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lundi 9 janvier 2017

Al Capone - Richard Wilson (1959)

Dans cette biographie précise et inhabituelle, le truand Al Capone arrive à Chicago à la veille de la prohibition pour être le garde du corps du trafiquant Johnny Torrio. La progressive prise de pouvoir de Capone dans le gang s'accompagne d'une série de meurtres, d'actes d'extorsion et de fraudes politiques. Il prend alors la tête de la plus grosse "affaire" de Chicago, mais déjà le déclin de son pouvoir s'amorce et une fin horrible l'attend.

La fin des années 50 voit un véritable film de gangster dans le cinéma américain. Le genre n'avait jamais complètement disparu mais n'était plus pourvu de l'aura du début des années trente avec le triomphe des productions Warner (Le Petit César de Mervyn LeRoy (1931), L'Ennemi public de William A. Wellman (1931)). La criminalité montante aux Etats-Unis d'alors se répercutait sur les écrans mais les studios devaient avancer masqués dans leur évocation, Scarface (1932) de Howard Hawks étant un biopic officieux et romancé d'Al Capone sans pouvoir le nommer. C'est donc le créneau pour lequel vont opter les productions des années 50 avec une multitude de biopic assumés dont la nature de série B (et un relâchement du Code Hays) autorisera une violence bien plus corsée : Baby Face Nelson de Don Siegel (1957), The Bonnie Parker Story (1958) de William Witney ou encore Machine Gun Kelly de Roger Corman (1958).

 Le film de Richard Wilson s'inscrit dans ce courant et va trouver avec Rod Steiger un interprète à la démesure du célèbre gangster, en plus d'entretenir une troublante ressemblance physique avec son modèle. L'acteur affirme avoir fait grandement modifier le scénario qui selon lui romantisait trop Al Capone. Il en fait effectivement une figure monstrueuse et exubérante, passant de la petite frappe mal dégrossie à l'homme de l'ombre indispensable puis au chef impitoyable et sanguinaire. L'aura maléfique de Capone se déploie progressivement, d'abord par ce physique intimidant et la violence dont il est capable puis par un pouvoir de séduction insidieux où il nourrit l'ambition (Johnny Torrio (Nehemiah Persoff) poussé à trahir son mentor) mais aussi le désir (Fay Spain séduite par l'homme qui l'a rendue veuve).

L'ascension d'Al Capone se fait dans le sang et la corruption, Richard Wilson s'appliquant autant à dépeindre les règlements de comptes incroyablement brutaux (avec en point d'orgue le fameux Massacre de la Saint Valentin superbement filmé) que les processus du trafic d'alcool lors de la Prohibition et surtout l'aspect moins connu des méandres de la corruption et fraude politique (le long épisode où la Mafia investira une petite ville voisine de Chicago pour détourner une élection). Al Capone par son énergie, férocité et bagout balaie dans un premier temps toute les entraves, soumet les opposant, attire les soupirant et séduit les femmes. C'est pourtant un être profondément seul dont l'attrait ne tient qu'à sa poigne de fer et deviendra de plus en plus solitaire et pathétique quand son pouvoir se délitera.

Le scénario fait des échos constant entre l'ascension et la déchéance, les raisons de la réussite étant les mêmes que celles de la chute avec un Capone s'accrochant maladivement à un pouvoir si durement conquis. Le récit alerte fait passer tout cela efficacement, humanisant Capone malgré ses actes notamment dans sa relation avec Fay Spain. L'épilogue en prison retrace en miniature et à ces dépends ce qui a constitué l'existence de Capone, la mégalomanie, la solitude face au monde qui l'entoure et la violence. La voix-off amène une hauteur morale paradoxale aux excès en tous genres auxquels on vient d'assister.

Sorti en dvd zone 2 chez Warner

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