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vendredi 7 février 2014

School Days - Sukūru Deizu (2007)

Makoto est amoureux de Kotonoha. Il la voit chaque jour dans le train qui les mène à l'école, seulement, il n'a pas le courage de lui dire quoi que ce soit et se contente de la regarder de loin. Tout va changer quand il prendra une photo d'elle avec son portable. Photo que Sekai, une de ses camarades de classe, verra avant de proposer au timide Makoto de lui arranger le coup avec la jeune fille. Le trio se retrouve donc à un déjeuner improvisé par l'entremetteuse, afin que les deux tourtereaux fassent plus ample connaissance. Mais si Sekai est elle aussi amoureuse de Makoto, pourquoi tient-elle tant à le voir avec Kotonoha ?

 Maison Ikkoku (alias Juliette je t'aime en français pour les trentenaires), Orange Road (Max et compagnie en vf), Love Hina, Video Girl Aï ou encore Ai Yori Aoshi : la japanimation n’aura pas manqué de nous alimenter hier et aujourd’hui en ravissantes comédies romantiques adultes ou adolescentes aux caractéristiques bien identifiables. Au départ, ce School Days ne semble pas déroger à la règle tant on y retrouve des éléments connus dans sa trame, et pourtant… L’amateur aura reconnu dans ce résumé ce qui lui a plu dans d’autres séries du genre, notamment le héros maladroit (on pense bien sûr au Keitaro de Love Hina et au sous genre de série “harem” qu’il contribua à inventer, avec toutes les héroïnes attirées par le héros) et le triangle amoureux (Orange Road). Les premiers épisodes obéissent d’ailleurs parfaitement à ces archétypes malgré quelques détours qui peuvent prévenir de la suite plus surprenante. Makoto parvient tant bien que mal à sortir avec Konoha et apprend difficilement son rôle de petit ami, tout en étant de plus en plus sous le charme de Sekai, qui lui prodigue de précieux conseils.

 Les attentes vont par la suite grandement voler en éclats pour des raisons qu’il faut chercher dans les origines de l’anime. School Days est en effet l’adaptation du jeu vidéo du même nom, appartenant au genre dit de dating sim, soit un jeu de simulation de drague où les points s’accumulent en multipliant les conquêtes. La série se pare donc d’une audace considérable en étant tout simplement d’une fidélité exemplaire au jeu avec une situation de départ qui va dangereusement partir en vrille. L’emprunté Makoto va ainsi s’avérer un des personnages les plus méprisables qui soit, suivant toujours ses pulsions en multipliant les conquêtes au détriment du mal qu’il fait aux personnes qu’il aime, notamment Konoha, vrai personnage sacrificiel de la série.

Autre surprise, la teneur fort prononcée pour les choses du sexe. Le fan service est des plus prononcés (festival de décolletés, poitrines opulente et sautillantes, petites culottes dévoilées sous des jupes ultra courtes) mais, au lieu de rester dans la l’aspect non consommé du genre, nos héros multiplient les galipettes, notamment dans la deuxième moitié de la série, où Makoto accumule les conquêtes en dépit de son comportement odieux.

Ces écarts peuvent néanmoins se retourner contre l’anime par leur nature répétitive et racoleuse qui casse un à peu la teneur émotionnelle. Konoha est ainsi un quasi cliché de personnage innocent dépassé par son physique pulpeux avec nombres de gros plans, ralentis et autres finesses sur sa volumineuse poitrine. Si on est content que la trame amoureuse rebondisse constamment (alors que le genre fonctionne sur le fait qu’elle piétine justement), cela se fait en dépit du bon sens tant on reste effaré qu’un héros aussi détestable (malgré le scénario cherchant à le rendre plus dépassé que cruel) soit à ce point l’objet de toutes les convoitises féminines.

L’intérêt se maintient jusqu’au bout cependant dans cette construction assez classique (au fil d’une année scolaire avec en point d’orgue un bal où se nouent les couples) grâce à des fulgurants élans de cruauté. Le rebondissement concernant la “salle de repos” s’avère terrible de méchanceté et surtout, la conclusion s’avère être une des plus noires jamais produite. Une fin logique au vu de tous les évènements qui ont précédés, mais d’un jusqu’auboutisme dans le drame amoureux qui laisse pantois. On pardonnera du coup aisément les quelques défauts (animation un à peu statique, notamment) par la force de cette fin tragique et implacable. Le dépit amoureux et la psychose qui en découlent se trouvent poussés à l’extrême par l’émotion à fleur de peau de ces adolescents fragiles dépassés par leurs sentiments. Une œuvre fort intéressante donc qui s’enrichit en bonus d’un amusant OAV et d’une version alternative du dernier épisode à la violence légèrement atténuée.

Sorti en dvd zone 2 chez We Prod

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