Charles Bonnet possède une
impressionnante collection d'art, dont il vend parfois quelques pièces à
d'autres amateurs. Seul problème, les œuvres sont en fait d'ingénieuses
imitations. Par défi et orgueil, il accepte de prêter une somptueuse
statuette à un musée : la Vénus de Cellini. Ce qu'il ignore, c'est que
la fameuse statuette va faire l'objet d'une expertise. Sa fille,
inquiète, décide de régler l'affaire à l'aide d'un séduisant inconnu,
qu'elle prend pour un voleur...
How to Steal a Million est la troisième collaboration entre William Wyler et Audrey Hepburn et si elle n'atteint pas les hauteurs de la romance Vacances Romaines (1953) ou l'audace du drame La Rumeur
(1961), cela reste un excellent divertissement. Le film croise comédie
romantique et film de casse avec un charme de tous les instants et sans
que les deux genres se parasitent. Le motif du vol est en effet avant
tout sentimental, mené par des personnages honnêtes tout au étant au
fait des monde criminel.
Nous aurons d'abord Nicole Bonnet (Audrey
Hepburn), fille de faussaire bientôt victime de l'arnaque de trop alors
qu'une fausse statuette prêtée à un musée s'apprête à être expertisée et
le démasquer. Seul planche de salut, faire appel au cambrioleur Simon
Dermott (Peter O'Toole) que quelques indices semblent pourtant bien
placer du bon côté de la loi. Mais lorsque l'amour s'en mêle les deux
vont se laisser griser, Nicole tout en cherchant à sauver son père (Hugh
Griffith) n'est pas mécontente d'avoir recours à ce séduisant voleur et
Simon ira jusqu'au bout du jeu pour les beaux yeux de cette française.
Audrey
Hepburn qui approchait la quarantaine (et ne s'aventurera dans le rôle
de la maturité que l'année suivante avec l'excellent Voyage à deux
de Stanley Donen) déborde à nouveau de candeur et de charme pour
fissurer l'honnêteté de Peter O'Toole. L'acteur excelle dans un jeu
décalé et subtil dont l'outrance dissimule autant qu'il dévoile les
aptitudes criminelles du personnage. Forçant le trait dans le côté faux
dur à coup d'intonations parodiques et de postures bravache, son brio
s'exprime dans l'action sans se départir de cette fantaisie lors de la
longue et excellente scène de casse. La sécurité est forcée par une
psychologie de l'absurde brillamment amenée, rendant la séquence aussi
drôle que haletante.
Les meilleurs moments sont donc ceux où Audrey
Hepburn vulnérable et démunie fait céder Peter O'Toole qui nous font
fondre, on pense à l'ultime entrevue avant le casse où ses larmes lui
font changer d'avis, toutes les perches tendues pour la dissuader ou la
délicieuse promiscuité dans un placard balai. William Wyler emballe
l'ensemble avec élégance dans un Paris glamour et touristique à souhait,
secondé par les superbes décors façonnés par Alexandre Trauner (le
musée oula demeure des Bonnet) et une Audrey Hepburn plus chic que
jamais, arborant une nouvelle tenue Givenchy (avec un dialogue qui se
moque gentiment du lien de l'actrice au couturier) à chaque scène. Une
manière de célébrer le charme français tout en se moquant gentiment des
américains à travers le personnage d'Eli Wallach, collectionneur
"possesseur" plus qu'homme de goût. Un Wyler mineur mais débordant de
charme.
Sorti en dvd zone 2 français chez Fox
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