Helen Lyne, une étudiante, décide
d'écrire sa thèse sur les mythes et légendes locales. C'est en visitant
une partie de la ville inconnue qu'elle découvre la légende de Candyman,
un homme effrayant qui apparait lorsqu'on prononce cinq fois son nom en
face d'un miroir. Helen, pragmatique, choisit de ne pas croire à
l'existence de Candyman. Mais son univers bascule dans l'horreur quand
une série de meurtres horribles commence ...
Candyman constitue un petit classique du fantastique des 90's, adapté de la nouvelle de Clive Barker Lieux Interdits (et issus de ses recueils de nouvelles Livres de Sang)
par l'auteur lui-même. Le film propose un thème qui sans être inédit
s'avère assez surprenant dans son traitement à savoir la place
qu'occupent les mythes et légendes urbaines et la façon dont elles
s'inscrivent dans notre réalité. Cela se manifeste ici à travers la
quête de l'héroïne Helen Lyle(Virginia Madsen) qui mène une thèse sur
cette question des mythes locaux. Entre deux histoires farfelues prêtant
plus au rire qu'à la peur, Helen voit de manière persistante revenir la
légende de Candyman durant son étude. Le principe des apparitions du
croquemitaine (prononcer son nom cinq fois devant un miroir et il surgit
pour vous tuer) semble plus être une marotte des adolescents de la
ville mais Helen va découvrir que le mythe s'enracine de manière bien
plus concrète dans la culture locale. Candyman serait un jeune homme
noir assassiné au XIXe siècle pour être tombé amoureux d'une femme
blanche et se vengeant de cette mort injuste et brutale en tuant ceux
qui l'invoquent du crochet lui faisant office de main.
Le début
du film est absolument fascinant par la façon dont il introduit
progressivement la figure de Candyman. Source d'histoire lycéennes pour
se faire peur au départ, le mythe s'inscrit progressivement dans le réel
par les liens se faisant avec des faits divers irrésolus, par la façon
dont la transmission orale inscrit ses tirades dans le paysage urbain
(les tags les reprenant comme des poésies apprise par cœur par la
population) et enfin de manière sociale puisque le culte du Candyman
demeure le plus fort dans les quartiers pauvres de la ville. C'est dans
ces lieux qu'il fut tué et sa présence sourde s'imprègne en toile de
fond tout en symbolisant les douleurs contenues de cette population
désœuvrée. Virginia Madsen dans son enquête nous sert de guide et rend
simple tous ces différents concepts tandis que Bernard Rose parvient
magnifiquement à instaurer une vraie atmosphère trouble alors qu'aucune réelle menace ne se manifeste à l'écran.
Le film se perd malheureusement
quand il délaisse la pure ambiance pour verser dans l'horreur plus
explicite. Il y a certes quelques bonnes idées comme cette ambiguïté
entre rêve et réalité où la seconde partie plus décousue multiplie les
ruptures de ton (le premier réveil ensanglanté d'Helen fait son petit
effet) et nous fait hésiter entre surnaturel et folie possible de son
héroïne. Les amorces gratuites et assez ratées de jump-scares dans la
première partie nous auront pourtant montrées que si Bernard Rose
excellait à poser une atmosphère, il était fort maladroit pour susciter
la peur.
Tout cette partie nous faisant perdre pied avec le réel s'avère
donc un pâle ersatz du bien plus brillant Les Griffes de la Nuit
(1984) de Wes Craven dont on ne retrouve ni l'inventivité lors des
surgissements de Candyman dans la psyché de Virginia Madsen, ni le
génial charisme de son croquemitaine. Si Tony Todd impose une présence
physique certaine et un visage étrange et inquiétant, la pauvreté de ses
dialogues conjuguée à son jeu monolithique fait grandement regretter
d'avoir donné une incarnation physique à Candyman quand sa seule
évocation suffisait à effrayer en début de film. Le script perd même un
bon moment son principal atout à savoir l'ancrage social de cette
mythologie pour verser dans les scènes horrifiques gores quelconques.
La
conclusion rattrape un peu ces défauts où Helen devient la figure de
proue de tous les exclus terrorisés par Candyman et ose l'affronter un
final incandescent dans une sorte de Bonfire Night revisitée où le
bûcher célèbrerait la chute de Candyman au lieu de Guy Fawkes. La scène
d'enterrement aurait dû terminer le film en appuyant cette idée mais au
lieu d'en finir là on aura un épilogue absolument ridicule singeant à
nouveau celui des Griffes de la Nuit
sans en égaler le malaise (mais belle idée tout de même cette peinture
faisant à son tour d'Helen un mythe populaire).
Cela n'empêchera pas le
film de remporter un grand succès et deux suites de voir le jour,
Candyman 2 (1995, Bill Condon et un Barker encore impliqué) même si raté
possède tout de même pas mal de qualités (revenir aux sources du mythe
avec les flashbacks sur le passé de Candyman, le cadre bien exploité de
la Nouvelle-Orléans) et le troisième est à oublier. Un
remake pourrait être pertinent et la seule absence de taille serait
l'incroyable musique de Philip Glass (tour à tour onirique, inquiétante
et hypnotique avec cet entêtant thème au piano), grande plus-value de ce Candyman.
Sorti en dvd zone 2 français chez Sony
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