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samedi 9 mai 2020

La séductrice aux cheveux rouges - Take me to town, Douglas Sirk (1953)

Vermilion O'Toole est transportée dans un train pour être emprisonnée avec son ex partenaire, le bandit Newton Cole. Ils parviennent à s'échapper et se cachent dans la ville de Timberline. Vermilion, dont la beauté fait des ravages, se voit offrir une proposition de mariage par les fils de Will Hall, qui a récemment perdu sa femme. Pour rester à distance des US Marshals, elle accepte l'offre...

Dans ses tentatives hors mélodrame au sein de la Universal, Douglas Sirk pêchait souvent dans les exigences spectaculaires de certains genres auxquels il s'essayait comme le péplum Le Signe du païen (1954) ou le film d'aventures Capitaine Mystère (1955). On pouvait donc avoir quelques craintes devant ce Take me to town mais le western n'est qu'un cadre à une jolie comédie de mœurs. Le scénario anticipe le postulat de La Rivière sans retour (1954) avec Vermillion O'Toole (Ann Sheridan), fille de cabaret aux fréquentations douteuses amenée vers la rédemption en devenant compagne et mère de substitution d'un fermier rustre (Sterling Hayden) et ses enfants.

Le scénario troque l'haletant récit d'aventure d'Otto Preminger à la tranche de vie Americana où dans un cadre serein, Vermillion va aspirer à devenir une personne plus respectable sans pour autant perdre sa personnalité. C'est assez charmant, notamment grâce au trio de gamin gouailleur et plein d'allant dont le naturel permet nombre de situations décalées. Leur regard sans préjugés leur permet de ressentir un attachement naturel pour Vermillion tandis que toute la communauté du village s'arrêtera à son passif pour la rejeter.

C'est cousu de fil blanc (notamment la romance Ann Sheridan/Sterling Hayden, la seconde intrigue criminelle qui surgit toujours à bon escient) mais suffisamment bien mené pour passer un bon moment. Ann Sheridan porte bien le tout sur ses épaules, elle dégage vraiment celle alliance d'assurance désabusée de la femme qui a vécu (et souvent été déçue) avec la vulnérabilité de celle qui espère toujours secrètement malgré tout. Formellement Sirk déploie quelques jolis tableaux americana bucoliques grâce porté par la belle photo de Russell Metty (notamment toutes les séquences de bûcherons) même si l'émerveillement de Tout ce que le ciel permet (1954) est encore loin, et emballe bien la courte de scène de bagarre finale, comme quoi tout arrive ! Un Sirk mineur mais sympathique.

Sorti en dvd zone 2 français chez Elephant film

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