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samedi 7 février 2015

Vous qui avez vingt ans - Enchantment, Irving Reis (1948)

À Londres, durant la Seconde Guerre mondiale, une jeune femme qui s'est enrôlée dans l'armée, Grizel Dane, rend visite à son oncle, le vieux général Sir Roland « Rollo » Dane, dans l'espoir qu'il accepte de l'héberger chez lui. Par ailleurs, elle fait la connaissance de Pax Masterson, un jeune officier-aviateur. Là-dessus se greffent trois flashbacks où le général se remémore son passé. Dans le premier, lui et ses frères et sœur, Pelham et Selina, rencontrent enfants Lark Ingoldsby, une petite orpheline ramenée à la maison par leur père qui a décidé de l'adopter. Dans le deuxième flashback, les enfants sont devenus adultes et Selina traite Lark comme une servante, l'ayant toujours considérée comme une intruse. Aussi, dans le dernier flashback, elle fait tout pour mettre un terme à l'amour naissant entre Rollo et Lark...

Un magnifique mélo à la tonalité désenchantée et au traitement étonnant, entre classicisme et modernité. Le film s'ouvre sur la découverte d'une grande et vieille maison londonienne d'où nous parviennent les échos d'un passé où elle fut peuplée et agitée par les passions. C'est désormais la demeure d'un vieux général bougon à la retraite, qui se refuse à la quitter malgré la pression de promoteur car rattaché à des obscurs souvenirs. L'arrivée de sa nièce américaine et son histoire d'amour contrariée va rappeler au soldat un dilemme auquel il fut lui-même confronté et dont il regrette encore l'issue.

 C'est la maison et ses murs qui font office de véritable narrateur, faisant le lien entre passé et présent. Plutôt que de jouer du flashback du point de vue d'un seul personnage, les transitions se font selon la pièce où se sont déroulés les évènements clés d'une époque à l'autre, un léger mouvement de caméra faisant office de machine à remonter le temps alors que le décor reste identique. C’est là qu'on découvre l'amour éternel de Rollo en la personne de sa sœur adoptive Lark. Tout d'abord au détour d'une magnifique séquence enfantine dont la candeur tutoie les sommets de l'ouverture de Peter Ibbetson.

Les conflits à venir se dévoilent également avec le personnage de Selina, grande sœur cruelle et jalouse voyant en la nouvelle venue une intruse et qui n'aura de cesse de la séparer de son frère. Le personnage est joué à l'âge adulte par Jayne Meadows, à la prestation impressionnante, tout en retenue et maîtrise, détestable et pathétique à la fois. L'histoire d'amour se déroulant dans le présent est moins palpitante mais constitue un remarquable équilibre par ses questionnements différents (là ce sont les individus qui se créent leur propre barrières par pragmatisme) avec le ton magnifiquement romanesque des moments dans le passé.

David Niven en jeune coq insouciant soudainement happé par l'amour de sa sœur adoptive trouve là un de ses plus beaux rôles (et surprend dans ce regitre de jeune premier romantique) et Teresa Wright est poignante en amoureuses soumises aux évènements. Visuellement splendide, tant dans la reconstitution que dans les idées d'Irving Weis faisant de la maison un personnage à part entière où les proportions et éclairages se modifie selon l'état d'esprit de ses personnages. Pour une fois, on peut trouver le titre français plus approprié dans la manière dont il exprime le regret et la bienveillance des personnages et figures du passé pour la jeune génération destinée à ne pas commettre les mêmes erreurs. La jolie conclusion qui voit définitivement une vie s'arrêter tandis que la romance s'affirme est à ce titre des plus significatives. 

Sorti en dvd zone 1 français chez MGM et doté de sous-titres français

Extrait 

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