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vendredi 26 novembre 2021

Les Bonnes causes - Christian-Jaque (1963)


 Un riche industriel meurt à la suite d’une piqûre intra-veineuse. Un produit toxique a été substitué à celui devant être injecté. Sa femme Catherine Dupré fait inculper la jeune et modeste infirmière qui a realisé l’injection. Elle utilise, pour ce faire, Maître Cassidi, un avocat puissant et célèbre, capable de faire acquitter et condamner qui il veut, et dont elle va devenir la maîtresse…

Les Bonnes causes est la première adaptation cinématographique d'une œuvre de Jean Laborde. Celui-ci sera un auteur important du polar français des années 60/70 puisque ses romans se verront adaptés avec succès pour Le Pacha de Georges Lautner (1968), Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre (1975) ou Mort d'un pourri de Georges Lautner à nouveau (1977). De plus il contribuera en tant que scénariste aux réussites de Peur sur la ville d'Henri Verneuil (1975) et L'Amour en question d'André Cayatte (1978). L'écriture est une vocation parallèle à celle initiale de Jean Laborde qui est celle de journaliste judiciaire, élément qui se ressent dans plusieurs de ses adaptations et notamment dans Les Bonnes Causes. Le film est en effet dépourvu du moindre mystère quant à son crime ou d'un quelconque suspense durant son enquête et sa résolution. Dès l'ouverture, les indices de la duplicité de l'épouse (Marina Vlady) sont explicites et le piège se referme immédiatement sur la malheureuse infirmière Gina (Virna Lisi). L'intérêt du récit, c'est la confrontation idéologique sur la notion de justice entre Godet (Bourvil) le juge vertueux et Cassidi (Pierre Brasseur) l'avocat cynique.

Les deux protagonistes s'opposent dans leur morale la caractérisation qu'en fait Christian-Jaque. Godet est austère, observateur et taiseux (Bourvil anticipant sa prestation de Le Cercle rouge de Jean-Pierre Melville (1970)) quand Cassidi est truculent, cynique et charismatique. La conviction profonde de Godet lui dit que Gina est innocente, mais il ne se détournera jamais des dogmes judiciaires pour démontrer son intuition. Cassidi finit par rapidement deviner la culpabilité de sa cliente et amante, et usera de toutes les fourberies et manipulations pour remporter le procès. Le film offre du coup un constat assez pessimiste sur la justice où l'apparat et le spectaculaire domine les faits, la vilénie portant les atours flamboyants du couple Vlady/Brasseur quand la vertu semble trop terne et vulnérable pour répondre à travers le duo Bourvil/Lisi. 

C'est spectaculairement explicite lors d'une scène de reconstitution où Cassidi retourne par son seul verbe la détermination d'un témoin. Très clairement le film est au service de son numéro d'acteurs et Pierre Brasseur se délecte véritablement de son personnage verbeux, précieux et gouailleur mais c'est malgré tout la retenue de Bourvil qui emporte l'adhésion. L'humanité et la bienveillance de Godet transparait même quand il doit se plier aux actions allant contre son intuition et la dernière scène où il sort de sa fonction de juge pour une magnifique diatribe sur la justice est le sommet du film.

Le seul souci est l'approche façon "cinéma de papa" de Christian-Jaque qui livre un ensemble très verbeux et statique, où la mise en scène n'élève et ne magnifie pas vraiment le propos comme pu le faire par exemple sur ce registre un Julien Duvivier sur L'Affaire Maurizius (1954). Intéressant donc mais un peu compassé, dommage.

Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Coin de Mire

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