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samedi 27 septembre 2014

Hélène de Troie - Helen of Troy, Robert Wise (1956)



Le prince troyen Pâris quitte son royaume pour porter un message de paix au roi Ménélas de Sparte. Mais, lors d'une tempête, le mât de son navire se brise et l'entraîne en tombant dans les flots. Pâris échoue sur une plage de la côte grecque où Hélène, la femme de Ménélas, le trouve à bout de force. Elle le soigne en secret et ils ne tardent pas tomber amoureux. Avant de rencontrer Ménélas, Pâris doit se plier aux coutumes et affronter Ajax dans un combat singulier dont il sort brillamment vainqueur. Ménélas voit aussitôt en lui un dangereux adversaire doublé d'un grand rival et le fait emprisonner. Hélène, surprise alors qu'elle préparait l'évasion de son amant, s'enfuit avec lui à Troie. Sa trahison, outre qu'elle bafoue Ménélas, déclenche immédiatement un énorme mouvement offensif des Grecs qui s'embarquent pour aller attaquer Troie.

La mode du péplum étant à son apogée à Hollywood en ce milieu des années 50, on ne s’étonnera pas de voir l’usine à rêve se pencher sur le poème d’Homère au potentiel romanesque et spectaculaire immense. L’adaptation d'une fidélité très relative au texte va pourtant rester grandement en surface avec un point de vue principalement focalisé sur le couple Hélène/Paris. L'aspect maudit du couple, leur amour innocent totalement dépassé par les enjeux et la culpabilité qu'ils ressentent à provoquer ce conflit monumental, tout cela est introduit avec brio. Avec pareil parti pris, la personnalité de Paris se voit quelque peu modifiée et s'il garde sa dimension romantique on passe du bellâtre peureux du livre à un guerrier redoutable et charismatique qui se voit attribuer des hauts faits dont il n'est pas l'auteur dans l'œuvre d'Homère (le meurtre de Patrocle). Jacques Sernas et Rossana Podesta en Hélène, par leur beauté et leur photogénie incarnent  parfaitement ces icônes romanesques en dépit de leur jeu limité.

Là où le bât blesse c'est que le couple (qui aurait dû être une façade pour des questionnements plus profonds) éclipse totalement les autres personnages mythiques de L'Iliade qui auraient amenés une facette dramatique plus consistante. Les Grecs sont dans l'ensemble de gros méchants bien caricaturaux (hormis Ménélas et Ulysse mais on a trop vu Thorin Hatcher en méchant pour être convaincu par son interprétation d’autant qu’il semble un peu trop vieux pour le rôle) notamment Achille réduit à la grosse brute arrogante par le pourtant doué Stanley Baker et quelques personnages mémorable comme Diomède ou Ajax sont quasiment absents. Les Troyens sont un peu plus fouillé notamment Priam mais Hector est vraiment sous-traité et la scène du fameux duel avec Achille se suit de manière bien plus détachée que dans l'adaptation récente de Petersen où ce même moment était grandiose.

L’autre grand défaut de l'adaptation est son ton vraiment très terre à terre, toute la dimension philosophique et mythologique de la bataille, la quête de gloire et d’immortalité, les hommes tout cela est complètement absent (une des grandes force de la version de Petersen encore sans céder au kitsch) même si la croyance en les Dieux et leurs influences est plutôt bien exploité sans qu’ils apparaissent pour autant à l'écran.

La mise en scène de Robert Wise mettra tout le monde d’accord par contre et aurait mérité un script plus ambitieux.  Cinémascope monumental, décors mastodontes et figurants à perte de vue servent des morceaux de bravoure extraordinaires : le premier assaut des Grecs sur les remparts de Troie est d’une rare puissance et intensité, la fête orgiaque des troyens en honneur du cheval de bois lorgne vers les plus beaux excès de DeMille et l'affrontement final Ménélas/Paris est très efficace et nerveux.
Pas forcément une adaptation réussie donc mais un spectacle impressionnant qui devrait ravir l’amateur de péplum s’il oublie L’Iliade

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner 

4 commentaires:

  1. Wise excella dans (presque) tous les genres ; on conseille aussi les rarissimes ou mésestimés "Les Rats du désert", "Star !" et "L'Odyssée du Hindenburg", vus récemment.

    Sur l'émouvant "Audrey Rose" :
    http://lemiroirdesfantomes.blogspot.fr/2014/07/audrey-rose-lautre.html?view=magazine

    Je vous recommande aussi un autre péplum à (re)découvrir, "Alexandre le Grand", de Robert Rossen, avec la délicieuse Danielle Darrieux, grandement préférable au Stone...

    Enfin, pour l'anecdote, Rossana Podesta compte au nombre de ses admirateurs un certain... Lionel Jospin !

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  2. Bien d'accord grand amateur de Wise qui comme Richard Fleischer excelle avec un même brio dans tous les genres. Pour Alexandre le grand j l'avais déjà évoqué ici sur le blog et je n'avais pas été complètement convaincu

    http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.fr/2013/05/alexandre-le-grand-alexander-great.html

    Le Stone est bien meilleur mais à condition de le voir dans son montage "revisited" en faisant un vrai grand film alors que le montage salle était très bancal effectivement... Après les moumoutes blondes de Colin Farrel et Richard Burton se valent bien ^^

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  3. Morceaux de bravoures qui seraient dus à la seconde équipe : Walsh assisté de Leone.

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  4. Je ne doute pas que Wise y ait largement mis du sien néanmoins. Un vrai film où c'est discutable, c'est le Sodome et Gomorrhe signé par un Aldrich venu en touriste en Italie et pour le cout est sans plus véritablement réalisé par Leone dans ses scènes d'action. Dans le livre d'entretien avec Noel Simsolo Leone s'était d'ailleurs pas mal épanché sur sa déception vis à vis d'Aldrich qu'il admirait et plus généralement sur cette période où il fut le réalisateur officieux de nombreuses grosses production tournées en Italie.

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