Dans les années 40, la vie de David, originaire
d'une petite ville fondamentaliste de la région du sud des Etats-Unis,
est bouleversée par l'arrivée de sa tante Mae. Ancienne chanteuse de
cabaret, Mae vient s'installer dans la maison qu'habitent David et ses
parents et devient rapidement sa seule amie.
The Neon Bible est la première œuvre de Terence Davies qui le sort de la veine autobiographique qui caractérisait ses premiers films, The Terence Davies Trilogy (1984), Distant Voices, Still Lives (1988) et The Long Day Closes (1991). L'autre versant de la filmographie de Davies réside en effet dans la grande adaptation littéraire avec Chez les heureux du monde (2001) d'après Edith Wharton, The Deep Blue Sea (2011) d'après Terrence Rattigan ou encore Sunset Song (2015) d'après Lewis Grassic Gibbon. The Neon Bible est donc la transposition du roman éponyme de John Kennedy Toole (surtout connu pour La Conjuration des imbéciles), le premier de son auteur mais paru à titre posthume en 1989, 20 ans après sa mort.
Le
récit nous plonge dans le sud des Etats-Unis dans les années 40 et
accompagne le difficile quotidien du jeune David (Jacob Tierney). Le
contexte est difficile à la fois dans le cadre intime avec une mère à
l'équilibre mental fragile et un père violent et abusif, tandis que la
ville est plongée par une forme de fondamentalisme religieux exacerbé.
Le seul rayon de soleil est la présence chaleureuse de sa tante Mae
(Gena Rowlands), ancienne chanteuse de cabaret au tempérament fantasque.
Terence Davies ne révolutionne pas particulièrement son approche malgré
cette source différente. Le récit n'est pas aussi kaléidoscopique que Distant Voices, Still Lives et The Long Day Closes
car suivant une vraie évolution temporelle (à travers David que l'on
voit grandir, mais aussi du contexte historique notamment le marqueur de
la Deuxième Guerre Mondiale) mais l'idée reste la même en nous faisant
sauter d'une tranche de vie à une autre, heureuse ou tragique. Terence
Davies conserve également sa veine nostalgique à travers quelques
vignettes qui fonctionnent mieux sur les purs éléments intimistes que
dans ceux culturels (même si l'on retrouve son gout du music-hall et du théâtre dans quelques séquences et bien sûr le personnage de Gena Rowlands) où son rapport personnel à l'époque et à
l'Angleterre rendaient l'émotion plus palpable et authentique sur les
précédents films.
Terence Davies ne s'approprie vraiment le film
que par ses choix formels où il sort de sa zone de confort. Le héros
David n'a jamais quitté sa vallée et Davies traduit à la fois cet
enfermement dans un cadre, une mentalité, mais aussi le désir de s'en
échapper. Le réalisateur multiplie les cadres dans le cadre signifiant
autant une prison qu'une vue sur l'ailleurs avec ses fenêtre donnant sur
des nuits étoilées, ses portes vitrées donnant sur un jardin, une
ruelle. Les nombreux fondus au noir sont tour à tour diégétiques et
extra diégétiques, traduisant eux constamment un sentiment d'étouffement
et plus particulièrement celui de fondamentalisme religieux. Davies
capture notamment très bien une forme d'obscurantisme avec le
contraste d'une référence culturelle et de l'imagerie religieuse, que ce
soit un standard musical accompagnant une scène où des livres
"scandaleux" sont brûlés ou le célèbre thème musical d'Autant en emporte le vent
introduisant les vociférations d'un prêcheur hystérique à la Elmer
Gantry.
Ce contexte américain qu'il ne parvient pas toujours à traduire
par la narration, Davies l'exprime donc subtilement dans sa mise en
scène. Cela passe aussi comme souvent avec lui par l'inspiration
picturale, les chaleureux instants partagés entre David et sa tante Mae
nous plongeant dans des atmosphères où des tableaux d'Edward Hopper
(l'affiche est une vraie note d'intention) semblent prendre vie,
notamment grâce à la belle photo de Michael Coulter. Ce sont ces
inspirations qui font tout l'intérêt de The Neon Bible, la dramaturgie du récit ne retrouvant pas l'hypnotique et poignante touche flottante de Distant Voices, Still Lives et The Long Day Closes,
et ne convaincant pas pleinement dans une narration classique (le final
très sombre bien qu'annoncé tombe comme un cheveu sur la soupe). Un
intéressante œuvre de transition où Davies se déleste de quelques
réflexes avant la grande réussite de Chez les heureux du monde.
Film assez difficile à trouver, il n'existe qu'un dvd coréen (lisible sur les lecteurs français) sans sous-titres !
Extrait
Au nom de la loi (Pietro Germi, 1949)
Il y a 4 heures