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mardi 10 septembre 2013

L'esprit s'amuse - Blithe Spirit, David Lean (1945)

Écrivain à succès, Charles Condomine organise, avec sa nouvelle femme Ruth, un dîner en compagnie d’une voyante excentrique. À la fin du repas, les convives se rassemblent autour d’une séance de spiritisme que tous croient ratée. Mais ce soir-là, Charles est hanté par le fantôme de sa première femme, Elvira, ce qui suscite la plus grande jalousie chez Ruth…

Avant-dernière collaboration avec Noel Coward avant le classique Brève Rencontre (1945), Blithe Spirit est l'occasion d'une délicieuse incursion dans la comédie pour David Lean. L'intrigue offre une sorte de détonante screwball comedy mâtiné de surnaturel avec un drôle de triangle amoureux entre le monde de vivant et l'au-delà. Charles Condomine (Rex Harrison) écrivain à succès décide avec son épouse Ruth (Constance Cummings) d'inviter le médium excentrique Madame Arcati (Margaret Rutherford) pour une séance de spiritisme servant à lui donner matière quant au sujet de son prochain livre.

La soirée prend un tour amusant et moqueur vis à vis des excentricités du médium mais la séance supposée ratée a laissée des traces. Elvira (Kay Hammond), l'épouse décédée sept ans auparavant de Charles a ainsi fait sa réapparition, bien décidée à enquiquiner sa remplaçante.

Passé la stupeur et le doute initial, le film assume de plein pied son argument fantastique et amuse de bout en bout. On jouera d'abord sur la rivalité entre les deux épouses, Elvira étant une délicieuse langue de vipère ectoplasmique au charme décontracté tandis que la légitime Ruth est-elle une boule nerf rongée par la jalousie. La complicité retrouvée entre Charles et Elvira alterne avec les échanges orageux avec Ruth et donne l'occasion de mettre en valeur les bons mots de Noel Coward dont cette réplique cinglante de Rex Harrison censurée lors de la sortie américaine.

If you're trying to compile an inventory of my sex life, I feel it only fair to warn you that you've omitted several episodes. I shall consult my diary and give you a complete list after lunch./Si ce que tu essayes de faire c'est dresser l'inventaire de ma vie sexuelle, pour être honnête avec toi je me dois de te prévenir que tu as omis plusieurs épisodes. Je vais consulter mon journal et je te donnerai une liste complète après le déjeuner.

Lean donne une énergie et un charme constant à l'ensemble, par le jeu sur les dialogues se chevauchant et suscitant le quiproquos entre le trio de héros et l'intrigue sait constamment rebondir dans des directions inattendues. Le triangle amoureux laisse ainsi place à une réflexion plus amère sur le couple où les reproches sur le quotidien ont autant place avec entre les époux fantômes que ceux bien vivant. Rex Harrison excelle toujours en dandy amusé de ses femmes se déchirant pour lui, se préparant déjà au futur Guêpier pour trois abeilles (1967) de Mankiewicz.

Il a le beau rôle avant que l'excellent épilogue prenne un tour plus féministe qui le forcera à tenir un peu plus compte des sentiments de sa/moitié(s), dans ce monde ou dans l'autre. Visuellement c'est également un régal d'atmosphère british avec une photo pastel de Ronald Neame donnant un aspect factice et désuet volontaire avec ce décor studio stylisé renforçant la présence incongrue des fantômes à la texture verte plongés dans ce déluge de couleurs désaturées et de beaux jeu d'ombres. Les effets spéciaux seront d'ailleurs récompensés d'un Oscar. Un très bon moment.

Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta dans le coffret consacré à la période anglaise de David Lean et pour les anglophone le bien plus complet coffret anglais doté de sous-titres anglais.

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