Daisy Kenyon, illustratrice de mode, est la
maîtresse de Dan O'Mara, célèbre avocat, marié et père de deux enfants.
N'ayant plus aucun espoir de l'épouser, Daisy considère leur amour comme
révolu. Dan refuse de l'admettre. Elle rencontre, alors, Peter, un
soldat dont la femme est morte cinq ans auparavant dans un accident.
Lorsque ce dernier lui propose le mariage, Daisy accepte et perçoit, à
travers cette décision, l'opportunité d'abréger sa relation avec Dan.
Mais, l'avocat ne l'entend guère de cette oreille…
Femme ou maîtresse
est un opus plus méconnu dans la fructueuse période des années 40
d'Otto Preminger à la Fox. On y retrouve cependant son talent pour les
portraits féminins et l'observation des failles masculines, ce dernier
point étant souvent incarné par Dana Andrews comme dans Laura (1944), Crime passionnel (1945) ou encore Mark Dixon, détective (1950). Contrairement à ces derniers, Femme ou maîtresse
n'est pas un film noir mais une étude de mœurs autour d'un triangle
amoureux. Daisy Kenyon (Joan Crawford) est une jeune femme déchirée
entre deux hommes que tout oppose.
D'un côté il y a Dan (Dana Andrews)
riche avocat déjà marié et père de famille, qui malgré son amour pour
Daisy ne voit en elle qu'une étape de plus dans son planning lourdement
chargé. Daisy ne fait que courir après les miettes de temps que peut lui
accorder lui accorder cet homme arrogant et sûr de son attrait. De
l'autre côté nous trouvons Peter (Henry Fonda) vétéran de guerre meurtri
à la fois par son expérience du front et la perte de sa femme. A
l'inverse c'est un homme vulnérable poursuivant désespérément Daisy de
son amour, persuadé qu'elle saura combler ses maux.
Le personnage
de Daisy est lui-même fort indécis face à ses désirs, à la fois femme
libre et indépendante mais également amoureuse éperdue soumise à ses
sentiments et aux diktats d'une société machiste (les questions
tendancieuse lors de la scène de procès seront d'ailleurs cruellement
inquisitrices comme pour la punir et juger de cette liberté). Cette
idées de faillite masculine intervient tout d'abord dans les archétypes
d'un côté supposés héroïque et bienveillant pour Henry Fonda et de
l'autre celui du self made man impitoyable
pour Dana Andrews. Preminger les déconstruits en tant qu'amants et
époux. La toute-puissance masculine que déploie Dan suffit à calmer les
doutes de Daisy par son pouvoir séducteur, mais démontre un certain
égoïsme et lâcheté dans son vrai foyer puis une vraie brutalité quand
les choses lui échapperont.
C'est l'inverse avec Peter réclamant tant
d'attention mais incapable de se faire violence quand il faudra à son
tour réellement se battre pour garder sa dulcinée. Le traitement formel
de Preminger s'avère étonnamment dans la continuité de ces films noirs
avec de Leon Shamroy tout en clair-obscur pour saisir les hésitations
des personnages, et surtout les effets agressifs illustrant leur
détresse psychologique (le téléphone qui ne cesse de sonner et
tourmenter Daisy lors du final). Un traitement assez captivant où le
happy-end ne semble là que pour là que pour la convention tant la nature
torturée des personnages semble sans issue. Le trio de star est formidable, en particulier Joan Crawford en plein dans sa période de "transition" entre la jeune fille qu'elle ne peut plus jouer et la femme mûre en plein doute, dans la lignée du Roman de Mildred Pierce (1945)
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Salut, Justin!
RépondreSupprimerLe site web IMdB contient deux anecdotes intéressantes sur Daisy Kenion: dans une interview qu'il a donnée dans les années 70, Otto Preminger a avoué au journaliste qu'il ne se souvenait même pas de ce film. De plus, le contrat de Joan Crawford stipulait que le plateau de tournage serait conservé à des températures que Henry Fonda et Dana Andrews trouvaient trop froides. Alors Crawford a acheté des sous-vêtements longs pour les deux acteurs...
À plus tard,
Juan