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lundi 22 février 2016

La Femme aux deux visages - Two-faced woman, George Cukor (1941)

Larry Blake, directeur d'un magazine new-yorkais, s'éprend d'une monitrice de ski (Karin Borg) qu'il épouse en lui promettant de s'installer à la montagne auprès d'elle. Pourtant, le travail reprend très rapidement ses droits et Larry repart pour New York. Lassée de l'attendre, Karin part le rejoindre, mais elle découvre qu'il semble l'avoir oubliée car il fréquente assidûment une auteur dramatique, Griselda. Ces circonstances inattendues obligent Karin à se faire passer pour sa propre sœur Katherine.

Two-Faced Woman est un Cukor mineur tout en constituant une œuvre d'importance puisqu'il s'agit du dernier rôle au cinéma de Greta Garbo avant son retrait définitif. Une décision d'autant plus regrettable que son interprétation, dans lignée du célèbre Ninotchka (1939) semblait lui ouvrir de nouvelles possibilités dans la comédie pure. Garbo retrouve d'ailleurs ici son partenaire de Ninotchka Melvyn Douglas avec lequel elle va à nouveau constituer un couple mal assorti. Suite à un coup de foudre le temps de vacances au ski, Larry Blake (Melvyn Douglas) et Karin Borg (Greta Garbo) se marient sans réellement se connaître.

Patron de magazine et adepte de la trépidante vie urbaine new yorkaise, Larry déchante vite face l'austère monitrice de ski Karin adepte d'une vie simple et au grand air. Amoureux mais incapable de se fondre dans le quotidien de l'autre, les époux retournent à leurs vies sans se séparer pour autant mais le fossé se creuse pourtant. En visite à New York, Karin va pouvoir le vérifier en voyant Larry se rapprocher de Griselda (Constance Bennett) mais va trouver une solution en s'inventant une sœur jumelle, Katherine. Cet alter ego est tout l'opposé de Karin, une vamp et "chercheuse d'or" sans états d'âmes ni inhibition.

On s'amuse beaucoup à cette transformation que façonne génialement Greta Garbo, forçant le trait dans les attitudes lascives et séductrices loin de la simplicité initiale. Le meilleur moment sera d'ailleurs lorsqu'elle improvise malgré elle une danse qui contamine toute la piste, en faisant une noceuse hors pairs dans un mouvement et une chorégraphie dont Cukor filme avec une belle fluidité la construction. Le double jeu de Karin est d'abord destiné à dégouter Larry de la frivole Katherine pour qu'il lui revienne mais au contraire celui-ci va s'amouracher du double séducteur de son épouse. Dès lors Karin va retourner son stratagème pour piéger Larry et demander le divorce face à cette possible infidélité d'esprit. Le problème du film est de ne jamais totalement exploiter son postulat excitant, Cukor ne retrouvant son mordant que le temps d'un crêpage de chignon avec Constance Bennett digne de Femmes (1939).

Les possibilités de quiproquos et situations troubles sont à peine esquissées voire escamotée (un remontage rendant Larry conscient de la mascarade) et la situation n'est finalement traitée que par des scènes de dialogues insipides qui n'existent que grâce à l'abattage des acteurs. Greta Garbo offre un grand numéro entre froideur et frivolité (à laquelle elle prend subtilement gout sous le simulacre), entre amoureuse éperdue et femme revancharde qui égaye toutes les situations. De même Melvyn Douglas perdu entre le citadin macho et l'amoureux transi, est très bon et tous deux créent le compagnon versatile et idéal dans leurs contradictions. Malheureusement le scénario ne leur offre pas de moments réellement exaltant, remplissant le vide par des scènes de ski certes superbes mais sans grand intérêt. Pas désagréable mais La Divine aurait mérité une meilleure sortie...

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner 

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