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lundi 27 janvier 2020

The Private Eyes - Ban jin ba liang, Michael Hui (1976)


Mr. Boo est un détective privé maladroit et prétentieux qui ne s'occupe que de pauvres affaires d'adultères avec son agence et son assistant Puffy (Ricky Hui) qui est sa tête de turc. Très radin, il s'efforce de résoudre des affaires dont aucune autre agence ne veut en dépensant le moins possible. Lee Kwok-kit (Sam Hui), un expert en kung-fu, se fait licencier et décide alors de devenir détective privé en rejoignant l'agence de Boo.

Troisième film de Michael Hui, The Private Eyes est une de ses grandes réussites et un de ses plus gros succès à Hong Kong. Le film confirme et affine toutes les qualités entrevue dans l’inaugural Games GamblerPlay (1974). L’intrigue repose à nouveau en une suite de sketches mais cette fois ne tergiverse pas pour exploiter son concept où l’on accompagne un trio pieds nickelés de détectives dans les différentes affaires à traiter. Tous comme les arnaqueurs à la petite semaine de Games Gambler Play, ce métier à la marge est une échappatoire à une existence ouvrière plus terne comme le montre une des premières scènes où Lee Kwok-kit (Sam Hui) est renvoyé de l’usine pour son attitude trop facétieuse. 

Engagé dans l’agence de détective de Wong (Michael Hui), un quotidien plus mouvementé l’attend à travers les différentes missions à effectuer. C’est l’occasion pour Michael Hui d’à la fois multiplier les situations comiques et également d’observer les petits travers humains ordinaire. Si Games Gambler Play scrutait une spécificité plutôt locale avec le monde du jeu clandestin de Hong Kong, Michael se fait plus universel en faisant traiter à ses personnages des cas d’adultères, de vol et d’escroquerie en tous genres.

L’originalité tient dans l’approche comique de Michael Hui, cette fis typiquement hongkongaise. Les moments loufoques tiennent souvent dans les impasses où se trouveront nos héros lors de leurs filatures. C’est un festival où le comique naît des trognes improbables des antagonistes (l’escalade des ennemis plus laids les uns que les autres dans une salle d’arts martiaux), de la dissimulation inventives dans les lieux confinés (extraordinaire gags dans une chambre d’hôtel pour surprendre un couple illégitime) ou de l’astuce des cibles pour échapper à la justice comme ce duo de voleurs de supermarché. C’est là que l’on voit l’énorme influence de Michael Hui sur la comédie cantonaise, nombres de gags se retrouvant dans les classiques à venir de Jackie Chan (d'ailleurs cascadeur sur le film) ou Sammo Hung (chorégraphe des scènes d'actions et tenant un petit rôle dans Games Gambler Play), d’autant que sont introduit ici d’efficaces scènes de kung-fu. 

Une nouvelle fois les personnages sont très attachants dans leur imperfection, notamment la relation patron/subalterne génialement odieuse entre le radin Wong et Lee Kwok-Kit et Puffy (Ricky Hui). Là aussi la caractérisation fonction sur des gags particulièrement inventifs jouant sur la cohabitation, où un changement de programme télé fait vriller une scène de cuisine vers la séance de gymnastique. Le ton du film équilibre ainsi habilement entre expression de la bassesse ordinaire (la prise d’otage finale au cinéma où chacun tente tant bien que mal de dissimuler ses effets) et vraie tendresse, notamment la dernière scène. C’est rythmé, spectaculaire et truffé d’idées visuelles, avec cet élément ludique qu’apporte la bande-son canto pop bondissante et la chanson de Sam Hui. 

Sorti en dvd zone 2 français chez HK Vidéo 

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