Arikawa dirige une
entreprise de transports. Mais ce n’est qu’une façade pour sa maison de jeux.
Yuriko est une habituée des lieux, et elle est fascinée par les dés et celui
qui les lance. Un an auparavant le père de Yuriko est mort dans des
circonstances mystérieuses, elle décide de partir à la recherche de la vérité.
The Cat Gambler
est le premier volet de la trilogie The
Woman Gambler produite au sein de la Nikkatsu. Le studio remporte à l’époque
un grand succès avec sa vague de Nikkatsu action, mélange détonnant du polar à
l’américaine revisité à la sauce pop et nerveuse destinée à la jeunesse. La
Nikkatsu observe néanmoins les cartons de la Toei dans le Yakuza Eiga, porté
par la veine chevaleresque du genre (Kinji Fukasaku n’est pas encore passé avec
sa brutale démythification) et ses stars masculines viriles et charismatiques.
La Nikkatsu décide donc de concurrencer la Toei sur son terrain en apportant l’originalité
d’avoir une héroïne. On retrouve l’habileté du studio à croiser les influences,
l’esthétique du film noir américain se mariant idéalement au milieu des yakuzas
dont on découvre le monde du jeu clandestin et plus précisément le jeu de dés.
L’héroïne et novice Yuriko (Yumiko Nogawa) nous sert de
guide dans cet environnement qu’elle infiltre afin de démasquer l’assassin de
son père. Cette vengeance se traduit par une perte d’innocence de Yuriko
passant sa capacité à mystifier les joueurs dans son emploi de croupière et où
la dissimulation du geste se conjugue à l’exhibition de ses charmes. La
féminité est une arme et le tatouage qu’elle arbore une armure face au yakuza libidineux
et machistes, chaque pan de sa peau blanche et laiteuse dévoilé les conduisant
à leur perte.
Le scénario est astucieux pour maintenir constamment l’attention
(le démasquage du coupable passant par la découverte d’une paire de dés) durant
les parties chargées de suspense et à la vraie progression dans l’enjeu et les
aptitudes de l’héroïne. En parallèle se déroule une intrigue policière plus
classique intégrant les codes du film noir à ces bas-fonds typiquement
japonais. C’est pourtant le mélodrame qui domine dans l’épanouissement et la
malédiction de cet éveil, la passion amoureuse sobre rencontrant la tragédie –
et notamment dans la scène de tatouage s’apparentant au propre comme au figuré
à une perte d’innocence, un dépucelage et un point de non-retour.
Formellement le film ne donne pas dans l’inventivité et la
folie pop des Nikkatsu Action et opte pour une forme de sobriété et élégance
dans un beau cinémascope. Le réalisateur Haruyasu Noguchi est un vieux routier
du cinéma japonais déjà passé par la Daei et la Nikkatsu où il fit son retour
au milieu des années 50. Ce fut notamment le mentor de Seijun Suzuki et s’il ne
fait pas montre de la folie de son élève, on appréciera un classicisme et le
brio d’un récit bien mené.
Autre lien à Seijun Suzuki, le charisme de Yumiko
Nogawa qui brilla notamment dans La Barrière de la chair (1964) et Histoire d’une prostituée (1965). Elle allie idéalement vulnérabilité et détermination avec une
élégante féminité. Le succès du film entraînera donc deux suites et surtout un
nouveau sous-genre mettant valeur des figures féminines dans le film de yakuza,
le plus célèbre étant la saga de la Pivoine rouge avec Junko Fuji (le
connaisseur s’amusera d‘ailleurs à noter les habiles différences et les points
où le successeur plus fameux est redevable).
Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Bach Films
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