Don Starling (John Crawford) vient de
s’échapper de prison où il purgeait une peine de quatorze ans pour un
cambriolage, tuant un gardien dans le feu de l’action. L’inspecteur
Harry Martineau (Stanley Baker) est convaincu que Starling (qu’il avait
arrêté il y a cinq ans) reviendra à Manchester.
Hell is a city
constitue une tentative de diversification de la Hammer avec ce film
noir dépourvus des créatures fantastiques ou de la science-fiction qui a
fait la célébrité de la compagnie. Le film adapte le roman éponyme de
Maurice Procter, maître du roman noir anglais qui avec cet ouvrage (paru
en 1954) écrivait la première aventure de son personnage le plus
célèbre l'inspecteur Harry Martineau. Procter plaçait toutes ses
intrigues dans la ville de Granchester, cité industrielle imaginaire du
nord de l'Angleterre où l'on reconnaîtra bien sûr Manchester. Cette
légère différence permettait une plus grande liberté de ton Procter
tout en y distillant un certain réalisme imprégné de ses 19 ans en tant
que policier. L'adaptation se délestera de cet artifice en se situant
réellement à Manchester mais du coup perd sans doute le côté
tentaculaire et menaçant que suggère la ville à travers le titre mais
aussi la promotion très agressive du film. Là la ville semble finalement
assez calme et l'urbanité oppressante s'est sans doute mieux ressentie
dans d'autres polar anglais de l'époque comme le teigneux Never let go (1960) de John Guillermin.
L'urgence
de la mise en scène de Val Guest parvient néanmoins à faire capter ces
pulsations de la ville dans laquelle se plaît à déambuler Harry
Martineau (Stanley Baker). Le commissariat, les rues et le pub
constituent le quotidien du personnage fuyant un foyer sinistré où il ne
s'entend plus avec sa femme. L'évasion de Don Starling (John Crawford)
qu'il avait mis sous les verrous va lui donner l'occasion de se mettre
en action, d'autant qu'il le soupçonne d'être derrière le hold d'up
mortel récent d'un prêteur sur gage. L'intrigue et son déroulement sont
assez typiques du polar mais on ressent néanmoins la patte Hammer dans
une brutalité d'ensemble qui dénote.
John Crawford incarne un truand
féroce et prêt à tout dont la violence semble plus particulièrement
s'exercer sur les femmes avec meurtre à coup de matraque, balle tirée
dans le dos sans parler d'une ancienne maître sauvagement mis au pas par
Starling. On sent la différence du polar anglais avec son homologue
américain à travers la modestie de ses criminels (les acolytes
culpabilisant après le meurtre accidentel du braquage) ce qui rend
d'autant plus intimidant les vrais irrécupérables comme Don Starling. On
devine ainsi l'expérience policière de Maurice Procter dans la
description des méthodes policières, tout en finesse psychologique et
conviction (voir l'entrevue avec la femme de l'usurier retournée comme
un rien) pour faire avouer les malfrats mais également un sens de la
déduction prenant le pas sur l'action.
On remonte donc la piste
avec intérêt malgré le manque d'action grâce au charisme de Stanley
Baker et l'imprévisibilité d'un John Crawford faisant office de
croquemitaine. Val Guest offre de superbes vues de Manchester magnifiée
par la magnifique photo d'Arthur Grant, où l'on navigue entre ruelles
désertiques, pubs bondé et quartier pavillonnaire faussement calmes. Le
final récompense l'attente avec une sacrément hargneuse course poursuite
sur les toits, où le découpage et la mise en scène nerveuse de Val
Guest en font un morceau de bravoure palpitant. Un polar qui aurait
gagné à un peu plus cultiver sa méchanceté (les meilleurs moments sont
quand il y cède, peut-être dans d'autres adaptation s'il y en a eu) mais
qui s'avère néanmoins prenant et esthétiquement attrayant.
Sorti en dvd zone 2 anglais chez StudioCanal et doté de sous-titres anglais
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire