Ce film raconte l'histoire de Matt
Cvetic, un agent du FBI d'origine slovène chargé d'infiltrer la branche
locale du parti communiste américain à Pittsburgh en Pennsylvanie, au
cours des années 1940, afin de surveiller toutes leurs activités,
notamment celles qui auraient pour but de détruire la démocratie.
I Was a Communist for the FBI
est en quelque sorte le tribut de la Warner à l'HUAC (House Un-American
Activities Committee) avec un pur film de propagande dénonçant la
menace communiste sur un ton alarmiste et paranoïaque. Le récit
s'inspire du vrai destin de Matt Cvetic, agent du FBI infiltré au sein
de de la branche communique de Pittsburgh durant les années 40 et qui
las de cette existence révéla publiquement sa nature d'informateur. Le
film est un objet très singulier, véritable portrait de la folie anti
rouge animant l'Amérique des années 50, diabolisant les communistes
comme des manipulateurs malfaisant mais à côté de cela constituant un
véritable précis documentaire sur la manipulation des masses et un
thriller assez redoutable.
On découvrira ainsi un héros (Frank
Lovejoy) véritablement mis au banc de sa famille et de son entourage par
son appartenance au parti communiste. Un rejet se manifestant par une
invective ordinaire et un mépris au quotidien qui affecte un Cvetic
néanmoins inébranlable dans sa croisade. Le Parti s'avère en effet un
lieu oppressant où règne la suspicion, l'idéologie soumise et aveugle
fustigeant quiconque ayant une opinion divergente. Cvetic doit donc se
montrer un des plus virulents pour donner le change car constamment
espionné, Gordon Douglas parvenant à instaurer un climat paranoïaque
qu'exagérera à peine par son postulat SF L'Invasion des profanateurs de Sépultures
(1955) de Don Siegel. Chaque collègues, rencontres amicales est un
possible camarade communiste vous scrutant et prêt à vous dénoncer, le
parti multipliant les actions invisibles pour placer ses pions tel cet
accident d'usine où un ouvrier non membre du parti est estropié par une
machine sabotée pour placer un camarade à son poste.
Le portrait se fera
encore plus glaçant à travers les méthodes de manipulations qui
réveillent le courroux des minorités ethniques et sociales afin de
monter les américains les uns contre les autres et semer le chaos en
Amérique. Si le film en rajoute dans la diabolisation et le cynisme des
pontes du parti, la source réaliste du récit donne une portée véridique
et inquiétante à l'ensemble, certaines méthodes et projets fous se
retrouvant par la suite dans des récits d'espionnages contemporains
revenant sur cette époque comme le livre La Compagnie de Robert Littell.
Sous
tous ces aspects, le film soutient une tension de tous les instants
grâce à la mise en scène remarquable de Gordon Douglas. Le sentiment
étouffant et oppressant ne se dément pas du début à la fin et lorsque le
tout s'emballe cela donne une mémorable scène d'action où Cvetic
affronte deux sbires communiste pour sauver une institutrice (Dorothy
Hart) détournée du communisme. Course-poursuite, découpage au cordeau et
violence décomplexée (balle en pleine tête, policier tué avec une
brutalité choquante) rythment avec une redoutable efficacité ce qui est
le meilleur moment du film.
Les aspects les plus troubles (le FBI
toujours bienveillant et prêt à aider son agent) sont édulcorés au
profit du drame humain de Cvetic qui fonctionne bien grâce au jeu
nerveux et habité de Frank Lovejoy. C'est un même sentiment mitigé qui
nous anime lors de la conclusion où l'on est soulagé de voir le héros
réhabilité et faire tomber les méchants mais où tout de même les bons
sentiments sont trop forcés pour être honnête. La dernière image sur
fond d'hymne américain n'est ainsi rien d'autre qu'une statue d'Abraham Lincoln.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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