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samedi 19 septembre 2015

La Menace - Alain Corneau (1977)


Jalouse de l'amour qu'Henri porte à Julie, Dominique se venge en la frappant avant de se jeter d'une falaise. Julie devient alors la suspecte principale. Pour la faire sortir de prison, Henri commence alors à semer de fausses preuves pour pousser la police à le suspecter.

La Menace est le deuxième film de la grande série de polar qui marqua le début de carrière d’Alain Corneau, venant après l’inaugural et salué Police Python 357 (1976) et avant Série Noire (1979) et Le Choix des armes (1981). Corneau dans chacune e ses œuvres redéfinissait avec déférence mais de manière personnelle la dimension de fatalité du polar, la tirant vers le piège implacable dans Police Python 357, la tragédie pour Le Choix des armes ou le pur sordide dans Série Noire. La Menace prolonge donc une première fois le sillon de Police Python 357 tout en s’en démarquant. 

Le poids d’un destin s’avère à la fois concret et flottant à travers la mise en scène de Corneau filmant le couple Yves Montand/Carole Laure en amorce, sous un regard extérieur, qu’il soit celui haineux de l’amante rejetée Dominique (Marie Dubois) où celui plus indistinct de la fatalité qui pèse sur eux. Ces deux regards peuvent être clairement identifiables ou incertains, Corneau jouant tour à tour sur le thriller le plus concret et une dimension plus métaphysique avec des mouvements de caméras circulaires qui emprisonnent les personnages dans d’impressionnants décors naturels. Le scénario piège nos héros dans une suite de hasards improbables jouant une sorte d’effet miroir déformant avec Police Python 357

Le Yves Montand réellement coupable dans le film précédent adopte ainsi une attitude de de secret et dissimulation identique dans La Menace où il est innocent mais où tous les éléments se liguent contre lui. Son attitude sera un défi au destin avec un stratagème alambiqué dont le côté réfléchi rend le personnage plus froid et moins romanesque que dans Police Python. L’émotion fonctionne donc par l’alchimie entre Montand et Carole Laure, sobre et passionnée dans les premiers instants du film puis douloureusement contenue lorsqu’ils mystifieront leurs accusateurs. La première partie pose ainsi la situation (formidable Marie Dubois en amante rejetée et désespérée) et le piège dans une veine sobre, glaciale et étouffante.

La seconde partie prolonge la tragédie en marche mais cette fois la laisse exploser par la seule image, dans les grands espaces canadiens et par l’adrénaline d’une scène d’action impressionnante. Corneau fait ainsi cohabiter un imaginaire policier français blafard et intimiste avant de laisser exploser une inspiration américaine fonctionnant par ces grands espaces convoquant le western et le road movie. Les cascades de Remy Julienne sont époustouflantes (Montand se rappelant au bon souvenir du Salaire de la peur en donnant de sa personne au volant de son semi-remorque), les morceaux de bravoure ne constituant pas un simple aparté spectaculaire mais un vrai prolongement du drame par sa conclusion tragique. Le final noir et mélancolique dresse donc une concrétisation du polar selon Alain Corneau, à la fois dans la tradition et un vrai renouveau qui allait s’exprimer pleinement avec le classique Série Noire

Sorti en dvd zone 2 français chez Studiocanal 

 

Et une vidéo de tournage d'époque

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