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dimanche 8 décembre 2019

Femme ou Maîtresse - Daisy Kenyon, Otto Preminger (1947)

Daisy Kenyon, illustratrice de mode, est la maîtresse de Dan O'Mara, célèbre avocat, marié et père de deux enfants. N'ayant plus aucun espoir de l'épouser, Daisy considère leur amour comme révolu. Dan refuse de l'admettre. Elle rencontre, alors, Peter, un soldat dont la femme est morte cinq ans auparavant dans un accident. Lorsque ce dernier lui propose le mariage, Daisy accepte et perçoit, à travers cette décision, l'opportunité d'abréger sa relation avec Dan. Mais, l'avocat ne l'entend guère de cette oreille…

Femme ou maîtresse est un opus plus méconnu dans la fructueuse période des années 40 d'Otto Preminger à la Fox. On y retrouve cependant son talent pour les portraits féminins et l'observation des failles masculines, ce dernier point étant souvent incarné par Dana Andrews comme dans Laura (1944), Crime passionnel (1945) ou encore Mark Dixon, détective (1950). Contrairement à ces derniers, Femme ou maîtresse n'est pas un film noir mais une étude de mœurs autour d'un triangle amoureux. Daisy Kenyon (Joan Crawford) est une jeune femme déchirée entre deux hommes que tout oppose.

D'un côté il y a Dan (Dana Andrews) riche avocat déjà marié et père de famille, qui malgré son amour pour Daisy ne voit en elle qu'une étape de plus dans son planning lourdement chargé. Daisy ne fait que courir après les miettes de temps que peut lui accorder lui accorder cet homme arrogant et sûr de son attrait. De l'autre côté nous trouvons Peter (Henry Fonda) vétéran de guerre meurtri à la fois par son expérience du front et la perte de sa femme. A l'inverse c'est un homme vulnérable poursuivant désespérément Daisy de son amour, persuadé qu'elle saura combler ses maux.

Le personnage de Daisy est lui-même fort indécis face à ses désirs, à la fois femme libre et indépendante mais également amoureuse éperdue soumise à ses sentiments et aux diktats d'une société machiste (les questions tendancieuse lors de la scène de procès seront d'ailleurs cruellement inquisitrices comme pour la punir et juger de cette liberté). Cette idées de faillite masculine intervient tout d'abord dans les archétypes d'un côté supposés héroïque et bienveillant pour Henry Fonda et de l'autre celui du self made man impitoyable pour Dana Andrews. Preminger les déconstruits en tant qu'amants et époux. La toute-puissance masculine que déploie Dan suffit à calmer les doutes de Daisy par son pouvoir séducteur, mais démontre un certain égoïsme et lâcheté dans son vrai foyer puis une vraie brutalité quand les choses lui échapperont.

C'est l'inverse avec Peter réclamant tant d'attention mais incapable de se faire violence quand il faudra à son tour réellement se battre pour garder sa dulcinée. Le traitement formel de Preminger s'avère étonnamment dans la continuité de ces films noirs avec de Leon Shamroy tout en clair-obscur pour saisir les hésitations des personnages, et surtout les effets agressifs illustrant leur détresse psychologique (le téléphone qui ne cesse de sonner et tourmenter Daisy lors du final). Un traitement assez captivant où le happy-end ne semble là que pour là que pour la convention tant la nature torturée des personnages semble sans issue. Le trio de star est formidable, en particulier Joan Crawford en plein dans sa période de "transition" entre la jeune fille qu'elle ne peut plus jouer et la femme mûre en plein doute, dans la lignée du Roman de Mildred Pierce (1945)

Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez ESC 

1 commentaire:

  1. Salut, Justin!

    Le site web IMdB contient deux anecdotes intéressantes sur Daisy Kenion: dans une interview qu'il a donnée dans les années 70, Otto Preminger a avoué au journaliste qu'il ne se souvenait même pas de ce film. De plus, le contrat de Joan Crawford stipulait que le plateau de tournage serait conservé à des températures que Henry Fonda et Dana Andrews trouvaient trop froides. Alors Crawford a acheté des sous-vêtements longs pour les deux acteurs...

    À plus tard,
    Juan

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