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mardi 15 août 2017

A Month in the Country - Pat O'Connor (1987)

Au début des années 1920, Tom Birkin (Colin Firth), soldat démobilisé du front, est chargé de restaurer une peinture murale médiévale tout juste découverte dans l'église d’un petit village du Yorkshire, Oxgodby. Ce refuge vers la campagne idyllique du Yorkshire est pour Birkin, encore hanté par les cauchemars de la Première Guerre mondiale, une véritable catharsis. Simultanément, il se lie d'amitié avec l'archéologue James Moon (Kenneth Branagh), autre ancien combattant, marqué comme lui par les affres du conflit. Moon, lui, est chargé de mettre au jour une mystérieuse tombe, mais bientôt ses recherches le poussent à fouiller le cimetière attenant aux ruines d'une chapelle saxonne voisine.

A Month in the Country est une œuvre délicate qui marque les vrais débuts cinématographiques de Colin Firth, Kenneth Branagh et Natacha Richardson. Le film s'inscrit dans un courant de film à l'identité profondément anglaise et nostalgique initié au milieu des années 80 avec des œuvres comme The Assam Garden (1985) ou Distant voices, still lives de Terence Davies(1988). Le film naît de la volonté du producteur Kenith Trodd d'adapter le court roman éponyme de J. L. Carr, et ayant plutôt l'habitude de travailler pour la télévision il trouvera un financement conjoint entre Euston Films (une filiale de Thames Television) et Channel Four Films pour un modèle initiée par My Beautiful Laundrette de Stephen Frears (1985) et qui perdurera par la suite. Au départ envisagé pour un téléfilm, A Month in the Country aura malgré son budget restreint une sortie cinéma et sera la première réalisation cinéma de Pat O'Connor dont le travail à la télévision fut plusieurs fois récompensé.

Le film est totalement imprégné à la fois de la mystique et du caractère secret des anglais. Cela viendra en grande partie du choix de Pat O'Connor d'éliminer la narration la première personne du livre et du coup la voix-off attendue pour le film. Tous passera par les non-dits, l'atmosphère rurale à la fois mystérieuse et à l'apaisant réalisme ainsi que jeu des acteurs. L'impact est ainsi double ici pour le vétéran de la Grande Guerre Tom Birkin, rongé à la fois mentalement et physiquement par le choc post-traumatique avec des nuits baignées de cauchemar et une élocution laborieuse. En charge de restaurer une peinture murale médiévale dans une église du Yorkshire, Birkin retrouve foi en lui-même au fur et à mesure que la fresque se révèle mais également au contact des habitants chaleureux de la région. Pat O'Connor délaisse volontairement toute volonté de narration classique pour privilégier la chronique quotidienne, la reconstruction du héros ne naissant pas d'une progression dramatique mais d'un ensemble de moment épars.

Le scénario joue ainsi de l'effet de répétition bienveillant (les enfants venant jouer des disques à Birkin pendant qu'il restaure la fresque), des rebondissements incongrus (Birkin contraint bien malgré lui de donner un prêche) et des moments suspendus où la gêne se dispute à la grâce notamment la romance platonique entre Birkin et Alice Keach (Patricia Richardson). Le traumatisme de la Première Guerre prend des aspects très différents où le scénario ne se montrera jamais trop démonstratif. Le tempérament taciturne de Birkin trahit toute la douleur qu'il contient quand le très volubile et rieur archéologue James Moon (Kenneth Branagh) laisse voir ses failles par un simple trou qu'il a creusé dans le sol de sa tente, une protection encore nécessaire pour lui. Tous les ramènent à cette traumatisante expérience et le scénario dresse cette dualité à chaque instant. Une balade en forêt pouvant tourner à la confession amoureuse ramène à l'enfer des tranchées avec le coup de feu d'un chasseur, un déjeuner chez les locaux rappelle ceux qui n'ont pas survécus quand ils évoqueront leur fils disparu.

Le scénario évite l'épiphanie rurale comme religieuse en ramenant Birkin à ses doutes Dieu et les hommes, tout en faisant les moteur de sa possible renaissance. La fresque murale dévoile alors la dimension apaisée et punitive de la religion (y compris dans ce que l'on découvrira du peintre), tout comme le concitoyen supposé le plus compatissant (le prêtre coincé joué par Patrick Malahide) s'avéra le plus distant de tous. La sobriété du ton et de l'imagerie n'en rendent que plus touchantes les émotions car Pat O'Connor évite tout effet ostentatoire, tout passant par l'évolution imperceptible des personnages (les tics vocaux de Birkin qui s'estompent, Colin Firth s'exerçant bien avant Le Discours d'un roi (2010)).

Cet entre-deux constant se retrouve dans la conclusion, que ce soit les adieux timide avec James Moon ou cette scène d'amour en attente jamais surmontée entre Birkin et Alice (le poids des conventions, traumas personnels et du désir passe avec une force rare durant la dernière entrevue). Il y a quelques chose de cette retenue anglaise qui ne permettra jamais de se livrer entièrement. Il faut la toute dernière scène, sorte de flashback/flashforward croisé pour que Pat O'Connor ose enfin une vision plus ouvertement mystique, comme si seul le souvenir permettait l'acceptation d'une certaine flamboyance.

Sorti en dvd zone 2 et BR anglais  et doté de sous-titres anglais chez BFI 

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