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lundi 18 janvier 2016

Hell is a city - Val Guest (1960)

Don Starling (John Crawford) vient de s’échapper de prison où il purgeait une peine de quatorze ans pour un cambriolage, tuant un gardien dans le feu de l’action. L’inspecteur Harry Martineau (Stanley Baker) est convaincu que Starling (qu’il avait arrêté il y a cinq ans) reviendra à Manchester.

Hell is a city constitue une tentative de diversification de la Hammer avec ce film noir dépourvus des créatures fantastiques ou de la science-fiction qui a fait la célébrité de la compagnie. Le film adapte le roman éponyme de Maurice Procter, maître du roman noir anglais qui avec cet ouvrage (paru en 1954) écrivait la première aventure de son personnage le plus célèbre l'inspecteur Harry Martineau. Procter plaçait toutes ses intrigues dans la ville de Granchester, cité industrielle imaginaire du nord de l'Angleterre où l'on reconnaîtra bien sûr Manchester. Cette légère différence permettait une plus grande liberté de ton Procter tout en y distillant un certain réalisme imprégné de ses 19 ans en tant que policier. L'adaptation se délestera de cet artifice en se situant réellement à Manchester mais du coup perd sans doute le côté tentaculaire et menaçant que suggère la ville à travers le titre mais aussi la promotion très agressive du film. Là la ville semble finalement assez calme et l'urbanité oppressante s'est sans doute mieux ressentie dans d'autres polar anglais de l'époque comme le teigneux Never let go (1960) de John Guillermin.

L'urgence de la mise en scène de Val Guest parvient néanmoins à faire capter ces pulsations de la ville dans laquelle se plaît à déambuler Harry Martineau (Stanley Baker). Le commissariat, les rues et le pub constituent le quotidien du personnage fuyant un foyer sinistré où il ne s'entend plus avec sa femme. L'évasion de Don Starling (John Crawford) qu'il avait mis sous les verrous va lui donner l'occasion de se mettre en action, d'autant qu'il le soupçonne d'être derrière le hold d'up mortel récent d'un prêteur sur gage. L'intrigue et son déroulement sont assez typiques du polar mais on ressent néanmoins la patte Hammer dans une brutalité d'ensemble qui dénote.

John Crawford incarne un truand féroce et prêt à tout dont la violence semble plus particulièrement s'exercer sur les femmes avec meurtre à coup de matraque, balle tirée dans le dos sans parler d'une ancienne maître sauvagement mis au pas par Starling. On sent la différence du polar anglais avec son homologue américain à travers la modestie de ses criminels (les acolytes culpabilisant après le meurtre accidentel du braquage) ce qui rend d'autant plus intimidant les vrais irrécupérables comme Don Starling. On devine ainsi l'expérience policière de Maurice Procter dans la description des méthodes policières, tout en finesse psychologique et conviction (voir l'entrevue avec la femme de l'usurier retournée comme un rien) pour faire avouer les malfrats mais également un sens de la déduction prenant le pas sur l'action.

On remonte donc la piste avec intérêt malgré le manque d'action grâce au charisme de Stanley Baker et l'imprévisibilité d'un John Crawford faisant office de croquemitaine. Val Guest offre de superbes vues de Manchester magnifiée par la magnifique photo d'Arthur Grant, où l'on navigue entre ruelles désertiques, pubs bondé et quartier pavillonnaire faussement calmes. Le final récompense l'attente avec une sacrément hargneuse course poursuite sur les toits, où le découpage et la mise en scène nerveuse de Val Guest en font un morceau de bravoure palpitant. Un polar qui aurait gagné à un peu plus cultiver sa méchanceté (les meilleurs moments sont quand il y cède, peut-être dans d'autres adaptation s'il y en a eu) mais qui s'avère néanmoins prenant et esthétiquement attrayant.

Sorti en dvd zone 2 anglais chez StudioCanal et doté de sous-titres anglais 

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