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vendredi 3 mai 2013

Manhattan Melodrama - W.S Van Dyke (1934)


Deux amis prennent des chemins radicalement différents dans la vie, l'un gangster, l'autre Gouverneur. Mais une femme les attire : Eleanor.

De la plus grande canaille peut venir le sacrifice le plus noble et de l'homme le plus vertueux la droiture la plus résignée, tout cela au nom de la poignante amitié dépeinte par ce beau mélodrame de W.S Van Dyke. L'histoire dépeint les destins croisés de deux amis d'enfances, Jim (William Powell) et Blackie (Clark Gable). Victimes au plus jeune âge de la perte et de l'injustice et de la perte (fulgurante et cruelle scène de naufrage en ouverture avec un Mickey Rooney jouant Gable enfant) ils auront chacun un chemin bien différent pour répondre à cette douleur initiale. Blackie va devenir un gangster et se rire de toute cette comédie humaine quand Jim à force de volonté va devenir un des pontes politique locaux procureur puis gouverneur.

Leur relation est puissamment dépeinte par Dyke et un scénario subtil qui ne les oppose que par leur monde radicalement différents désormais, l'affection mutuelle demeurant sans que chacun n'ignore et renie les choix de l'autre. Clark Gable trouve en plus sombre l'emploi qu'il tiendra dans une autre de ses collaborations avec Dyke, San Francisco (1936). Un homme au train de vie et aux actes discutable mais cachant une bienveillance qui ne demande qu'à s'exprimer. William Powell à l'inverse incarne une rigueur et une droiture qui ne peut être fléchie par l'amitié.

Ce lien devient intenable lorsque chacun s'immisce plus loin dans le monde qu'il s'est choisi, Blackie passant des petits trafics au meurtre et Jim atteignant les hautes sphères du pouvoir. Une certaine ambiguïté vient s'insinuer lorsque du mal peut surgir une ultime marque d'amitié et que de cette morale exacerbée cette même amitié se verra définitivement rompue.

Clark Gable avec son détachement et son bagout habituel exprime avec subtilité ce sentiment profond au terme d'une dernière scène poignante avec Powell, porté par ce regard malicieux et aimant prouvant que le sacrifice en valait la peine. A l'inverse Powell est un livre ouvert d'émotion sous sa fermeté et dépasse enfin son statut et sa fonction lorsqu'il comprend à quel point à son tour ce qui lui en coutera. Cela s'exprimera magnifique à travers la relation des deux hommes à Myrna Loy, amante de l'un puis épouse de l'autre.

C'est lorsqu'ils s'enfoncent chacun leur tour dans leur archétype (le gangster sans scrupule et le magistrat sans pitié ni remords), dans leur rôles en oubliant qu'ils sont des hommes avant tout qu’ils la perdront. C'est également par elle, véritable conscience, qu'ils quitteront leurs costumes pour laisser parler l'amitié, au prix de la rédemption pour Gable et à celui d'une liberté loin des ambitions pour Powell.

Un film remarquable qui transcende sa construction mécanique en donnant une consistance et une émotion inattendue à ses personnages. Une finesse dont un certain Joseph L. Mankiewicz au scénario n'est sans doute pas étranger...

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Forbiden Hollywood consacrée au Pre Code

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