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mardi 28 décembre 2021

Les Sorcières - The Witches, Cyril Frankel (1966)

Gwen Mayfield enseigne en Afrique dans une école de missionnaires. Après avoir été envoûtée par un sorcier, elle fait une dépression nerveuse. Afin de surmonter son traumatisme, elle accepte un poste d’enseignante dans un petit village de la campagne anglaise. Mais les apparences sont trompeuses : une série d’événements lui font redouter que certaines personnes des environs ne pratiquent la magie noire….

Les Sorcières est une production Hammer jonglant habilement entre thriller psychologique et fantastique nimbé de sorcellerie. Si deux ans plus tard avec Les Vierges de Satan le studio abordera ce thème de la sorcellerie de façon bien plus spectaculaire et extravagante, Les Sorcières repose bien plus sur la psyché de son héroïne Gwen Mayfield (Joan Fontaine dans son dernier rôle au cinéma). Traumatisée par l'expérience de superstitions et rituels occultes lorsqu'elle était missionnaire en Afrique, elle décide de reprendre l'enseignement dans un paisible village anglais. Sous la douceur pastorale, les lieux semblent pourtant dissimuler de sombres secrets. Elle va le constater en découvrant que l'ensemble du village semble inexplicablement voir d'un mauvais œil l'amourette entre deux de ses élèves adolescents, Linda (Ingrid Boulting) et Ronnie (Martin Stephens). Peu à peu des évènements étranges frappent Ronnie, signifiant la volonté de la communauté de le voir quitter le village et par conséquent l'intimité de Linda.

Cyril Frankel installe peu à peu une ambiance trouble qui se ressent notamment par la consanguinité latente que l'on devine à travers la ressemblance et l'altération physique de certains habitants. S'ils partagent certains gènes, c'est probablement le cas aussi de certaines superstitions et rites comme on le comprendra à travers quelques symboles dérangeants comme des poupées vaudou. Dès lors l'ambiguïté s'installe, hanté par son expérience passée Gwen imagine-t-elle tout cela ou alors le village est-il le théâtre de pratiques douteuses ? Parallèlement à ce questionnement, le récit développe une forme d'opposition entre une jeunesse libre et moderne s'opposant à la tradition d'une Angleterre sclérosée qui ne trouvera comme solution que de la dévorer. 

Le choix du casting juvénile n'est d'ailleurs pas anodin dans ce qu'il représente notamment Ingrid Boulting (belle-fille du réalisateur Roy Boulting), jeune icône de la mode connue à l'époque en Angleterre pour être l'égérie de la marque Biba Cosmetics dont les affiches emblématiques s'exposent dans tout le pays. Face à cela les habitants du village sont dominés par la châtelaine jouée par Kay Walsh ce qui ajoute une dimension de classe qui semble vouloir prolonger une vassalité ancestrale. Après un petit ventre mou dans l'intrigue lorsque Gwen à bout de nerfs un momentanément internée en maison de repos, la conclusion brille dans l'entre-deux habilement maintenu.

Les pratiques troubles de la communauté se confirment, mais Frankel les filme avec une forme de kitsch et ridicule qui désamorce la véracité du possible argument fantastique. Dès lors on peut autant y voir une sorte d'emprise mentale et sociale d'une communauté que d'éventuels phénomènes surnaturels. Le malaise naît des réactions outrancières et de l'atmosphère païenne avérée, notamment dans les spasmes lascifs de Ingrid Boulting. Un bon cru Hammer donc qui décevra sans doute dans la retenue de son argument initial mais qui en explore intelligemment d'autres facettes.  

Sorti en dvd zone 2 français chez Metropolitan

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