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mercredi 20 avril 2016

The Mind Reader - Roy Del Ruth (1933)

Chandler se fait passer pour un voyant sous le pseudonyme de "Chandra" afin de gagner de l'argent facilement. Le charlatan se met alors à prédire l'avenir. Mais très vite, il tombe sous le charme d'une de ses victimes, Sylvia, et la vérité ne tarde pas à éclater...

The Mind Reader est un Pré-Code où plane comme souvent l'ombre de la Grande Dépression. L'absence de scrupule comme la naïveté désespérée se conjuguent à travers l'escroquerie bien rôdé du "voyant" Chandler/Chandra, le contexte justifiant sa roublardise tout comme la crédulité de ses clients se raccrochant à ses prédictions en ces temps incertains. C'est dans un premier temps l'humour qui s'invite dans cette vision des pérégrinations frauduleuses de Chandler. Plutôt que d'aller en quête d'un job qui se fait rare, l'arnaque est encore le moyen le plus amusant et efficace pour s'enrichir et on s'amuse beaucoup de l'astuce et du folklore mystérieux déployé par notre héros et ses complices. Le détachement amusé domine, d'autant que les boniments demeurent sans conséquences. La culpabilité rattrapera Chandler lorsqu'il tombera amoureux de Sylvia (Constance Cummings) une de ses victimes crédules qui finira par le démasquer.

Le ton bascule ainsi progressivement alors qu'au départ l'arnaque était une échappatoire rieuse pour les escrocs et une forme malgré tout de spectacle illuminant le quotidien pour les victimes. Désormais en souffrance dans une vie trop sage d'homme marié, Chandler s'échappe dans le crime par pur égoïsme plus que par la nécessité initiale pour des dommages collatéraux plus dramatiques. La drôlerie est bien plus acide avec une voyance bien renseignée sur l'infidélité des maris volages avec quelques moments savoureux de flagrant délit. Mais à briser des ménages par jeu Chandler voit le sien se déliter par ses mensonges et causer un drame inattendu.

La rédemption de Chandler semble correspondre à un changement d'ère plus morale, Roy Del Ruth ne jugeant jamais ses personnages qui conservent un capital sympathie en dépit de leurs mauvais coups. L'heure n'est plus à arborer une distance rieuse fac à la crise mais à un refuge dans la famille que cette insouciance menace. Tout en prônant une sorte de retour moral, c'est surtout la nostalgie des bons moments passés qui se ressent dans la conclusion, le duo de filous entre Chandler et Frank (excellent Allen Jenkins) constituant finalement le vrai couple du film.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner 

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