Larry Blake, directeur d'un magazine
new-yorkais, s'éprend d'une monitrice de ski (Karin Borg) qu'il épouse
en lui promettant de s'installer à la montagne auprès d'elle. Pourtant,
le travail reprend très rapidement ses droits et Larry repart pour New
York. Lassée de l'attendre, Karin part le rejoindre, mais elle découvre
qu'il semble l'avoir oubliée car il fréquente assidûment une auteur
dramatique, Griselda. Ces circonstances inattendues obligent Karin à se
faire passer pour sa propre sœur Katherine.
Two-Faced Woman
est un Cukor mineur tout en constituant une œuvre d'importance
puisqu'il s'agit du dernier rôle au cinéma de Greta Garbo avant son
retrait définitif. Une décision d'autant plus regrettable que son
interprétation, dans lignée du célèbre Ninotchka (1939) semblait lui ouvrir de nouvelles possibilités dans la comédie pure. Garbo retrouve d'ailleurs ici son partenaire de Ninotchka
Melvyn Douglas avec lequel elle va à nouveau constituer un couple mal
assorti. Suite à un coup de foudre le temps de vacances au ski, Larry
Blake (Melvyn Douglas) et Karin Borg (Greta Garbo) se marient sans
réellement se connaître.
Patron de magazine et adepte de la trépidante
vie urbaine new yorkaise, Larry déchante vite face l'austère monitrice
de ski Karin adepte d'une vie simple et au grand air. Amoureux mais
incapable de se fondre dans le quotidien de l'autre, les époux
retournent à leurs vies sans se séparer pour autant mais le fossé se
creuse pourtant. En visite à New York, Karin va pouvoir le vérifier en
voyant Larry se rapprocher de Griselda (Constance Bennett) mais va
trouver une solution en s'inventant une sœur jumelle, Katherine. Cet
alter ego est tout l'opposé de Karin, une vamp et "chercheuse d'or" sans
états d'âmes ni inhibition.
On s'amuse beaucoup à cette
transformation que façonne génialement Greta Garbo, forçant le trait
dans les attitudes lascives et séductrices loin de la simplicité
initiale. Le meilleur moment sera d'ailleurs lorsqu'elle improvise
malgré elle une danse qui contamine toute la piste, en faisant une
noceuse hors pairs dans un mouvement et une chorégraphie dont Cukor
filme avec une belle fluidité la construction. Le double jeu de Karin
est d'abord destiné à dégouter Larry de la frivole Katherine pour qu'il
lui revienne mais au contraire celui-ci va s'amouracher du double
séducteur de son épouse. Dès lors Karin va retourner son stratagème pour
piéger Larry et demander le divorce face à cette possible infidélité d'esprit. Le problème du film est de ne
jamais totalement exploiter son postulat excitant, Cukor ne retrouvant son mordant que le temps d'un crêpage de chignon avec Constance Bennett digne de Femmes (1939).
Les possibilités de
quiproquos et situations troubles sont à peine esquissées voire
escamotée (un remontage rendant Larry conscient de la mascarade) et la
situation n'est finalement traitée que par des scènes de dialogues
insipides qui n'existent que grâce à l'abattage des acteurs. Greta Garbo
offre un grand numéro entre froideur et frivolité (à laquelle elle prend subtilement gout sous le simulacre), entre amoureuse
éperdue et femme revancharde qui égaye toutes les situations. De même Melvyn Douglas perdu entre le citadin macho et l'amoureux
transi, est très bon et tous deux créent le compagnon versatile et idéal
dans leurs contradictions. Malheureusement le scénario ne leur offre
pas de moments réellement exaltant, remplissant le vide par des scènes
de ski certes superbes mais sans grand intérêt. Pas désagréable mais La Divine aurait mérité une
meilleure sortie...
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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