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mardi 10 juin 2014

L'Archet Magique - The Magic Bow, Bernard Knowles (1946)

Paganini fait la connaissance d'une ravissante jeune fille, Jeanne de Vermont. Les deux jeunes gens s'aiment, mais Napoléon destine Jeanne à l'un de ses officiers, le Comte de la Rochelle.

Cette divine production Gainsborough nous propose ici un biopic largement romancé du légendaire violoncelliste Niccolò Paganini avec Stewart Granger dans le rôle-titre. Hormis bien sûr son génie musical (sans être connaisseur on sent d'ailleurs tout le travail de Granger dans le jeu et le positionnement lorsqu'il s'exécute au violon) et la façon novatrice qu'il eut de promouvoir son art à l’époque, l'ensemble est donc un pur prétexte à une pure œuvre romanesque en costume typique de la Gainsborough. On suivra ici les débuts et l'ascension du musicien qui se fera bien évidemment en parallèle à une grande histoire d'amour.

Musicien de génie confiné à sa modeste condition au sein de la ville de Gênes, Paganini est introduit dans toute sa virtuosité et sale caractère lors d'une scène où il se plaint de son instrument rudimentaire dont il ne peut faire sortir tous les sons qu'il a en tête. Son talent attire l'attention de Jeanne de Vermond (Phyllis Calvert), une noble qui va user de lui pour faire évader son père, le faisant jouer pendant qu'il scie les barreaux de la prison où il est emprisonné ! Le contexte de luttes des classes et celui historique des guerres napoléoniennes s'infiltre donc là de la plus ludiques des manières.

Les amours de Jeanne et Paganini seront ainsi constamment contrariées par ses origines modestes. Le musicien voit ainsi son exigence se confronter à l'oisiveté du public nantis devant lequel il joue, dans un champ contre champs parfait où la fureur de Granger monte tandis que les nobles s'adonnent à leurs jeux et discussion. Le succès sera donc une longue quête où Paganini cherchera notoriété autant pour se défier ces nobles qui l'ont snobés que conquérir le cœur pourtant déjà acquis de Jeanne. C'est dans cette idée que le réalisateur déploie toute une imagerie flamboyante pour mettre en valeur la musique et le brio de Paganini.

Un des grands moments du film est certainement le premier concert triomphal de Paganini tandis qu'à l'extérieur les troupes de Napoléon envahissent Parme. Le propriétaire de la salle hésite à évacuer la salle happée par la musique et n'ayant pu s'y résoudre voit les hommes en uniforme investir les lieux. Paganini après s'être arrêté pour voir l'arrivée des intrus toise leur chef de son regard le plus hautain (Granger est absolument grandiose) puis reprend son récital tandis qu'admiratifs et penaud les soldats repartent. La salle de musique ne sera un lieu de conquête que pour Paganini.

 
L'histoire étend cette idée à des fins dramatiques par la suite avec l'impossible romance entre le musicien et Jeanne promise à un officier napoléonien. Le musique ne sert dont plus l'égo du musicien mais le déchirement de son cœur lorsque meurtri il doit la laisser partir et qu'elle lui demande de jouer dans l'intimité de sa chambre tandis qu'elle quitte les lieux.

La fusion entre le héros et son instrument le montrera alors perdu lorsque l'épée remplace l'archer quand il sera défié en duel et l'amour définitivement perdu il ne pourra plus empoigner son instrument. Cela semble de plus constamment en lien avec les pièces musicales entendues lors de ces moments (et que les connaisseurs sauront mieux que moi rattacher à la dramaturgie du film).

Tout ce tourbillon de sentiment explose lors du final supposé être la consécration artistique de Paganini mais un déchirement personnel quand il devra jouer devant le pape dans l'enceinte du Vatican. Knowles mêle flamboyance grandiloquente avec ces lieux dépeints dans tout l'excès rococo de la Gainsborough et dimension intime où les doutes de l'artiste et la douleur de revoir son amour perdu amène une fabuleuse intensité dramatique.

Un grand moment où le romanesque se marie parfaitement à l'ode de cette grande musique dans cette magnifique conclusion. Moins fou et déroutant que d'autres production Gainsborough, mais captivant dans son romanesque musical.

Sorti en dvd zone 2 anglais et doté de sous-titres anglais chez ITV dans le coffret consacré à Stewart Granger

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