Le duc de Richleau,
expert en démonologie, soupçonne son ami Simon et sa nièce Tanith d'être tombés
sous la coupe d’une secte de satanistes. Il réussit alors à arracher le jeune
homme des griffes de ce groupe satanique mais pas Tanith qui reste sous l'emprise
du chef. Pour la sauver, le duc va devoir recourir à la magie blanche et se
battre dans un combat à mort contre le mal.
Après avoir convoquée la peur à travers la menace
extraterrestre (la trilogie des Quatermass), les vampires (la saga à succès des
Dracula interprété par Christopher Lee) et autres loup-garou, la Hammer
renouvelait brillamment son imagerie de la terreur avec The Devil rides out. En cette année 1968, la peur a pris le visage
du diable et convoque la magie noire avec l’immense succès du Rosemary’s Baby de Roman Polanski. The Devil Rides out suit donc cette voie
mais au drame feutré et ambigu de Polanski il troque une imagerie bien plus
extravagante. Le film adapte un roman de Dennis Wheatley (déjà adapté au par la
Hammer avec Le peuple des abîmes) sur
un scénario du grand Richard Matheson.
L’affrontement entre le bien et le mal verra le duc de
Richleau (Christopher Lee pour une fois dans le camp des gentils sans pour
autant se départir de sa présence ténébreuse) tenter de sauver son ami Simon
(Patrick Mower) tombé sous l’emprise d’une secte sataniste. Le scénario est
remarquable dans son crescendo pour nous faire découvrir l’ampleur du pouvoir
néfaste de la secte et de son gourou, magistralement interprété par Charles
Gray. Pour ce faire, on aura un personnage novice par le regard duquel explore
ce monde des ténèbres avec Rex (Leon Green).
Les indices de l’assujettissement de
Simon se font donc progressifs, une réunion de personnalités étranges chez lui faisant
suite à son isolement de ses amis, un cercle aux symboles mystérieux dans une
pièce de sa maison et un coq qu’on suppose destiné à un quelconque rituel
sacrificiel. La conviction de Christopher Lee en expert bienveillant des forces
occultes rend l’ensemble inquiétant et crédible, le côté explicatif (sans être
redondant) des règles de ce monde se faisant par l’intermédiaire de l’incrédule
mais rapidement convaincu Rex.
L’imagerie et la manifestation des pouvoirs de Mocata
(Charles Gray) va croissante, tout d’abord sobre avec la perte de volonté
propre des victimes du gourou et réduites à des automates. Si Terence Fisher
instaure une vraie atmosphère inquiétante, le film souffre de petites longueurs
dans cette première partie d’initiation. Le tout décolle réellement avec la
scène de rituel en forêt, pur moment de folie païenne qui préfigure The Wicker Man (1973). L’extravagance et
la luxure suintent de cette séquence pourtant sobre dans ses débordements par la
seule force de la mise en scène de Terence Fisher (et des éclairages baroques de Arthur Grant) qui évite le kitsch avec brio
tout en osant le paganisme le plus outrancier dans son approche onirique lorsqu’apparait
le démon.
Ce n’est pourtant qu’une mise en bouche comparée à l’affrontement où
les spectres surgissent pour oppresser nos héros formant un cercle magique de
protection. Terence Fisher alterne le too much assumé et terrifiant dans l’illusion
maléfique (cette tarentule gigantesque) et la frayeur plus indicible et
évocatrice lorsque surgit de nulle part ce cavalier de l’apocalypse dans une terrifiante contre-plongée.
A l'opposé le final lumineux convoque la bienveillance
de l’imagerie chrétienne pour mettre à mal le démon, le charme destructeur
étant prononcé avec la plus grande douceur en contrepoint de la frénésie
ambiante. Charles Gray (qui semble avoir convaincu les producteurs de James
Bond d’être le futur Blofeld des Diamants
sont éternels grâce à son interprétation) compose un méchant fabuleux, voix
suave chargée de menace, regard bleu glacial et présence inquiétante, il est
grandiose.
Il fallait bien cela pour offrir un répondant à Christopher Lee, les
deux vampirisant le film par leur affrontement tandis que le reste du casting
est assez fade. Un must donc avec un renouveau bienvenu du studio.
Sorti en dvd zone 2 français chez Seven 7
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