Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 30 mai 2025

Innocents: The Dreamers - Bernardo Bertolucci (2003)

Mai 1968, à Paris. La révolte étudiante gronde, les manifestations se multiplient. Isabelle et son frère Théo, restés seuls dans la capitale pendant les vacances de leurs parents, invitent chez eux Matthew, un étudiant américain qu'ils ont rencontré à la Cinémathèque où ils passent le plus clair de leur temps. Dans cet appartement, ils rejouent les scènes de leurs films préférés, cherchent à se découvrir en se livrant à des jeux sensuels de plus en plus troubles.

Avant-dernier film de Bernardo Bertolucci, Innocents semble sur bien des points comme une forme de synthèse de certains des sommets de sa filmographie. Le huis-clos dans un appartement parisien sur fond de sexualité sulfureuse rappelle bien sûr le controversé Le Dernier tango à Paris (1972). L’arrière-plan sociopolitique et révolté de mai 68, ainsi que la description d’une certaine jeunesse cinéphile et idéaliste évoquent quant à eux Prima della rivoluzione (1964), premier film que Bertolucci considérait comme personnel au sein de sa filmographie. Le réalisateur adapte ici le roman The Holy Innocents de Gilbert Adair - également auteur du scénario – publié en 1988. Inspiré de Les Enfants terribles de Jean Cocteau et de l’adaptation éponyme qu’en tira Jean-Melville (1950), le roman offre effectivement un écrin idéal à Bertolucci pour apporter un regard neuf et mature sur certains pans son œuvre passée.

Le récit nous plonge dans la fièvre cinéphile qui agitait la jeunesse cultivée des années 60, et nous fait revivre certains évènements majeurs d’alors comme les manifestations qui eurent lieu devant la cinémathèque de Chaillot après l’éviction de Henri Langlois de sa direction par le ministre de la Culture André Malraux. Bertolucci dans ce début de film enchevêtre les clins d’œil cinéphiliques avec l’avancée de son intrigue. Ainsi la rencontre entre le trio de héros durant les manifestations laissent entrevoir une superposition entre les images d’archives d’un jeune Jean-Pierre Léaud et celles de lui plus âgé, issues du film, déclamant pour la défense de Langlois devant le palais de Chaillot dans une fluidité de montage où la phrase de l’archive se conclut dans la fiction qu’est Innocents.

Les trois protagonistes représentent chacun une facette de la personnalité de Bertolucci. Matthew (Michael Pitt), jeune américain innocent, naïf et cinéphile est une sorte de double de Bertolucci même si ce dernier avait dépassé ce seul stade en 1968. Théo (Louis Garrel) correspond lui à la facette politisée et idéaliste du réalisateur, tandis qu’Isabelle (Eva Green) correspond aux penchants provocateurs et excentriques de Bertolucci. Se liant d’amitié avec les jumeaux Isabelle et Théo, Matthew être entraîné dans une relation trouble avec eux à travers une sorte de triangle amoureux. Le trio commence par partager un sandwich durant leur première rencontre, puis l’appartement vide laissé par les parents des jumeaux, les idées au rythme d’intense discussion cinéphiles et politiques, puis enfin les corps dans un mélange de défi, désir et provocation.

Bertolucci multiplie dans un premier temps les références, dont il parsème le film à plusieurs niveaux. Il y a tout d’abord les « quizz » cinéphiles que se lancent inopinément les personnages, débouchant sur de nombreux extraits entrecoupant le film, et dont l’issue débouche sur des gages restant sur cet axe érudit et ludique (battre le record de course dans le Louvre de Bande à part de Jean-Luc Godard (1964)) avant de prendre une tournure plus provocatrice. L’environnement même des jumeaux débordent de cette obsession pour le cinéma, notamment les chambres d’adolescents parsemés d’affiches de films, de collage comme ce détournement du tableau La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix dont la femme révolutionnaire arbore désormais le visage de Marilyn Monroe. Ce cadre traduit les velléités provocatrices des jumeaux, leur volonté de bousculer les socles institutionnels, mais aussi leur approche puérile et superficielle pour le faire.

Innocents apparaît en effet comme une variation, avec le recul du vieil homme qui a vécu, de Prima della rivoluzione. Dans ce dernier, Bertolucci restait irrésolu dans sa volonté de célébrer ou de dénoncer les ruades idéologiques de son jeune héros politisé dans la parole, mais bien peu actif dans les actes. Matthew place à de nombreuses reprises Théo face à ses contradictions lorsque ce dernier s’égare dans les déclamations creuses autour de l’idéologie maoïste. Il en va de même lors des discussions cinéphiliques durant lequel le jeune américain propose une argumentation cohérente quand son interlocuteur n’est que dans la posture. Prima della rivoluzione souffrait d’une esthétique bien trop explicitement influencée par la Nouvelle Vague, et plus particulièrement Godard que Bertolucci admirait profondément. Bertolucci semble presque dénoncer son propre manque d’identité de l’époque, tant dans le versant cinématographique que politique, dans la caractérisation de Théo.

L’égarement fiévreux des sens revêt la même dimension critique avec le personnage d’Isabelle. Ces instincts provocateurs, la sensualité et la liberté dont elle fait montre avec son corps, ne dépassent pas le giron de son frère jumeau. Le sentiment de jeu et de défi permanent aboutit ainsi à des moments chocs, comme lorsqu’Isabelle couche avec Matthew suite à un gage de Théo, et qu’à l’issue du coït l’on comprend qu’elle était vierge. L’appartement se transformant progressivement en dépotoir et les corps des trois jeunes gens de plus en plus enchevêtrés constituent une prison physique et mentale plutôt que l’émancipation qu’ils revendiquent. C’est assez captivant de voir la manière dont Bertolucci retourne les motifs supposés de liberté (sexuelle, politique) de l’époque pour dénoncer leur aspect aliénant - Matthew étant le tampon permettant de consommer l'inceste par procuration pour les jumeaux, mais exclu de ce "triangle" en définitive. C’est une facette qu’il retranscrit d’ailleurs aussi dans la bande-son, composées de certains des artistes les plus anticonformistes d’alors, mais dont l’écoute obsessionnelle par les protagonistes (Ball and Chain et I need a man to love de Janis Joplin revenant en boucle, incessamment joués par Isabelle) traduisent une pose plutôt qu’un instinct sincère de rébellion. 

L’ambiguïté idéologique et/ou de mœurs agitant volontairement ou non certaines œuvres passées de Bertolucci semble en partie résolue avec Innocents, Matthew représentant ce à quoi le réalisateur aurait aspiré être et le duo Théo/Isabelle les errances morales et intellectuelles dans lesquelles il s’est parfois perdu. Sous le drame juvénile et torride, Innocents apparaît davantage comme le droit d’inventaire d’une époque. Le talent des trois acteurs (en particulier une Eva Green étincelante dans ce premier rôle majeur où elle crève l’écran) empêche l’entreprise de basculer dans le cynisme, tout en demeurant lucide avec cette séquence finale d’émeute où Théo et Isabelle s’immerge enfin dans cette révolution dont ils n’ont jusque-là fait que parler, mais davantage pour l’adrénaline que par convictions. 

Sorti en bluray français chez Metropolitan

mercredi 28 mai 2025

La Tigresse - Too Late for Tears, Byron Haskins (1949)

La nuit, sur une route déserte de Californie, les Palmer se rendent à une soirée quand une mystérieuse voiture leur jette une mallette. Ils découvrent qu'elle est remplie de dollars. Si Alan veut prudemment remettre la trouvaille à la police, sa femme, Ellen, n'est pas prête à y renoncer. Le couple décide d'attendre un peu, mais quand un homme vient réclamer l'argent, une décision doit être prise. Jusqu'où la jeune femme ira-t-elle pour garder le magot ?

La Tigresse est un film noir qui participe à installer l’aura de Lizbeth Scott en tant que femme fatale emblématique du genre. Le scénario a l’originalité de déplacer, tant formellement, thématiquement que psychologiquement, cette figure de la femme fatale dans un contexte plus terre à terre. Point d’intrigue tortueuse, d’héroïne vénéneuse ou d’atmosphère stylisée et mystérieuse ici. Ellen (Lizbeth Scott) est une jeune femme vénale qui pense que le destin l’a toujours éloigné de la grande vie fastueuse qu’elle mérite. 

Il est largement sous-entendu qu’elle a probablement poussé au suicide un premier mari qui n’a pas su répondre à ses exigences luxueuses, et elle-même admettra avoir eu le sentiment de ne pas être à sa place durant son enfance au sein d’une famille modeste. Tout ces éléments qui seront explicités plus tard se devine durant la scène d’ouverture où Ellen, honteuse de sa condition, rechigne à se rendre à la soirée chez des amis nantis en compagnie de son époux Alan (Arthur Kennedy). La providence semble enfin sourire au couple quand une mallette remplie de dollars échoue dans leur voiture durant leur trajet.

Alan malgré la tentation de garder le magot préfère le rendre aux autorités, mais à l’inverse tous les rêves de grandeur d’Ellen sont ravivés, et l’entraîneront dans une spirale criminelle sans fin. La frivolité du personnage est parfaitement capturée, les premières dépenses ne servant qu’à des produits de luxe futiles et superficiels – tout comme le train de vie faste et vain qu’elle tiendra en fin de film. Cet argent ne sert qu’à combler un vide matériel, à flatter un égo, ne s’inscrit que dans une satisfaction immédiate et individualiste dont son époux est totalement exclu. Lizbeth Scott le visage dur et l’œil brillant de cupidité es fascinante, imposant une présence froide à la Lauren Bacall, mais totalement déshumanisée. Sa vilénie écrase les protagonistes bons l’entourant, son mari en tête (la bonhomie d’Arthur Kennedy fonctionnant à merveille), et finit par intimider les mauvais qui tente de l’intimider tel Danny Fuller (Dan Duryea) qui va amèrement regrette être venu réclamer son dû.

Malgré quelques atermoiements (le personnage de Don Black (Don DeFore ) introduit au forceps), le cadre domestique du récit (hormis quelques scènes extérieurs les enjeux s’articulent dans les espaces clos d’appartements quelconques) offre un contraste captivant entre cette normalité et la détermination impitoyable d’Ellen. Byron Haskins, plus connu pour son travail sur les effets spéciaux ou pour des réalisations plus spectaculaires (La Guerre des mondes (1953), Quand la Marabunta gronde (1954)) se montre fort intéressant sur ce registre plus sobre et parvient à livrer un film noir singulier et prenant.

Sorti en bluray français chez Elephant Films 

lundi 26 mai 2025

Iron Man - Joseph Pevney (1951)

Quand Coke Masson monte sur le ring pour défendre son titre de champion du monde poids lourds, il se fait huer par la foule entière alors que le challenger est acclamé. Parmi les spectateurs, une femme se souvient des événements qui ont conduit 2000 personnes à le haïr, et de la terrible histoire derrière la rivalité entre les deux hommes qui s'affrontent.

Iron Man est la seconde adaptation du roman éponyme de W. R. Burnett, après celle signée en 1931 par Tod Browning. Le film adopte une construction en flashback dans le cadre d’un combat de boxe dont nous comprendrons alors les tenants et aboutissants. Cette narration pourrait évoquer certains films noirs fonctionnant selon le même procédé (Nous avons gagné ce soir de Robert Wise en tête) mais Iron Man ne va pas sur ce terrain-là. La notion de film sportif est très relative, tant les circonstances amenant le héros Coke Masson (Jeff Chandler) des mines de charbon au championnat du monde de boxe sont fantaisistes. L’accent est mis sur les instincts quasi meurtriers se réveillant sur le ring pour Coke Masson et la manière dont cela fait de lui un boxeur clivant aux yeux du public. Pas d’entraînement, de dépassement de soi ou même d’affres de la gloire, Iron Man est une étude de caractère où le combat le plus intense de Masson est livré contre lui-même.

La mise en place dépeint la nature paisible du personnage, fuyant les conflits pour ne pas raviver la bête qui sommeille en lui. Les provocations ordinaires, l’avidité de son entourage et le dénuement matériel finissent par le convaincre malgré lui de gagner temporairement sa vie dans la boxe. C’est le départ d’une spirale de violence, sans retour en arrière possible. La prestation nerveuse et menaçante de Jeff Chandler (très crédible en boxeur et s’étant façonné une belle condition physique) parvient à faire oublier les raccourcis du récit, aidé aussi par de seconds rôles forts comme Stephen McNally en grand frère roublard ou Jim Backus en journaliste – sans parler d’un Rock Hudson débutant mais déjà très charsmatique. Le savoir-faire de Joseph Pevney fait le reste avec de remarquables scènes de boxe, portée par une caméra très mobile, des angles inventifs et une brutalité très prononcée. Les bascules mentales lesquelles Masson laisse le fauve prendre la place du boxeur installent une intensité palpable et provoquent une imprévisibilité dont est un peu dépourvu le scénario.

La forme est inventive, le fond plutôt original en définitive (l’apprentissage de combattre à la régulière et dompter ses bas-instincts, mais la narration est trop conventionnelle pour sortir du tout-venant – malgré la vraie émotion de la scène finale préfigurant Rocky (1976) dans la manière dont Masson gagne le respect d’un public hostile.

Sorti en bluray français chez Elephant Film
 

jeudi 15 mai 2025

Pontcarral, colonel d'Empire - Jean Delannoy (1942)

Pontcarral est un baron, ancien colonel d'Empire, méprisé de tous pendant la Restauration. Lorsque Garlone de Ransac, fière aristocrate, lui propose de l'épouser, il y voit une possible revanche sur la société. C'était sans savoir que Garlone l'utilise aussi pour une vengeance personnelle. Dans une époque marquée par les expérimentations politiques, Garlone et Pontcarral devront trouver ensemble leur équilibre.

Pontcarral, colonel d’Empire est une production pensée par Jean Delannoy comme une d’œuvre de « contrebande » destinée à raviver un sentiment patriotique pour ses spectateurs soumis à l’Occupation. Comme nombre d’œuvres de l’époque visant les mêmes objectifs, le film (adapté du roman Pontcarral d'Albéric Cahuet publié en 1937) masque ses intentions en se situant dans un contexte historique éloigné et en intégrant au récit une dimension romanesque posant un autre enjeu central. Ainsi la métaphore de la résistance à l’oppression est représentée ici par Pontcarral (Pierre Blanchar), ancien colonel de Napoléon 1er et farouche opposant à la Restauration. Le film s’ouvre en 1815, alors que tout espoir est perdu avec l’exil de l’empereur à Sainte-Hélène, mais démontre le panache Pontcarral avec un coup d’éclat magistral durant lequel il saccage les célébrations du couronnement de Louis XVIII dans sa ville de Sarlat.

Dix ans passent et malgré la défiance et les pièges tendus par les aristocrates, Pontcarral demeure cet inflexible et passionné bonapartiste. Le scénario oppose la fourberie des aristocrates, notables sournois ou viveurs dépravés, à la droiture des bonapartistes dont l’expérience aux côtés de l’empereur a permis de s’élever socialement. Le parti-pris de Delannoy de jouer avec la réalité contemporaine de l’Occupation allemande simplifie certes la vérité de la période du récit, mais crée le schisme attendu qui saura être interprété par le public français. L’interprétation amène d’ailleurs une subtilité bienvenue à l’ensemble, notamment Pierre Blanchar. Il semble initialement interpréter un symbole davantage qu’un personnage par sa raideur, mais ses airs bravaches et rigolards face à ses ennemis (la tentative d’inculpation qu’il désamorce par la moquerie) et la douceur inattendue qu’il dévoile progressivement l’humanise. Ce sera d’abord la bienveillance bourrue envers la jeune Sibylle de Ransac (Suzy Carrier) durant leur leçon de cheval, puis l’amour éprouvé par la sœur ainé de celle-ci, Garlone (Annie Ducaux). La manière dont cet homme dur cède à la séduction de cette femme pour l’épouser, démontre malgré le devoir la solitude qui a traversé son existence jusque-là et avec il accepte de rompre aisément. Amoureuse d’un autre qu’elle souhaite punir par une union avec le pire opposant à la Restauration, Garlone est un personnage entre duplicité et passion.

Jean Delannoy observe à merveille l’ambiguïté des rapports liant ses « amoureux ». L’abandon calculé dont Garlone fait preuve dans sa séduction de Pontcarral fait céder les digues rigoristes de ce dernier dans une superbe scène. Au phrasé mensonger de Garlone répond la gestuelle sincère de Pontcarral qui malgré ses dénégations ne peut en définitive s’empêcher de se fendre d’un baiser pour elle. Plus tard une fois le mariage prononcé, le manoir restauré par Pontcarral qu’il fait visiter à Garlone illustrera à la fois l’amour ardent de Pontcarral et la facticité de cette union. L’esthétique de la scène, notamment la magnifique photo de Christian Matras (jouant entre la pénombre du lieu et la blancheur de la robe de mariée de Garlone), exprime une tonalité de conte de fée tout en masquant une vérité plus pathétique. Une même dualité anime la façon dont la nuit de noce sera avortée. C’est autant par fidélité à son vrai amant que par culpabilité de céder à un époux qu’elle trahit que Garlone se refuse à lui, mais par une manœuvre bienveillante qui démontre peut-être déjà la naissance d’un sentiment. Cette dimension de conte se prolonge d’ailleurs quand Pontcarral renonce à sa nuit de noce en découvrant sa « belle au bois dormant » feignant le sommeil. Le regard intense et le langage corporel soudain étonnamment délicat chez le soldat démontre toute la nuance du propos, et la finesse du jeu de Pierre Blanchar.

Jean Delannoy n’équilibre cependant pas tout à fait aussi bien par la suite les deux axes (la résistance patriotique et la romance) de son récit. Il manque quelques scènes de quotidien conjugal installant progressivement l’amour sincère des mariés, et rendant intense la découverte de la duperie. Ici la rupture nette cède aux retrouvailles finales passionnées, en ayant installé une rivalité guère poussée avec la sœur cadette, et réinstallé au forceps l’arc militaire avec la révolution de 1830 et la guerre d’Algérie. Fort heureusement le talent des acteurs et le brio formel de Delannoy compense ces écueils. Le réalisateur offre une reconstitution somptueuse, par de flamboyants tableaux lors des scènes de studio et d’envoutantes séquences pastorales durant les extérieurs, notamment ce magnifique duel filmé de loin au petit matin.

Le mélange qui ne fonctionnait que par intermittences dans la narration entre romanesque et cadre historique, se déploie pleinement lors de la dernière scène grandiose. Pontcarral ayant retrouvé ses galons arpente la ville à cheval avec ses troupes – le filmage de la scène ayant nécessité la plus grande roublardise pour Delannoy en pleine Occupation - en route pour l’Algérie, passant devant sous les fenêtres où l’observent Sybille et Garlone – Delannoy nous gratifiant d’un gros plan magistral sur les yeux embués de celle-ci. On peut se demander si ce final n’a pas inspiré René Clair pour la conclusion tout aussi forte de Les Grandes manœuvres (1955). Malgré quelques scories, Pontcarral, colonel de l’empire est donc une belle réussite qui remportera un grand succès grâce à ce fameux double sentiment – la résistance et le romantisme – qu’il inspirera auprès du public.

Sorti en bluray français chez Pathé

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