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jeudi 21 janvier 2021

Le Cauchemar de Freddy - A Nightmare on Elm Street 4: The Dream Master, Renny Harlin (1988)

Quelques années après la disparition de Freddy Krueger et la mort de Nancy Thompson, Kristen et ses amis Joey et Kincaid ont été libérés de l'hôpital psychiatrique de Westin Hills et ont tous repris une vie normale à Springwood dans l'Ohio, jusqu'au jour où Freddy revient à la vie et tente de tuer les trois derniers survivants du précédent film. Alice, la meilleure amie de Kristen, semble alors la seule à pouvoir le vaincre mais Freddy va se servir d'Alice pour faire de nouvelles victimes.

Après l’accueil mitigé de La Revanche de Freddy (1985), Les Griffes du cauchemar (1987) avait totalement relancé la franchise, devenant son plus gros succès au box-office. Dès lors ce quatrième film marche sur la formule désormais bien établi de son prédécesseur et il faudra attendre le retour de Wes Craven sur Freddy sort de la nuit (1994) pour retrouver un opus réellement aventureux au sein de la saga. Le film est une suite directe de Les Griffes du cauchemar dont on retrouve les héros, les anciens pensionnaires de l’institut psychiatrique ayant retrouvés une vie normale depuis leur victoire sur Freddy. Mais bien sûr l’infâme croquemitaine ne va pas tarder à refaire surface. 

Le film est réalisé par Renny Harlin qui fait là ses premiers pas à Hollywood. Le finlandais n’est pas réputé pour sa subtilité et dès lors tous les éléments sous-jacents troubles des films précédents sont absents ou traités de manière superficielle. Exit donc la sexualité malsaine, la culpabilité parentale provoquant le malheur des enfants et Freddy en émanations provocantes de tous ces maux. Là l’introduction nous expose grossièrement certaines failles des personnages dont on devine bien la future exploitation par Freddy, une phobie des insectes, un asthme récalcitrant. Harlin n’a pas la sensibilité (ce que les piteuses scènes de rêves d’Au revoir à jamais (1996) confirmeront) pour reproduire l’onirisme fascinant que tous les opus précédents avaient réussi à instaurer. 

Son style frontal sert les mises à mort désormais hyper spectaculaire de Freddy, nanti d’un budget de 13 millions de dollars le plus gros de la saga jusque-là. Malheureusement la production chaotique (le montage initial de Harlin fut remanié par le studio, une grève des scénaristes forçant Harlin et les acteurs à réécrire leurs dialogues sur le plateau) plombe un scénario schématique qui se contente d’aligner mécaniquement le jeu de massacre, ligne narrative ou thématique particulière.

C’est regrettable car le film développe plusieurs concepts particulièrement novateurs. Il y a par exemple celui de faire d’un des atouts des héros des Griffes du cauchemar une terrible faille ici. La capacité de Kristen (Tuesday Knight remplaçant Patricia Arquette) à attirer ses camarades dans ses rêves et leur permettant de s’opposer en équipe à Freddy sert désormais d’appât pour le croquemitaine lorsque son pouvoir est transmis à Alice (Lisa Wilcox). Il en résulte une terrible culpabilité (et doublonne efficacement le suspense des attaques) pour cette dernière dont la moindre somnolence emporte un de ses camarades dans des attaques ayant désormais cours même en plein jour. Une autre idée intéressante est de faire endosser à la timide Alice les aptitudes de ses camarades disparus pour combattre Freddy. C’est réussi quand on en reste à une facette psychologique (l’assurance progressive d’Alice l’autorisant à se regarder dans le miroir) et ridicule quand on lui confère des capacités martiales, on sent que le succès des Karaté Kid est passé par là. 

A défaut de faire peur ou de créer le malaise d’antan, les scènes de cauchemars sont donc des bijoux de pyrotechnie avec la crème des trucages et maquillages de l’époque. Une mort dans un waterbed revisite une scène mémorable du premier volet, l’expression « rendre son dernier souffle » prend tout son sens macabre lors d’une crise d’asthme fatale, on grimacera devant une pizza au boulette de viandes humaines et Harlin sait être virtuose en s'inspirant de ses propres cauchemars (Alice aspirée dans un écran de cinéma et observera la salle depuis le film où elle est piégée). La vitesse de défilement d’image subtilement retouchée, les mouvements de caméra en plongée agressive et l’altération imperceptible de la photo façonnent des bascules toujours déroutantes du réel au cauchemar où trône un Freddy narquois. 

Malgré un penchant trop prononcé pour le jeu de mot chargé d’humour noir (héritage du troisième film), Robert Englund est toujours aussi menaçant et impérial en croquemitaine griffu, secondé par des effets décuplant sa dimension innommable (l’âme de ses victimes se retournant contre lui pour de la body horror repoussante). Un épisode pas sans défauts mais dont la facture formelle rattrape largement l’ensemble. Le public ne s’y trompera pas, faisant à nouveau de ce film le plus gros succès de la saga dont le cinquième opus sera du coup aussi une suite directe. 

Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Metropolitan

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