Quand Coke Masson monte sur le ring pour défendre son titre de champion du monde poids lourds, il se fait huer par la foule entière alors que le challenger est acclamé. Parmi les spectateurs, une femme se souvient des événements qui ont conduit 2000 personnes à le haïr, et de la terrible histoire derrière la rivalité entre les deux hommes qui s'affrontent.
Iron Man est la seconde adaptation du roman éponyme de W. R. Burnett, après celle signée en 1931 par Tod Browning. Le film adopte une construction en flashback dans le cadre d’un combat de boxe dont nous comprendrons alors les tenants et aboutissants. Cette narration pourrait évoquer certains films noirs fonctionnant selon le même procédé (Nous avons gagné ce soir de Robert Wise en tête) mais Iron Man ne va pas sur ce terrain-là. La notion de film sportif est très relative, tant les circonstances amenant le héros Coke Masson (Jeff Chandler) des mines de charbon au championnat du monde de boxe sont fantaisistes. L’accent est mis sur les instincts quasi meurtriers se réveillant sur le ring pour Coke Masson et la manière dont cela fait de lui un boxeur clivant aux yeux du public. Pas d’entraînement, de dépassement de soi ou même d’affres de la gloire, Iron Man est une étude de caractère où le combat le plus intense de Masson est livré contre lui-même.
La mise en place dépeint la nature paisible du personnage, fuyant les conflits pour ne pas raviver la bête qui sommeille en lui. Les provocations ordinaires, l’avidité de son entourage et le dénuement matériel finissent par le convaincre malgré lui de gagner temporairement sa vie dans la boxe. C’est le départ d’une spirale de violence, sans retour en arrière possible. La prestation nerveuse et menaçante de Jeff Chandler (très crédible en boxeur et s’étant façonné une belle condition physique) parvient à faire oublier les raccourcis du récit, aidé aussi par de seconds rôles forts comme Stephen McNally en grand frère roublard ou Jim Backus en journaliste – sans parler d’un Rock Hudson débutant mais déjà très charsmatique. Le savoir-faire de Joseph Pevney fait le reste avec de remarquables scènes de boxe, portée par une caméra très mobile, des angles inventifs et une brutalité très prononcée. Les bascules mentales lesquelles Masson laisse le fauve prendre la place du boxeur installent une intensité palpable et provoquent une imprévisibilité dont est un peu dépourvu le scénario. La forme est inventive, le fond plutôt original en définitive (l’apprentissage de combattre à la régulière et dompter ses bas-instincts, mais la narration est trop conventionnelle pour sortir du tout-venant – malgré la vraie émotion de la scène finale préfigurant Rocky (1976) dans la manière dont Masson gagne le respect d’un public hostile.Sorti en bluray français chez Elephant Film
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