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samedi 8 février 2014

La Gueule de l'autre - Pierre Tchernia (1979)

Lors de sa campagne électorale, un homme politique prend peur à l'annonce d'un tueur évadé qui en veut à sa personne. Il engage un sosie, acteur raté, qui n'est autre que son cousin.

La Gueule de l'autre est le troisième film de Pierre Tchernia après les cultissime Le Viager (1971) et Les Gaspards (1974). Il perd sur ce nouveau film un partenaire majeur de ses premières réussites à savoir René Goscinny dont la fantaisie et les idées loufoques manquent un peu ici. L'esprit caustique de Tchernia est par contre intact avec cette histoire mettant joyeusement en boite les mœurs et la corruption politique. Michel Serrault (acteur fétiche de Tchernia) tiens ici le double rôle de Martial Perrin, chef politique en vue et engagé dans une élection imminente et celui de son cousin Gilbert Brossard, acteur raté et sosie ayant toujours vécu dans son ombre. Egocentrique, arrogant et détestable dans la peau du politicien aux dents longues, Serrault retrouve tout l'esprit lunaire et la drôlerie du vieillard du Viager lorsqu'il incarne le maladroit Gilbert Brossard et Tchernia reprend d'ailleurs ici ce même thème du naïf faisant la nique aux esprits malavisés qui l'entoure par sa seule innocence.

L'inévitable échange interviendra lorsque Perrin fuyant un tueur lié à un passé louche l'ayant vu s'enrichir à Djibouti envoie son cousin en représentation à sa place pour faire une cible idéale. Le scénario de Jean Poiret évite le piège trop facile de la fable à la Capra où le politicien d'opérette se découvrirait une vocation humaniste (le seul moment allant dans ce sens étant une hilarante séquence de débat télévisé où Broussard ridiculise son adversaire par sa seule connaissance des prix de produits au supermarché) et préfère promener son héros ahuri dans une corruption ambiante savoureuse.

Serrault se délecte à révéler la lâcheté ordinaire de Perrin (se cachant du sniper potentiel derrière ses militants en plein meeting) et le récit est truffé de moment montrant un envers moins lisse et respectable jusque dans le quotidien ordinaire des pontes avec notamment une Andréa Parisy en épouse bourgeoise adepte du SM.

Les quiproquos et interversion sont nombreux et inventifs, quelques gags absolument irrésistible (Broussard mimant un discours préenregistré) et les seconds rôles venus faire une apparition clin d'œil multiples (Dominique Lavanant, Michel Blanc, Roger Carel...) mais il manque tout de même le sens du rythme et le petit grain de folie qui faisait le charme des premiers films et les rendaient intemporels. Là on est plus dans une tradition franchouillarde (les précédents jonglant entre cette facette et un côté plus universels) bien menée (Poiret en plus du scénario est excellent en conseiller plein de ressources) que rehaussée par Pierre Tchernia et Michel Serrault. Sympathique tout de même.

Sorti en dvd zone 2 français chez Studio Canal

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