lundi 10 janvier 2011
L'Amour aux Temps du Choléra - Love in the Time of Cholera, Mike Newell (2007)
Fin XIXe siècle, Cartagena, Colombie. Un jeune télégraphiste pauvre et poète, Florentino, tombe amoureux fou de la plus jolie des jeunes filles, Fermina. Sous les amandiers d'un parc, il lui jure un amour éternel et elle promet de l'épouser. Mais le père de Fermina, furieux, se promet de séparer les jeunes amants.
Quelques années plus tard, celle qui est devenue une éblouissante jeune femme, irrésistible de grâce et d'intelligence, épouse Juvenal Urbino, un jeune et riche médecin, plutôt que le médiocre Florentino. L'homme qui a réussi à endiguer l'épidémie de choléra de la ville part s'installer avec son épouse à Paris. Lorsqu'ils reviennent à Cartagena plusieurs années après, Fermina a tout oublié de son premier amour...
Florentino, lui, ne l'a pas oubliée. Devenu un riche armateur, il collectionne les liaisons féminines mais brûle toujours d'amour pour la belle Fermina...
Hormis Donnie Brasco, très peu client du cinéma un peu plat de Mike Newell et je craignais le pire à la découverte de cette adaptation du chef d'oeuvre de Gabriel Garcia Marquez que j'ai dévoré récemment. Le livre est clairement la définition de l'amour avec un grand A qu'il va dépeindre sous toutes ses formes. La plus passionnée et romantique avec le personnage de Florentino Ariza qui se condamne à une vie de solitude pour que celle qu'il aime soit enfin prête à l'accepter. La plus charnelle également avec ce même Florentino Ariza qui se guéri dans le lit d'une multitude de conquêtes du rejet de la seule qui compte vraiment. Le plus conventionnel et solide pour le couple entre le médecin Juvenal Urbino et Fermina Daza, union d'intérêt mais où les sentiments naîtront de l'habitude de l'autre. Le plus beau enfin lors de la conclusion où à la fin de leur vie et libéré du poids des conventions deux vieillards peuvent enfin s'aimer dans une passion paisible et sans orages.
Si le film est loin d'être parfait, Newell s'en sort miraculeusement bien comparé à ses aptitudes habituelles. Le début sur la passion de jeunesse entre Fermina (Giovanna Mezzogiorno) et Florentino (Unax Ugalde puis Javier Bardem) bien qu'un peu expédiée traduit bien les caractères des deux personnages. Florentino passionné et romantique jusqu'à la folie et Fermina indomptable et déterminée. Il n'y a pas grand chose à reprocher au niveau de l'adaptation en elle même, très fidèle et pas édulcorée.
Les évènements les plus infimes sont conservés (l'aide épistolaires de Florentino aux amoureux peu inspirés), les caractéristiques si marqués des personnages secondaires également (la manie de chanter aux enterrements de l'oncle, la violence du père de Fermina remarquablement interprété par John Leguizamo) l'atmosphère si spécifique de cette Colombie au carrefour du XXe siècle entre modernité et sauvagerie ancestrale est vraiment bien captée. La direction artistique est réellement époustouflante à travers les décors de Paul Kirby, la photo crépusculaire de Alfonso Beato et les costumes de Marit Allen. Même les deux chansons de Shakira (Colombie oblige) sont supportable c'est dire.
On ressent néanmoins les limites de Newell malgré les louables intentions. Il manque clairement la vision d'un grand cinéaste pour donne un souffle à l'ensemble. Le livre déploie un souffle passionné et intense sur une période de 50 ans avec des évènements somme toute anodins où s'exprime la tristesse du temps qui passe et Newell ne parvient pas retranscrire cela à l'écran. Les scènes s'enchaînent donc sans vrai liant à coup de gros artifices comme l'apparition d'une voix off pour Florentino (absente du livre qui n'est absolument pas à la 1ere personne), les accélérations malvenue quant il faudrait ralentir la narration et inversement.
L'absence du grand amour platonique de Florentino si important dans le livre est également dommageable. S'il peine sur la longueur, Newell parvient pourtant à retrouver lors de moments isolés la magie du livre notamment grâce à l'interprétation. Javier Bardem est extraordinaire en Florentino Ariza, précieux, timide et sous son aspect insignifiant exprimant un besoin de protection qui séduira ses nombreuse conquête. Benjamin Bratt est un ton en dessous mais exprime bien la fierté aristocratique de Juvenal Urbino et l'italienne Giovanna Mezzogiorno (malgré un maquillage raté lors de la dernière partie sur la vieillesse) affiche un mélange de dureté et de flamme amoureuse parfait elle est vraiment une magnifique Fermina.
L'érotisme latent même si un peu édulcoré (la maîtresse des vieux jours de Florentino 14 ans dans le livre a été évidemment vieillie) est bien là et forme un tourbillon d'étreintes inattendues à travers les multiple maîtresse de Florentino et offre de très belles scènes. La nuit de noces de Fermina, moment déroutant dans le livre est étonnement bien rendu et globalement le film malgré sa narration boiteuse parvient à distiller ce doux parfum de mélancolie.
Même si le montage est vraiment trop abrupt (il aurait fallut 20 minutes de plus pour que le film respire) la dernière partie sur les héros désormais vieillards est vraiment belle, la complicité entre Bardem et Mezzogiorno dans l'expressions de ses sensations oubliées étant assez magique. Sans doute beaucoup plus appréciable sans avoir lu le livre mais en l'état une transposition honnête d'un matériau de départ pas facile. Maintenant si une bonne âme pouvait confier une adaptation de Cent ans de Solitude à Terence Malick (le candidat idéal !) ça serait le rêve.
Sorti en dvd zone français chez Seven 7
Bande annonce amusante puisque vendant le film comme le grand récit romantique qu'il n'est pas vraiment...
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Envie de lire le bouquin depuis longtemps, pas vraiment eu des échos positifs du film... l'actrice principale est en tout cas fort jolie.
RépondreSupprimerComme j'attendais très peu du film j'ai été finalement agréablement surpris mais ce n'est pas inoubliable c'est clair fonce pour le livre (et Cent ans de Solitude aussi) c'est formidable !
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