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dimanche 17 mai 2015

Témoin de la dernière heure - Highway 301, Andrew L. Stone (1950)

S'appuyant sur des faits authentiques, le film décrit les derniers méfaits du Tri-State Gang (en) (Gang des trois États) et les circonstances conduisant à l'exécution violente de leurs chefs, George Legenza (dans la réalité, Walter Legenza) et Robert Mais, à Richmond (Virginie), en février 1935. Au cours des années 1930, la célèbre bande dévalisait de nombreuses banques, terrorisant au passage la population et profitant de l'absence de coordination entre les polices des trois États jouxtant ce périmètre.

Réalisateur surtout célébré jusque-là pour ses comédies musicales des années 40 (notamment Stormy Weather (1943) première comédie musicale où se produisent des musiciens afro-américains dans leurs propres rôles) Andrew L. Stone signe un spectaculaire changement de registre avec ce polar brutal. Le film transpose les méfaits du "Gang des trois états" qui durant les années 30 sema la terreur à travers de violents braquages dans une zone jouxtant les Etats de Caroline du Nord, Virginie et du Maryland. Ce n'est que lorsque les trois états coordonnèrent leurs efforts et échangèrent leurs information qu'ils purent mettre fin aux exactions du gang. Le pré générique auto glorificateur nous ramène d'ailleurs au temps du Scarface de Howard Hawks (dont on se souvient du générique de fin moralisateur réclamé par la censure après cette débauche de violence) avec les gouverneurs des trois états concernés célébrant le travail de la police pour stopper ces "criminels congénitaux". Une assertion contredite lorsque l'on découvre le visage des malfrats et notamment les traits de séducteur ténébreux de leur chef Legenza (Steve Cochran).

Le film se déleste assez vite de sa veine documentaire (dans l'esprit des premiers films noirs d'Antony Mann) pour s'attarder sur le quotidien du gang. Celui-ci est rythmé par des braquages violents et méticuleux entre lesquels ils prennent du bon temps avec leurs petites amies qui les suivent dans leurs parcours. Cette même brutalité pourra déborder justement en dehors du "métier" révélant plus particulièrement la nature sadique de Legenza. Steve Cochran délivre une performance mémorable et offrant un pendant plus glacial et inquiétant de celles d'un James Cagney qu'il côtoya sur le légendaire L'Enfer est à lui. C'est ce détachement goguenard qui le rend si terrifiant, brutalisant les femmes et tirant dans le dos sans états d'âmes.

On n'est pas près d'oublier cette incroyable séquence où il traque sa petite amie trop bavarde, l'attend à l'entrée de l'ascenseur de son hôtel la tue d'un coup de feu dans un geste nonchalant et remonte dans l'ascenseur sous les yeux médusés du liftier. Dès lors plane la menace de la prochaine exaction de Legenza, en particulier en direction de la vulnérable Mary Simms éveillant le désir comme les instincts meurtrier du bad guy dans un suspense rondement mené.

Stone délivre un spectacle d'une efficacité redoutable avec une ouverture tonitruante qui laisse ensuite se dérouler un climat oppressant par une mise en scène mettant superbement en valeur les environnements urbain nocturnes où se fond si bien la silhouette intimidante de Steve Cochran. Le reste du casting constitue d'ailleurs un bon ensemble de trognes de série B comme Richard Egan et Robert Webber. Une belle réussite qui en annonce d'autre pour Stone qui récidivera dans le genre avec The Night holds terror (1955) et Cry terror (1958).

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner 

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