Vermilion O'Toole est transportée dans un train
pour être emprisonnée avec son ex partenaire, le bandit Newton Cole.
Ils parviennent à s'échapper et se cachent dans la ville de Timberline.
Vermilion, dont la beauté fait des ravages, se voit offrir une
proposition de mariage par les fils de Will Hall, qui a récemment perdu
sa femme. Pour rester à distance des US Marshals, elle accepte
l'offre...
Dans ses tentatives hors mélodrame au sein de la
Universal, Douglas Sirk pêchait souvent dans les exigences
spectaculaires de certains genres auxquels il s'essayait comme le péplum
Le Signe du païen (1954) ou le film d'aventures Capitaine Mystère (1955). On pouvait donc avoir quelques craintes devant ce Take me to town mais le western n'est qu'un cadre à une jolie comédie de mœurs. Le scénario anticipe le postulat de La Rivière sans retour
(1954) avec Vermillion O'Toole (Ann Sheridan), fille de cabaret aux
fréquentations douteuses amenée vers la rédemption en devenant compagne
et mère de substitution d'un fermier rustre (Sterling Hayden) et ses
enfants.
Le scénario troque l'haletant récit d'aventure d'Otto Preminger
à la tranche de vie Americana où dans un cadre serein, Vermillion va
aspirer à devenir une personne plus respectable sans pour autant perdre
sa personnalité. C'est assez charmant, notamment grâce au trio de gamin
gouailleur et plein d'allant dont le naturel permet nombre de situations
décalées. Leur regard sans préjugés leur permet de ressentir un
attachement naturel pour Vermillion tandis que toute la communauté du
village s'arrêtera à son passif pour la rejeter.
C'est cousu de
fil blanc (notamment la romance Ann Sheridan/Sterling Hayden, la seconde
intrigue criminelle qui surgit toujours à bon escient) mais
suffisamment bien mené pour passer un bon moment. Ann Sheridan porte
bien le tout sur ses épaules, elle dégage vraiment celle alliance
d'assurance désabusée de la femme qui a vécu (et souvent été déçue) avec
la vulnérabilité de celle qui espère toujours secrètement malgré tout.
Formellement Sirk déploie quelques jolis tableaux americana bucoliques
grâce porté par la belle photo de Russell Metty (notamment toutes les
séquences de bûcherons) même si l'émerveillement de Tout ce que le ciel permet (1954) est encore loin, et emballe bien la courte de scène de bagarre finale, comme quoi tout arrive ! Un Sirk mineur mais sympathique.
Sorti en dvd zone 2 français chez Elephant film
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