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samedi 20 septembre 2014

Une Vie moins ordinaire - A Life Less Ordinary, Danny Boyle (1997)

Robert vient d'être licencié, sa petite amie le quitte et de surcroît personne ne veut croire au roman qu'il veut écrire. Alors, pour se détendre, il enlève la fille de son patron et part en cavale avec elle sur les bras.

Une Vie moins ordinaire est le troisième film de Danny Boyle et est généralement entouré d’une aura moins culte que les inauguraux et mémorables Petits meurtres entre amis (1994) et Trainspotting (1996). Le thriller cynique et la chronique opiacée avait fait montre du gout du réalisateur pour une certaine noirceur et un humour à froid. On ne l’attendait donc guère dans la comédie romantique dans son œuvre suivante mais Boyle saura donner un regard singulier et original à sa romance. Comme dans Trainpotting, il est de nouveau question de personnages désaxés cherchant leur place dans le monde. Robert (Ewan McGregor) est un modeste homme de ménage un peu rêveur écrivant des romans de gare à ses heures perdues perd tout de sa modeste situation en une journée. Son job où il est remplacé par des robots, sa petite amie lasse de le voir végéter le quitte et il est expulsé de son appartement. Dépité par cette avalanche déconvenues, il va s'en prendre à la cause à la cause de ses malheurs en la personne de son glacial patron M Neville (Ian Holm). 

Toujours aussi empoté, il ne se montrera guère intimidant dans sa tentative et devra son salut à la fille de Neville, Céline (Cameron Diaz) qu'il va plus ou moins kidnapper, si ce n'est l'inverse. Céline va s'avérer à sa manière tout aussi inadaptée à une vie normale que lui mais pour d'autres raisons qui en font l'exact opposé de Robert. Capricieuse, caractérielle et colérique elle a l'habitude que le monde se plie à ses désirs et le kidnapping sera une aubaine puisqu’intervenant alors que son père voulait la mettre au pas et la faire travailler. 

La romance peut alors peu à peu poindre en amenant chacun des personnages à forcer sa nature, Robert doit prendre confiance et s’imposer tandis que Céline apprendra à lâcher du lest et abandonner son masque de petite fille riche désabusée. Boyle introduit les caractères opposés de ses personnages avec son sens du gimmick habituel, mais ici ornée d’une aura bariolée à l’opposé du ton sombre de ses premiers films, que ce soit dans le jeu ahuri d’Ewan McGregor ou dans la spectaculaire introduction de Cameron Diaz montre son attrait et ses aptitudes avec les armes à feu. On s’amusera donc de leur alliance décalée, Céline étant forcé de prendre Robert en main pour en faire un kidnappeur crédible, trop heureuse d’enquiquiner son père.

La rencontre improbable de ces deux êtres est la cause d’une drôle de destinée, divine… En effet l’originalité du film est de faire intervenir des anges gardiens aux méthodes quelle que peu spectaculaires pour forcer l’union. Et pour cause, plus que la bonté désintéressée c’est l’obligation  de résultat qui les guide car en cas d’échecs ils seront condamnés à demeurer sur Terre. On vient à se souvenir alors que le producteur emblématique de Danny  Boyle, Andrew MacDonald est aussi le petit-fils d’Emeric Pressburger et la présentation du Paradis comme une administration rigoureusement organisée rappellera forcément le fameux Une question de vie ou de mort (1946). Boyle mène l’ensemble avec une énergie euphorisante (et porté par une belle bande-son Britpop), entrecroisant candeur romantique et ses penchants déjantés (les facéties sanglantes des anges-gardiens). Néanmoins le film pèche par un certain manque de rythme et sens du timing comique qui fait tomber certaines bonnes idées tombent à plat (le passage en comédie musicale) même si l’alchimie et l’entrain du couple vedette maintient l’intérêt. Inégal donc mais agréable et sans doute le premier jalon qui emmènera Boyle vers le conte moderne bien plus réussi de Slumdog Millionaire (2009).

Sorti en dvd zone 2 français chez Universal


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