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lundi 9 septembre 2013

Les Bas-fonds new-yorkais - Underworld U.S.A, Samuel Fuller (1961)

Le jeune Tolly Devlin voit son père se faire tabasser à mort par les membres d'un gang de délinquants, à l'âge de quatorze ans. Devenu adulte, il prépare sa vengeance envers les assassins de son père, désormais au sommet de la pègre new-yorkaise...

Fuller signe un polar majeur et novateur avec ce Underworld U.S.A. L'ère du film noir classique est bien terminée et en ce début des 60's divers oeuvres feront évoluer le genre policier comme par exemple Les Tueurs de Don Siegel faisant la bascule vers le polar urbain. En grand portraitiste de l'Amérique qu'il est, Fuller capture un contexte qui ne sera effectif que quelques années plus tard au cinéma avec un film comme Le Parrain (1972).

C'est le moment où le crime organisé devient une froide machine capitaliste fonctionnant comme une entreprise et où le profit se fait sans états d'âmes à travers les secteurs les plus rentable que sont la corruption, la prostitution et le trafic de drogue. Pour les contrecarrer, la justice s'organise aussi en une entité plus vaste que la seule police et remontant jusqu'au hautes sphères judiciaire. Le scénario de Fuller illustre tout ces enjeux par une lente digression où partant de la quête de vengeance du jeune Tolly Devlin (Cliff Robertson), on découvrira les arcanes de cette véritable guerre entre le syndicat du crime et la justice.

Le scénario linéaire avance donc au fil des découvertes et des manigances de Tolly, progressant à la fois dans l'organigramme de la mafia et gagnant la confiance de la police pour mieux accomplir sa vengeance. La brutale scène d'ouverture où le père du héros est tabassé et tué donne le ton, le parcours criminel en ellipse de Tolly, le visage juvénile mais déjà marqué par le mal de David Kent passant aux traits plein de malice vicieuse de Cliff Robertson lorsqu'on le retrouve à l'âge adulte.

Tolly est une sorte d'électron libre entre la justice et le crime, impitoyable et individualiste. La relation avec la mère de substitution Sandy (Beatrice Kay) et surtout la belle Cuddles (Dolores Dorn) qu'il a sauvée par intérêt vont progressivement l'humaniser, en faisant dans le récit un représentant du peuple dans son désir final d'une vie normale et rangée. Même si jamais dit explicitement, le passé de prostituée de Cuddles en fera une autre abîmée de la vie apte à adoucir la dureté de Tolly.

Face à ces personnages torturés, le monde la mafia s'avère implacable et déterminé. Même si un peu simpliste par rapport à d'autres films qui développeront de manières plus fouillées ces aspect (comme Les Affranchis (1990) de Scorsese), tout est déjà là avec la glaçante réunion digne d'un conseil d'administration où chacun des responsables de secteur (prostitution, drogue et syndicat) viennent rendre des comptes aux PDG validant ou pas la progression des chiffres.

Lorsque ces discussions prennent un tour plus concret, Fuller l'exprime par une violence sèche ou personne n'est épargné, femme, enfant ou traître supposé. Le réalisateur rend ces écarts d'autant plus frappant par un montage qui s'arrête toujours net avant l'explosion pour nous montrer cruellement l'accomplissement de l'action (le corps désarticulé de la fillette après avoir été renversée) ou conclure la scène par un humour noir inattendu (le truand demandant du feu pour sa cigarette après avoir fait flamber un quidam dans sa voiture).

Dans ce contexte tous les coup fourrés de Tolly emportent l'adhésion, faisant tomber une à une les pièce de l'organisation à force de mensonges et presque sans violence directE. Presque si ce n'est cette saisissante séquence où il se révèle à une de ses cibles en la cognant sévèrement mais en laissant à un autre (Richard Rust remarquable en homme de main) le soin de le tuer. C'est finalement par son seul vrai meurtre que s'exprime l'humanité retrouvée de Tolly puisque ne servant plus sa seule personne, mais c'est aussi celui qui le perdra dans un remarquable final où son titubement final aura été inspiré à Fuller par À bout de souffle (1960).

Sorti en dvd zone 2 français chez Wild Side 

2 commentaires:

  1. Une autre scène qui je pense doit avoir influencé Godard pour la fin d'A bout de souffle est la fin de Pushover de Richard Quine, un très bon film noir également

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  2. En fait si influence manifeste il y a ça serait plutôt l'inverse puisque le film de Fuller est sortit un an après "A bout de souffle". Ce serait flatteur pour Godard qui admirait pas mal Fuller je crois.

    Par contre bien vu pour Pushover effectivement la fuite finale est très proche de celle désespérée de Fred McMurray. J'aime beaucoup ce Richard Quine aussi j'en parlais ici sur le blog d'ailleurs http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr/2011/08/du-plomb-pour-linspecteur-pushover.html

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