Louie Ricarno, un jeune chef de gang à
Chicago, devient le patron des bas-fonds de la ville. Il tombe amoureux
de Doris, sans savoir qu'elle est en fait avec son second, Steve
Mileaway. Lorsque Doris accepte de l'épouser, Louie décide de tout
quitter et de partir pour la Floride. En chemin vers le sud, il
s'arrange pour que Doris rencontre son jeune frère Jackie, qui est dans
une école militaire sous un faux nom. Une fois en Floride, Doris
s'ennuie, Chicago lui manque. Pendant ce temps, Mileaway est incapable
de mettre fin à une guerre des gangs qui s'est déclenchée à Chicago, il
demande à Louie de rentrer pour reprendre les choses en main.
The Doorway to hell
est une œuvre fondamentale pour la Warner et plus globalement le cinéma
américain puisqu'il lance la grande vague du film de gangster des
années 30. Même s'il sera supplanté par des successeurs plus célèbre
désormais (L'Ennemi public de Wellman, Le Petit César de Mervyn LeRoy ou Scarface
de Howard Hawks) le film d'Archie Mayo possède ses propres qualités et
instaure même quelques standards du genre. On n’a pas encore ici la
caractérisation outrancière, violente et tourmentée de la figure du
gangster avec le chef de gang Louis Ricarno (Lew Ayres). Jeune, avenant
et séduisant, c'est précisément lorsqu'il fait passer un nuage de
violence dans son regard, quand il durcit soudainement ses traits
juvéniles qu'il s'avère terriblement intimidant. C'est cette capacité
qui lui aura permis d'avoir la mainmise sur la pègre de Chicago comme le
montre une superbe ouverture où il met au pas les trognes patibulaires
qui l'entoure. Seulement Louis désormais richissime et amoureux songe à
se retirer au sommet de sa gloire et bien vivant de ce monde du crime
mais le destin va le rattraper.
On retrouve de manière plus
subtile que dans d'autres films de gangsters à venir cette notion de
fatalité finissant par perdre le criminel. Si cette idée sera plus
guidée par l'application du Code Hays par la suite (le final ajouté de Scarface
notamment), ici elle s'instaure avec une logique implacable au récit.
L'appartenance aux bas-fonds (la scène où Louis parcoure les rues de son
enfance avant de quitter la ville) est un marqueur dont l'argent ne
nous débarrasse pas, la guerre des gangs explosant dès son départ
forçant ses acolytes à exiger son retour. Sa nouvelle vie est d'ailleurs
viciée avant même son début puisque son épouse (Dorothy Mathews) est
l'amante de son bras droit Mileaway (James Cagney) et se languira vite
de leur ancienne vie plus excitante que la tranquilité de Floride.
La
vision des gangsters oscillent d'ailleurs entre la dualité suave et
brutale qui définit Louis, leurs méfaits se voyant dépeint à la fois par
des gros titres à sensation dans les journaux et la vision des
règlements de comptes brutaux et cruels dont une action tragique forcera
le retour de Louis. L'appât du gain justifiera cette schizophrénie,
Louis gardant une certaine naïveté sous sa nature criminelle avec cette
croyance que le dieu dollar mettra fin à tous ses problèmes mais sa
richesse n'aura aucun effet sur l'incorruptible O'Grady (Robert Elliott )
et n'empêchera pas la tournure dramatique des évènements.
Lew
Ayres offre une prestation assez fascinante notamment dans la dernière
partie où brisé il devient un être opaque et violent, délesté du masque
séduisant en perdant les idéaux auxquels sa réussite lui avait fait
croire. L'issue implacable offrira à notre héros une sortie flamboyante
et lucide mais l'on aurait aimé que le parallèle à Napoléon son plus
fouillé ce qui aurait donné une plus grande force encore. Reste une
œuvre efficace posant les jalons du genre dans son esthétique mais aussi
ses figures de proues puisque James Cagney qui en impose déjà dans un
second rôle sera repéré ici par Wellman qui en fera son mythique Ennemi Public.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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