mais j'ai un peu tiqué sur le mix le combo critiques + grand public idiots. Les critiques sont intéressantes pour faire découvrir des films et élargir les horizons mais ce n'est pas elles qui doivent forger notre ressenti donc là je ne sais pas pourquoi vous n'avez pas aimé le film hormis les citations extérieures je trouvais juste ça dommage. C'est bien d'avoir un référent mais il ne détient pas la vérité absolue (les films conspués devenant des classiques avec le temps et inversement sont tellement légion).
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