Un escroc vétéran et
un petit joueur naïf, Man (Michael Hui) et Kit (Sam Hui), se rencontrent en
prison et se lient d'amitié. Une fois libérés, ils recommencent leurs arnaques
au jeu, notamment aux dés et au mahjong, et tentent leur chance dans un jeu télévisé.
Mais ils tombent sur un parieur mécontent de s'être fait escroquer sur des
courses de chiens et qui leur envoie des hommes pour les supprimer.
Games Gambler Play
est le premier film de Michael Hui, figure légendaire du cinéma comique
hongkongais. C’est tout d’abord à la télévision que Michael Hui se fait
connaître avec l’émission Hui Brothers Show, où il a l’occasion de tester de
nombreux sketches avec ses frères Sam et Ricky qui seront également les
acolytes réguliers de ses premiers films. S’étant montré convaincant dans
quelques rôles haut en couleur au cinéma comme The Warlord de de Li Han-hsiang, il parait fin prêt pour le passage
sur grand écran et va créer sa société de production Hui Film Company, soutenu
par la Golden Harvest de Raymond Show (lanceur de talent s’il en est à cette
période puis Bruce Lee précède et Jackie Chan suivra).
Games Gambler Play
est encore grandement redevable de ce passif télévisé puisque le film n’est qu’une
suite de sketches inégaux où il faudra attendre les 30 dernières minutes pour
avoir un semblant de fil rouge narratif. On trouve cependant les prémices du
génie comique en germe de Hui entre dans l’approche grotesque et satirique où
il s’amuse de ses personnages vénaux, représentatifs d’une certaine mentalité
de l’appât du gain à Hong Kong. Ce qui rendra les films de Hui si populaire
auprès de la classe ouvrière de la péninsule, est cependant la tendresse qu’il
a pour ses protagonistes dont il s’amuse des mésaventures et des bas-instincts
sans jamais les juger. Entre l’escroc aguerri Man (Michael Hui) et le jeune
joueur poissard Kit (Sam Hui) c’est ainsi la fainéantise ordinaire, la quête d’argent
facile mais aussi la fuite d’une vie de labeur ennuyeuse qui se joue dans l’adrénaline
de l’arnaque et des tables de casino. Hui le développe à toutes les échelles,
environnements et gains allant du plus nanti au plus insignifiant dans les
tentatives de ses héros, la première escroquerie étant un plat de petit pois en
prison et la dernière la cagnotte d’une course de lévriers.
Le réalisateur façonne des figures et situations comiques
qui deviendront emblématiques de la comédie cantonaise. A ce titre le film est
une des premières occasions des spectateurs hongkongais de « s’entendre »
tel qu’ils échangent entre eux puisque son succès contribuera à démocratiser le
cantonais comme langue des long-métrages alors dominés par le mandarin (notamment
dans les films de la Shaw Brothers). L’inénarrable logorrhée et phrasé du
cantonais contribue grandement à l’effet comique de certaines situations où Hui
s’amuse à convoquer les seconds rôles les plus pittoresque, du mendiant sans
gêne à la vieille dame acariâtre à une table de jeu. Les fous rires
interviennent essentiellement quand nos héros se mettent en périlleuse
situation en tentant des coups fourrés.
Le vol de jeton et l’irrésistible
mimique de Sam Hui pris la main dans le sac donne un savoureux mélange de
burlesque, cartoon et comédie populaire, tout comme sa tentative avortée de
tricherie aux cartes face à des plagistes. C’est la truculence des personnages
qui construit l’effet comique, notamment dans les jeux d’argent typiquement
asiatiques dont le spectateur occidental ne connaît pas les règles comme le
mah-jong, mais les attitudes outrancières des gagnants comme des perdants (les
deux trichant autant qu’ils le peuvent) assure l’efficacité du gag. C’est très inégal et pas dénué de longueurs à cause de cette
quasi absence d’intrigue, mais le potentiel est là et les rires tout de même
francs et nombreux. Le meilleur était à venir avec Mr Boo Détective privé (1976) ou encore Mr Boo fait de la télévision (1978).
Sorti en dvd zone 2 français chez HK Vidéo
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