Paganini fait la connaissance d'une
ravissante jeune fille, Jeanne de Vermont. Les deux jeunes gens
s'aiment, mais Napoléon destine Jeanne à l'un de ses officiers, le Comte
de la Rochelle.
Cette divine production Gainsborough nous
propose ici un biopic largement romancé du légendaire violoncelliste
Niccolò Paganini avec Stewart Granger dans le rôle-titre. Hormis bien
sûr son génie musical (sans être connaisseur on sent d'ailleurs tout le
travail de Granger dans le jeu et le positionnement lorsqu'il s'exécute
au violon) et la façon novatrice qu'il eut de promouvoir son art à
l’époque, l'ensemble est donc un pur prétexte à une pure œuvre
romanesque en costume typique de la Gainsborough. On suivra ici les
débuts et l'ascension du musicien qui se fera bien évidemment en
parallèle à une grande histoire d'amour.
Musicien de génie confiné à sa
modeste condition au sein de la ville de Gênes, Paganini est introduit
dans toute sa virtuosité et sale caractère lors d'une scène où il se
plaint de son instrument rudimentaire dont il ne peut faire sortir tous
les sons qu'il a en tête. Son talent attire l'attention de Jeanne de
Vermond (Phyllis Calvert), une noble qui va user de lui pour faire
évader son père, le faisant jouer pendant qu'il scie les barreaux de la
prison où il est emprisonné ! Le contexte de luttes des classes et celui
historique des guerres napoléoniennes s'infiltre donc là de la plus
ludiques des manières.
Les amours de Jeanne et Paganini seront
ainsi constamment contrariées par ses origines modestes. Le musicien
voit ainsi son exigence se confronter à l'oisiveté du public nantis
devant lequel il joue, dans un champ contre champs parfait où la fureur
de Granger monte tandis que les nobles s'adonnent à leurs jeux et
discussion. Le succès sera donc une longue quête où Paganini cherchera
notoriété autant pour se défier ces nobles qui l'ont snobés que
conquérir le cœur pourtant déjà acquis de Jeanne. C'est dans cette idée
que le réalisateur déploie toute une imagerie flamboyante pour mettre en
valeur la musique et le brio de Paganini.
Un des grands moments du film
est certainement le premier concert triomphal de Paganini tandis qu'à
l'extérieur les troupes de Napoléon envahissent Parme. Le propriétaire
de la salle hésite à évacuer la salle happée par la musique et n'ayant
pu s'y résoudre voit les hommes en uniforme investir les lieux. Paganini
après s'être arrêté pour voir l'arrivée des intrus toise leur chef de
son regard le plus hautain (Granger est absolument grandiose) puis
reprend son récital tandis qu'admiratifs et penaud les soldats
repartent. La salle de musique ne sera un lieu de conquête que pour
Paganini.
L'histoire étend cette idée à des fins dramatiques par la
suite avec l'impossible romance entre le musicien et Jeanne promise à un
officier napoléonien. Le musique ne sert dont plus l'égo du musicien
mais le déchirement de son cœur lorsque meurtri il doit la laisser
partir et qu'elle lui demande de jouer dans l'intimité de sa chambre
tandis qu'elle quitte les lieux.
La fusion entre le héros et son
instrument le montrera alors perdu lorsque l'épée remplace l'archer
quand il sera défié en duel et l'amour définitivement perdu il ne pourra
plus empoigner son instrument. Cela semble de plus constamment en lien
avec les pièces musicales entendues lors de ces moments (et que les
connaisseurs sauront mieux que moi rattacher à la dramaturgie du film).
Tout ce tourbillon de sentiment explose lors du final supposé être la
consécration artistique de Paganini mais un déchirement personnel quand
il devra jouer devant le pape dans l'enceinte du Vatican. Knowles mêle
flamboyance grandiloquente avec ces lieux dépeints dans tout l'excès
rococo de la Gainsborough et dimension intime où les doutes de l'artiste
et la douleur de revoir son amour perdu amène une fabuleuse intensité
dramatique.
Un grand moment où le romanesque se marie parfaitement à
l'ode de cette grande musique dans cette magnifique conclusion. Moins
fou et déroutant que d'autres production Gainsborough, mais captivant
dans son romanesque musical.
Sorti en dvd zone 2 anglais et doté de sous-titres anglais chez ITV dans le coffret consacré à Stewart Granger
Extrait
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