Deux amis prennent des chemins
radicalement différents dans la vie, l'un gangster, l'autre Gouverneur.
Mais une femme les attire : Eleanor.
De la plus grande
canaille peut venir le sacrifice le plus noble et de l'homme le plus
vertueux la droiture la plus résignée, tout cela au nom de la poignante
amitié dépeinte par ce beau mélodrame de W.S Van Dyke. L'histoire
dépeint les destins croisés de deux amis d'enfances, Jim (William
Powell) et Blackie (Clark Gable). Victimes au plus jeune âge de la perte
et de l'injustice et de la perte (fulgurante et cruelle scène de
naufrage en ouverture avec un Mickey Rooney jouant Gable enfant) ils
auront chacun un chemin bien différent pour répondre à cette douleur
initiale. Blackie va devenir un gangster et se rire de toute cette
comédie humaine quand Jim à force de volonté va devenir un des pontes
politique locaux procureur puis gouverneur.
Leur relation est
puissamment dépeinte par Dyke et un scénario subtil qui ne les oppose
que par leur monde radicalement différents désormais, l'affection
mutuelle demeurant sans que chacun n'ignore et renie les choix de
l'autre. Clark Gable trouve en plus sombre l'emploi qu'il tiendra dans
une autre de ses collaborations avec Dyke,
San Francisco (1936). Un homme au train de vie et aux actes discutable mais cachant
une bienveillance qui ne demande qu'à s'exprimer. William Powell
à l'inverse incarne une rigueur et une droiture qui ne peut être
fléchie par l'amitié.
Ce lien devient intenable lorsque chacun
s'immisce plus loin dans le monde qu'il s'est choisi, Blackie passant
des petits trafics au meurtre et Jim atteignant les hautes sphères du
pouvoir. Une certaine ambiguïté vient s'insinuer lorsque du mal peut
surgir une ultime marque d'amitié et que de cette morale exacerbée cette
même amitié se verra définitivement rompue.
Clark Gable avec son
détachement et son bagout habituel exprime avec subtilité ce sentiment
profond au terme d'une dernière scène poignante avec Powell, porté par
ce regard malicieux et aimant prouvant que le sacrifice en valait la
peine. A l'inverse Powell est un livre ouvert d'émotion sous sa fermeté
et dépasse enfin son statut et sa fonction lorsqu'il comprend à quel
point à son tour ce qui lui en coutera. Cela s'exprimera magnifique à
travers la relation des deux hommes à Myrna Loy, amante de l'un puis
épouse de l'autre.
C'est lorsqu'ils s'enfoncent chacun leur tour dans
leur archétype (le gangster sans scrupule et le magistrat sans pitié ni
remords), dans leur rôles en oubliant qu'ils sont des hommes avant tout
qu’ils la perdront. C'est également par elle, véritable conscience, qu'ils quitteront leurs
costumes pour laisser parler l'amitié, au prix de la rédemption pour
Gable et à celui d'une liberté loin des ambitions pour Powell.
Un film
remarquable qui transcende sa construction mécanique en donnant une
consistance et une émotion inattendue à ses personnages. Une finesse dont un certain Joseph L. Mankiewicz au scénario n'est sans doute pas étranger...
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Forbiden Hollywood consacrée au Pre Code
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire