jeudi 6 janvier 2011
Who's that knocking at my door - Martin Scorsese (1968)
Petite frappe du quartier italien de New York, J.R.décide de se poser pour épouser la femme qu'il aime. Il apprend que celle-ci a été violée quelque temps plus tôt et il ne peut en supporter l’idée.
Who's that knocking at my door, premier long métrage de Scorsese, est à l'origine un film d'étude incomplet intitulé Bring on the Dancing Girls tourné pour 30 000 modeste dollars. Les qualités de ce brouillon sont telles que divers intervenants inciteront le réalisateur en herbe à le rallonger, nécessitant un tournage fauché sur plusieurs années au gré de la disponibilité du casting. Le film forcément imparfait (quelques longueur et redondance) témoigne pourtant déjà des thématiques de Scorsese à l'état brut avec ce personnage de JR (tout jeune Harvey Keitel) précurseur des héros de Mean Streets, partagés entre foi, culpabilité religieuse et vie facile avec les autres bons à rien du quartier. C'est d'ailleurs ces deux aspects de son éducation qui vont le perdre au point de le rendre incapable de compassion envers le terrible sort de sa petite amie en conclusion, engoncé qu'il est dans ses principes religieux et codes machiste de la rues.
Il est amusant de constater les progrès de Scorsese au fil du film, toutes les scènes concernant le couple ayant été filmé plusieurs années après le film d'étude de départ qui lui concerne essentiellement les facéties immatures de la bande de Keitel. C'est suite au conseils de son professeur de cinéma Haig Mannogian que le scénario de cette version rallongée développe grandement le personnage de Keitel, ajoute le personnage féminin de Zina Bethune et approfondi la romance.Le film a trouvé son sens et c'est là que se dévoile l'âme et les meilleurs moment du récit comme la scène de rencontre à la gare,d'une inventivité incroyable. D'un simple dialogue où n'importe qui aurait alterné champ contre champ et plan d'ensemble classique la séquence devient à coup de travelings, plongée surprenante et fondus enchaînés une illustration idéale de la naissance du sentiment amoureux entre deux personnes par la seule force de l'image (et aussi du dialogue sur la Prisonnière du désert où on sent le côté référentiel encore maladroit de Scorsese).
Il procède d'ailleurs de la même manière pour montrer le fossé qui les sépare désormais lors de la scène où la fille avoue le viol à Keitel, où encore la dernière entrevue, là encore le placement des personnage ainsi que le cadrage de leurs corps ou visage sera aussi évocateurs que les mots amers qu'il s'échangent désormais. Même si l'influence de la Nouvelle Vague (qui a traumatisé tout ses jeune réalisateurs du Nouvel Hollywood a ce moment là) est patente et malgré quelques passages typique des clichés de l'esthétique en vogue du moment (les scène de nu esthétisante surfant sur le cinéma érotique en essor) , la personnalité de Scorsese s'impose déjà dans ce beau diamant brut qui annonçait en tout point la brillante suite à venir. Bien que très modestement distribué doté d'une multitude de titres alternatifs (I call first et JR notamment) lance donc pour de bon la carrière de Scorsese qui retrouve la pour la première fois sa fidèle monteuse (et future femme de Michael Powell) Thelma Schoonmaker.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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Diamant brut. Je crois que c'est la définition idéale pour ce film bourré de qualités et de très bonnes idées, mais complètement décousu, ce qui rend difficile l'attention du spectateur. J'avais été un peu déçu de ce film que je n'ai pas revu depuis quelques temps, car difficile d'accès.
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