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mardi 22 octobre 2013

Switchblade Sisters - Jack Hill (1975)


Maggie vient juste de rentrer dans le gang de filles, les Dagger Deb. Ce gang a le contrôle du lycée et de la vente d'alcool et de drogues et agit sous la tutelle du gang de leurs gars, les Silver Deb. Alors que Lace, le leader des Silver Deb, commence à s'attacher à Maggie, la mésentente entre les deux camps devient de plus en plus forte... De plus, une nouvelle bande arrive pour tenter de s'approprier leur territoire. Devant l'inactivité des mâles, les Debs se dissocieront d'eux pour se faire nommer les Jezebels et s'allieront avec une bande de révolutionnaires noires pour mettre à genoux le clan rival...

Jack Hill avait contribué à orienter la série B musclée vers une direction plus féminine voire féministe d’abord avec ses WIP (Womens in Prison) un peu racoleur mais aux héroïnes qui en imposaient avec The Big Doll House (1971) et The Big Bird Cage (1972). C’est surtout avec ses pépites de la Blaxploitation qui Jack Hill marquera l’intronisation d’héroïnes « qui en ont » avec Coffy, la panthère noire de Harlem (1973) et Foxy Brown (1974) qui firent de Pam Grier une star en jeune femme menant la vie dure aux malfrats. Un mouvement aussi en cours au Japon avec les productions Toei et Nikkatsu où les adolescentes rebelles font la loi.

Le réalisateur signe son film le plus réussi de cette veine avec Switchblade Sisters où les héroïnes s’avèrent aussi féroces et teigneuses que les hommes tout en conservant fragilité et tourments tout féminins. Le film annonce un peu la veine comic book irréaliste des Guerriers de la Nuit (1978) de Walter Hill avec sa menace urbaine fantaisiste et les tenues bariolées des petites frappes arpentant la jungle urbaine. Sur fond de guerre des gangs sanglante, on suit la rivalité entre Lace (Robbie Lee) et Maggie (Joanne Nail) pour les beaux yeux du chef Dominic (Asher Brauner) puis pour le commandement du gang lorsque ce dernier est mis hors circuit. 

Cette tonalité "comics" sert notamment à la caractérisation des personnages dont les costumes cernent et la personnalité bien typée de façon très efficace. Lace sous ses airs hargneux s'avère le personnage le plus tragique car finalement assez fleur bleue et influençable ce qui va la mener à sa perte. A l'opposé Maggie est une impitoyable et vraie femme d'action tandis que Monica Gayle campe une redoutable "Patch" fille borgne dure à cuire toute de noir vêtue (en plus du « revenge movie » suédois Thriller c’est plutôt ici qu’il faut chercher l’inspiration de Tarantino pour la redoutable Elle Driver campée par Darryl Hannah dans les Kill Bill) qui monte tout ce petit monde les uns contre les autres.

Hill sait mettre en valeur ses bad girls sexy et menaçantes qui arpentent l’asphalte en mini short et combinaison de cuir. Le rythme est trépidant et filmé avec efficacité et concision par Jack Hill qui délivre un spectacle violent et désuet à la fois où il sait varier les situations dont une séquence où il retrouve ses élans WIP lorsque les filles se retrouvent en maison de correction bien répressive. 

Les deux grands moments seront cette scène de guérilla urbaine où les Jezabels empoignent  mitrailleuses et fusils en pleine rue pour en finir avec le gang adverse et surtout le mano à mano final à la lame entre Maggie et Lace bien décidé à régler leurs compte pour de bon. Hill parvient à glisser une étonnante dimension tragique shakespearienne à travers les situations et ses personnages qu’un destin capricieux pousse à s'opposer alors qu’il aurait pu en être tout autrement. C’est le cœur que Hill parvient à mettre dans ce produit de série bariolé et typique qui fait donc tout le sel de Switchblade Sisters

 Sorti en dvd zone 1 et doté de sous-titres anglais

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