Le prince troyen Pâris
quitte son royaume pour porter un message de paix au roi Ménélas de Sparte.
Mais, lors d'une tempête, le mât de son navire se brise et l'entraîne en
tombant dans les flots. Pâris échoue sur une plage de la côte grecque où
Hélène, la femme de Ménélas, le trouve à bout de force. Elle le soigne en
secret et ils ne tardent pas tomber amoureux. Avant de rencontrer Ménélas,
Pâris doit se plier aux coutumes et affronter Ajax dans un combat singulier
dont il sort brillamment vainqueur. Ménélas voit aussitôt en lui un dangereux
adversaire doublé d'un grand rival et le fait emprisonner. Hélène, surprise
alors qu'elle préparait l'évasion de son amant, s'enfuit avec lui à Troie. Sa
trahison, outre qu'elle bafoue Ménélas, déclenche immédiatement un énorme
mouvement offensif des Grecs qui s'embarquent pour aller attaquer Troie.
La mode du péplum étant à son apogée à Hollywood en ce
milieu des années 50, on ne s’étonnera pas de voir l’usine à rêve se pencher sur le poème
d’Homère au potentiel romanesque et spectaculaire immense. L’adaptation d'une
fidélité très relative au texte va pourtant rester grandement en surface avec
un point de vue principalement focalisé sur le couple Hélène/Paris. L'aspect
maudit du couple, leur amour innocent totalement dépassé par les enjeux et la
culpabilité qu'ils ressentent à provoquer ce conflit monumental, tout cela est
introduit avec brio. Avec pareil parti pris, la personnalité de Paris se voit
quelque peu modifiée et s'il garde sa dimension romantique on passe du bellâtre
peureux du livre à un guerrier redoutable et charismatique qui se voit
attribuer des hauts faits dont il n'est pas l'auteur dans l'œuvre d'Homère (le
meurtre de Patrocle). Jacques Sernas et Rossana Podesta en Hélène, par leur
beauté et leur photogénie incarnent
parfaitement ces icônes romanesques en dépit de leur jeu limité.
Là où le bât blesse c'est que le couple (qui aurait dû être une façade pour des questionnements plus profonds) éclipse totalement
les autres personnages mythiques de L'Iliade qui auraient amenés une facette
dramatique plus consistante. Les Grecs sont dans l'ensemble de gros méchants
bien caricaturaux (hormis Ménélas et Ulysse mais on a trop vu Thorin Hatcher en
méchant pour être convaincu par son interprétation d’autant qu’il semble un peu
trop vieux pour le rôle) notamment Achille réduit à la grosse brute arrogante
par le pourtant doué Stanley Baker et quelques personnages mémorable comme
Diomède ou Ajax sont quasiment absents. Les Troyens sont un peu plus fouillé
notamment Priam mais Hector est vraiment sous-traité et la scène du fameux duel
avec Achille se suit de manière bien plus détachée que dans l'adaptation
récente de Petersen où ce même moment était grandiose.
L’autre grand défaut de l'adaptation est son ton vraiment
très terre à terre, toute la dimension philosophique et mythologique de la
bataille, la quête de gloire et d’immortalité, les hommes tout cela est
complètement absent (une des grandes force de la version de Petersen encore
sans céder au kitsch) même si la croyance en les Dieux et leurs influences est
plutôt bien exploité sans qu’ils apparaissent pour autant à l'écran.
La mise en scène de Robert Wise mettra tout le monde d’accord
par contre et aurait mérité un script plus ambitieux. Cinémascope monumental, décors mastodontes et
figurants à perte de vue servent des morceaux de bravoure extraordinaires : le
premier assaut des Grecs sur les remparts de Troie est d’une rare puissance et
intensité, la fête orgiaque des troyens en honneur du cheval de bois lorgne
vers les plus beaux excès de DeMille et l'affrontement final Ménélas/Paris est
très efficace et nerveux.
Pas forcément une adaptation réussie donc mais un spectacle
impressionnant qui devrait ravir l’amateur de péplum s’il oublie L’Iliade.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
Wise excella dans (presque) tous les genres ; on conseille aussi les rarissimes ou mésestimés "Les Rats du désert", "Star !" et "L'Odyssée du Hindenburg", vus récemment.
RépondreSupprimerSur l'émouvant "Audrey Rose" :
http://lemiroirdesfantomes.blogspot.fr/2014/07/audrey-rose-lautre.html?view=magazine
Je vous recommande aussi un autre péplum à (re)découvrir, "Alexandre le Grand", de Robert Rossen, avec la délicieuse Danielle Darrieux, grandement préférable au Stone...
Enfin, pour l'anecdote, Rossana Podesta compte au nombre de ses admirateurs un certain... Lionel Jospin !
Bien d'accord grand amateur de Wise qui comme Richard Fleischer excelle avec un même brio dans tous les genres. Pour Alexandre le grand j l'avais déjà évoqué ici sur le blog et je n'avais pas été complètement convaincu
RépondreSupprimerhttp://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr/2013/05/alexandre-le-grand-alexander-great.html
Le Stone est bien meilleur mais à condition de le voir dans son montage "revisited" en faisant un vrai grand film alors que le montage salle était très bancal effectivement... Après les moumoutes blondes de Colin Farrel et Richard Burton se valent bien ^^
Morceaux de bravoures qui seraient dus à la seconde équipe : Walsh assisté de Leone.
RépondreSupprimerJe ne doute pas que Wise y ait largement mis du sien néanmoins. Un vrai film où c'est discutable, c'est le Sodome et Gomorrhe signé par un Aldrich venu en touriste en Italie et pour le cout est sans plus véritablement réalisé par Leone dans ses scènes d'action. Dans le livre d'entretien avec Noel Simsolo Leone s'était d'ailleurs pas mal épanché sur sa déception vis à vis d'Aldrich qu'il admirait et plus généralement sur cette période où il fut le réalisateur officieux de nombreuses grosses production tournées en Italie.
RépondreSupprimer