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vendredi 7 mars 2014

Les Pirates du métro - The Taking of Pelham One Two Three, Joseph Sargent (1974)


À New York, quatre hommes armés, utilisant des couleurs comme noms, prennent en otage une voiture de métro et demandent une rançon d'un million de dollars pour la libération des passagers. Le Lieutenant Zachary Garber de la police du métro de New York doit gérer cette affaire, alors qu'il doit aussi faire visiter le centre de contrôle à des visiteurs du métro de Tōkyō.

Les Pirates du métro est un des fleurons du polar 70’s dont l’aura et la popularité demeure intacte notamment grâce à l’hommage que lui rendit Tarantino dans Reservoir Dogs (1992) où il reprenait l’idée du nom de couleur par lequel s’identifiaient les malfrats. Le métro est un cadre formidable pour le polar urbain durant cette décennie puisque des réussites comme French Connection (1971) ou en France Peur sur la ville (1975) exploitent à merveille la cinégénie du métro pour leurs morceaux de bravoures les plus fameux.  Les Pirates du métro est un condensé idéal de cette tendance et déroule entièrement son intrigue dans ce cadre ferroviaire avec une intrigue rondement menée où un quatuor de truands va s’emparer d’une rame de métro en menaçant de tuer un otage s’ils n’obtiennent pas un million de dollars de la mairie de New York. 

Joseph Sargent  (habile faiseur ayant plutôt officié à la télévision – Bonanza, Le Fugitif, Star Trek… -  et responsable de quelques pépites d’exploitation comme White Lightning (1973) avec Burt Reynolds) offre à l’ensemble un rythme trépidant et alerte au traitement surprenant. La tension et l’urgence de la trame policière (porté par un fabuleux score de David Shire) ne se dément jamais mais s’orne d’un humour et second degré donnant une touche amusée et décalée constante où certaines situations se voient désamorcées par un dialogue ou une réaction inattendues (les japonais en visite nargués par Matthau et qui s’avèrent parler parfaitement anglais…). 

La bonhomie de Walter Matthau offre donc ainsi un contrepoint parfait à la présence inquiétante de Robert Shaw, redoutable et méthodique Mr Blue à la tête des preneurs d’otages. Au suspense régnant au sein du wagon et à l’organisation huilée des malfrats répond donc la vraie comédie avec la désorganisation des de leurs interlocuteurs entre une police dépassée, des politiques défaillants (portrait savoureux de ce maire incompétent) et un service du métro qu’il faut néanmoins assurer malgré la situation (pour une rigueur documentaire assez impressionnante dans le traitement le film ayant été tourné dans la vraie station de Court Street Station souvent réutilisée au cinéma par la suite).

Sargent vogue d’un lieu à l’autre sans jamais nous perdre, rendant chaque protagonistes marquants quel que soit son temps à l’écran grâce à un casting offrant un festival de trognes bien connues du cinéma (Martin Balsam, Tony Roberts en adjoint au maire Hector Helizondo en brutal Mr Grey) et de la télévision 70’s. La dynamique des scènes d’intérieur fonctionne sur les dialogues percutants, l’extérieur donnant une ampleur progressive avec ces sorties de métro envahies par la foule et la police ou encore quelques moment d’action mémorable que ce soit la course éperdue du métro en conclusion ou le compte à rebours de la rançon causant le chaos en ville.

Dernier point passionnant, le film annonce par son ton Une après-midi de chien (1975) de Sidney Lumet qui usera de son argument policier pour se faire révélateur de la société américaine d’alors. Cela reste très sous-jacent dans Les Pirates du métro mais un machisme (Mr Grey profitant de sa position de geôlier pour lourdement reluquer une passagère sexy, les agents du métro multipliant les remarques désobligeantes envers la gent féminine) et racisme (à nouveau Mr Grey brutalisant un otage trop bavard en l’appelant « nigger » et surtout Walter Matthau qui s’étonne sans l’avouer de constater que le chef de la police avec lequel il dialoguait par radio est noir) latent s’exprime du côté des bons comme des méchants, offrant un vrai reflet social des comportements de l’américain moyen. 

Cerise sur gâteau, la chute est sans aucun doute une des plus mémorables (et typique du cinéma de l’époque ne s’embarrassant pas de sur explicatif et faisant confiance à l’intelligence du spectateur) du polar, un éternuement et le visage goguenard de Walter Matthau suffisant à conclure le film sur un pur sentiment de jubilation. Un classique dont l’équilibre rare sera loin d’être atteint avec le remake qu’en tirera Tony Scott en 2009.

Sorti en dvd zone 2 français chez MGM 

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